La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°199/200, septembre 2002
LA 200ème ou 25 ANS DE NUCLEAIRE
 EDITORIAL / SOMMAIRE


  La 200 centième, eh oui j’avais donné à la 100ème un aspect particulier (Gazette “sans” nucléaire) mais là je n’ose même plus parce que deux “sans” puis trois “sans”.( “sans” = janvier 1990, deux “sans” = septembre 2002 donc trois “sans” = janvier 2014 (!!!!) soit 37 ans de Gazette ....)
     Manifestement, pour simplement faire prendre le virage d’un programme énergétique cohérent, il y a encore du pain sur la planche et de l’eau coulera sous les ponts.
     Enfin, pour le moment on parle encore renouvelable. 
     Il est temps pour tous ceux qui oeuvre pour une meilleure utilisation des ressources, pour le recours massif au solaire, à la biomasse, à la géothermie, au vent...... Je sais qu’on nous rétorquera que cela ne remplacera jamais le nucléaire mais ceux là même qui martèlent cette pensée, sont obligés de garder du nucléaire (environ 20 réacteurs). Alors, il n’y a pas les bons et les mauvais, essayons de travailler ensemble. Nul n’a seul la solution. En effet, comme depuis 1974 il y a un combat contre trop de nucléaire (comme il y a un combat contre l’arme nucléaire depuis les années 1950), reconnaissons qu’il faut mieux se souder pour obtenir au moins quelque chose.
     Je vous ai rassemblé un certain nombre de livres pour votre retour de vacances. Je vous en cite un autre qui vous donnera de précieux renseignements : L’énergie nucléaire civile dans le cadre temporel des changements climatiques (Rapport à l’Académie des sciences (Robert Dautray - décembre 2001).
     Je vous le recommande pour les renseignements parce que je ne suis pas en accord avec une grande partie des conclusions.
     En particulier si je suis d’accord sur la nécessité de traiter le problème des déchets, je persiste à penser qu’il faut le faire en même temps que l’élaboration d’un programme énergétique cohérent et diversifié.
     Je trouve très cynique d’écrire 
     “Le seul choix qu’ont la population et les travailleurs concernés, compte tenu des particularités françaises géologiques, géographiques, agricoles, démographiques est:
     soit enfouir profondément tous les déchets B, les verres C et les résidus de traitement des MOX (...)
     soit garder, bien entreposés, ces dizaines de milliards de curies (près de 1 million de fois ce qui a été dispersé à Hiroshima) (...)"
suite:
     Et pourquoi Hiroshima, Tchernobyl en a dispersé 1000 fois plus. A cette échelle les déchets représentent 1000 Tchernobyl ...s’ils se dispersaient !
     Cependant son autre affirmation est:
     “En définitive, il n’y a qu’une solution à l’aval du cycle, c’est d’enfouir profondément tous les déchets radioactifs (y compris ceux issus du traitement adéquat du plutonium et de ses descendants). Ne pas le faire dès que cela deviendrait possible, conduirait à augmenter un risque potentiel infiniment plus grave que tous ceux qui sont advenus en France , dans le domaine de la santé publique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale
     Il ajoute que l’on doit se focaliser sur l’enfouissement et ne pas se disperser sur d’autres voies. En particulier sur la transmutation il explicite le problème des isotopes : “Certains corps à vie longue, très gênants par leur grande volatilité et leur mobilité, comme le Cs 135 (2,3 millions d’année, proportion dans les PF : 6,03%), viennent dans la séparation chimique avec tous leurs isotopes dont l’un à demi-vie courte le Cs 137 (30 anset une proportion dans les PF de 5,1%) (...), sans compter le Cs 133, stable mais aussi présent dans les PF séparés chimiquement et le plus abondant (6,5%). Il est donc impossible avec les connaissances et les outils d’aujourd’hui d’éliminer le seul Cs 135.”
     Ce rapport apporte donc un point intéressant sur le problème des déchets mais part sur le principe du nucléaire sans trop examiner sa place dans la stratégie énergétique ou plus exactement en supposant son apport indispensable et central. De plus il laisse la radioprotection de côté pour non compétence. Il a raison mais de là à laisser le champ libre aux seuls défenseurs du nucléaire, il serait préférable de donner plusieurs points de vue.
     Cependant je pense que ce rapport vous intéressera et vous donnera une bonne biblio et de nombreuses informations.
     Je vous livre donc un gros dossier sur Youri Bandazhevski (n’oubliez pas de lui écrire).
     Et quelques nouvelles de dernières minutes.
N’oubliez pas vos réabonnements et bonne lecture.
 p.1

Un grand cru... de césium 137
    Finie la fraude concernant l’âge réel des vins. Des chercheurs du Centre d’Etudes Nucléaires de Bordeaux-Gradignan ont trouvé un moyen infaillible de les dater: leur empreinte radioactive. Bientôt, il ne sera même plus la peine d’ouvrir la bouteille...
    À l’origine, les chercheurs du Centre d’Études Nucléaires de Bordeaux-Gradignan cherchaient à déterminer la masse des neutrinos (particules élémentaires)... Ils ont alors développé un spectromètre gamma ultra sensible. Faute de neutrinos, ils se sont reconvertis dans le vin, en mesurant l’empreinte radioactive des millésimes. Cette technique est utilisée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes depuis maintenant deux ans. Elle a déjà permis de détecter de faux Margaux et Lafite, étiquetés 1900 alors qu’ils étaient postérieurs à 1950.
    Merci les essais nucléaires...
    D’où vient la radioactivité du vin ? Des essais nucléaires russes et américains menés dans l’atmosphère depuis les années 50 ! "Des particules de césium 137 sont retombées en quantité variable selon les années. Ces particules se retrouvent partout et notamment dans le vin, à des taux cependant extrêmement faibles, heureusement pour le consommateur" explique Pierre Aguer, directeur du CENBG. Grâce à la différences des retombées en césium 137 d’une année sur l’autre, les chercheurs peuvent dater n’importe quelle bouteille. Pour l’instant, le tire-bouchon est encore d’usage, car il faut au préalable réduire le vin en poudre... Le laboratoire cherche actuellement 200.000 € pour développer un appareil plus performant qui devrait, cette fois, éviter d’ouvrir la bouteille. 
    Lien(s) de l'article:
    Le site du Centre d’Études Nucléaires de Bordeaux http://wwwcenbg.in2p3.fr
    L’article de Info Sciences Aquitaine: http://www.cap-sciences.net/
ISA/InfoSciencesAquitaine/ASAzoom4.html

Le Monde vient de publier (19 juin 2002)
dans sa rubrique "Il y a 50 ans"

LE PLAN QUINQUENNAL ATOMIQUE

     Le conseil des ministres a adopté ce matin le projet de loi sur le plan quinquennal de développement de l'énergie atomique qui avait été présenté par Monsieur Félix Gaillard, secrétaire d’État à la présidence du conseil. Ce plan prévoit, étalée entre 1952 et 1957, une dépense globale s'élevant à 37,7 milliards de francs. L'exposé des motifs rappelle les résultats obtenus depuis la Libération et annonce de prochaines et importantes réalisations : mise en marche à Saclay d'une pile P2, d'une puissance de 1500 kilowatts environ, qui permettra notamment de satisfaire nos besoins les plus urgents en radio-isotopes dans la biologie, la médecine et les utilisations industrielles; d'une accélérateurs de particules électrostatique de 5 millions d'électronvolts, et d'un cyclotron de 25 millions d'électronvolts. La partie essentielle du texte intéresse la seconde étape, qui doit engager la France dans la voie des réalisations industrielles. Les principaux stades en seront les suivants : formation du personnel scientifique spécialisé, chercheurs, ingénieurs, techniciens; fabrication des appareils indispensables; et surtout production d'énergie dans des réacteurs secondaires à partir de produits radioactifs artificiels, et notamment le plutonium.

suite:
Et en 2002

     Quotidien en ligne de L'Expansion, vendredi 21 juin 2002

La France candidate pour le réacteur
thermonucléaire expérimental international

     Cadarache dans les Bouches du Rhône, Clarington au Canada, Vandellos en Espagne et Rokkasho au Japon. Quatre sites sont en concurrence pour abriter le réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER). Un projet mondial de 4,67 milliards d’euros, co-financé par l’Europe, le Japon, la Russie et, si le congrès suit le président Bush, les États Unis. ITER doit valider scientifiquement et techniquement la seconde voie du nucléaire, la fusion au lieu de la fission. Alors que les centrales classiques produisent de l’électricité en cassant les atomes, ITER les fusionnera, reproduisant en espace confiné une réaction observée sur le soleil. Les rares expériences menées jusqu’à présent à Cadarache avec Tore Supra et en Angleterre avec le JET, ont permis de produire de l’électricité pendant quelques secondes. ITER veut franchir le cap des 500 secondes. La fusion thermonucléaire est présentée comme l’une des probables sources d’énergie de demain, inépuisable, dont les déchets ne restent actifs que pendant quelques dizaines d’années, sans dispersion de gaz à effet de serre.

     L’ensemble de la région Paca tirerait profit d’une localisation d’ITER à Cadarache. Cet outil unique au monde attirera pendant ses deux décennies de fonctionnement 3.000 chercheurs et générera 3.000 emplois indirects. Le chantier de construction mobilisera durant cinq ans près de 10.000 personnes. Les retombées pour la région hôte frôlent les deux milliards d’euros selon le Haut Commissariat à l’Énergie Atomique. Même si Cadarache semble mieux placée que ses concurrentes, la décision sera avant tout politique. Elle devrait intervenir en 2002 ou 2003 au cours d’un G8. Pour faire pencher un peu plus la balance, le conseil général des Bouches du Rhône s’est engagé jeudi à contribuer au projet à hauteur de 106 millions d’euros. Un échec de Cadarache signifierait sans doute la fermeture du site avant 2025. Plus de 4.000 personnes y travaillent.
Gérard Tur

Alice Stewart, (1906-2002)
    La grande épidémiologiste anglaise s’est éteinte à l’âge de 96 ans. Elle avait fait un travail remarquable sur les faibles doses, en particulier sur les travailleurs de Hanford (Gazette 84/85, en cours de numérisation). Elle avait montré le lien entre les expositions aux Rayons X des femmes enceintes et la leucémie de leurs enfants.
    Bella prépare un dossier complet sur ses écrits.
    Le GSIEN salue ses travaux et sa longue lutte contre les différents lobbies. Au revoir et merci d’avoir oeuvré avec tant de constance et d’honnêteté. 

J.C. Zerbib apporte des précisions sur ses apports: 

     Ses premières alertes sur la mise en évidence des effets des expositions X sur les foetus datent de 1956. Les données les plus récentes (2000) confirment, 44 ans après, ses premiers écrits (le risque d'induction de cancerest trouvé significatif au delà de 10 mSv). 
p.2

Sommaire
EDITO
- Pour contribuer à sauver Youri Bandazhevski (recours onusien)
- Nouvelle de Suisse (Un Tchernobyl en Suisse?); Journée d'information sur le carbone 14; ENRON
- Des énergies du désespoir aux énergies du futur («Les énergies renouvelables comme instrument de Paix»)
- Les risques à Sellafield et La Hague: rapport Wise, communiqué STOA, analyse critique par expert français (J-C. Zerbib), communiqué des Verts européens
- Conséquences Tchernobyl (IRSN)
- Le laboratoire suisse Mont Terri; Le Nevada; Bure
- Plainte ADEPAL contre l'entreposage de l'uranium appauvri; réponse de la Commission Européenne
- FNE- Infoénergie No24
- En directe des associations; Agenda; Livres: souscriptions et commentaires (un polar (les liquidateurs), un pamphlet (Tchernoblues), une proposition (Sortir du nucléaire tout de suite : c’est possible), une analyse sur les énergies renouvelables)

Année 2002
G@zette précédente          G@zette suivante
REnews 2002: Base de données environnementale internationale