La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°197/198, mai 2002
OÙ EN EST LE NUCLÉAIRE ?
 EDITORIAL / SOMMAIRE


     Salut à vous tous. 
     N'oubliez pas d'écrire à Youri Bandazhevsky, cela l'aidera de toute façon. 
     Soutenez-le car les dernières nouvelles sur sa santé ne sont pas très bonnes. 
     Le colloque organisé par la CRII-RAD à l'assemblée nationale a tenté de faire avancer la problématique des faibles doses et a permis de reparler de la Biélorussie. 
     Le GSIEN a travaillé sur le dossier d'enquête de CEDRA (entreposage de déchets B à Cadarache). Ces déchets sont requalifiés par le CEA en moyennement irradiants et faiblement irradiants. Mais ce qui ne change pas c'est qu'ils sont contaminés par des émetteurs à vie longue (surtout du plutonium et sa chaîne). 
     Ce dossier permet de s'apercevoir que le CEA fait sa politique et ne revient jamais dessus. Il ne s'occupe pas des autres instances ni d'ailleurs de la loi de 91. 
     Elle lui sert à dire qu'il faut faire quelque chose et qu'il suit la loi mais ceci n'est pas la réalité. 
     Les dossiers d'enquête publique sont vraiment des modèles de non information. Le dossier se réfère à des notes techniques non jointes. Il explicite des notes de calcul avec de très belles équations mais comment pourrait-on refaire les calculs sans les programmes et les banques de données ? 
     Cependant, en relisant plusieurs fois on y découvre des perles. La partie chimique est mal traitée (maltraitée). Dans le nucléaire il n'y a que la part radioactive qui est plus ou moins explicitée, pas du tout les formes chimiques. 
     Quant au suivi de l'environnement, le nombre de prélèvements ne permettra jamais de pouvoir le faire. 
     Enfin il manque toutes les analyses faites par les différents services. Ce serait tout de même intéressant d'avoir les avis exprimés par tous ceux qui ont soit à contrôler soit à intervenir. 
     Nous n'avons pas examiné les rejets, par contre l'étude de dangers laisse perplexe : la défense en profondeur est une approche intéressante. Mais quand les fameuses barrières sont tombées, que reste-t-il ? 
     Quant à ne pas vouloir garder comme séisme celui de Lambesc sous prétexte qu'il a été ressenti sur le site à un niveau moins élevé, c'est une absurdité. 
     Cadarache est de toute façon le site d'entreposage actuel des déchets CEA, alors il faudra bien gérer. Est-ce avec CEDRA ? 
     On risque de réaliser un entreposage irréversible qui sera légué à nos descendants. En effet il est prévu pour vivre 50 ans. Alors même pour les 25 ans de maintenant, ils seront bien vieux lors de cette fermeture. Le retour d’expérience de nos premiers entreposage (le Bouchet, Saint Aubin, le site Manche, le site Cogéma) incite à la plus grande prudence.
     J'ai repris le dossier ruthénium. En effet il est important à plus d'un titre. D’une part le GRNC a recalculé le terme source des premières années de la Hague, à partir des mesures actuelles. D’autre part ces estimations servent pour le strontium, pour caler des modèles. 
suite:
     Or ce qui ressort des mesures actuelles en cas d’incident et de l’estimation de contamination faite par le calcul, c’est que cela ne marche pas. 
     Ce n’est pas vraiment un scoop puisque l’on sait que les modèles sont faux pour estiomer le champ proche. Mais des corrections avaient été proposées et cela non plus ne marche pas. 
     Comme nous l’avions souligné, les études du GRNC ont au moins le mérite d’exister et de montrer que les suivis des installations tant au plan chimique que radioactif sont insuffisants. Pire ce ne sont que des suivis en trompe l’oeil. 
     Pour le radioactif on a des séries de mesures mais qui ne permettent pas de comprendre les mécanismes ni d’estimer vraiment les contaminations. Pour la chimie, c’est encore plus faible, il n’y a que quelques mesures erratiques et un manque cruel de données. 
     C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous pensons que les efforts réalisés pour calculer des incertitudes s’avèrent finalement vains. En effet la méconnaissance des phénomènes est telle que l’on teste non pas les incertitudes de l’effet sur la santé mais celles du modèle. Il n’est donc pas étonnant de trouver de faibles variations. 
     Ceci dit c’est toujours intéressant de connaître ses limites. Mieux si cela peut contribuer à la mise en place de programmes de suivi d’environnement et de santé, ce sera bénéfique pour tous. 
     Bella a préparé un dossier sur Y. Bandazhevsky. C’est une approche très importante sur les faibles doses et surtout sur la chronicité de leurs effets quand on vit sur des territoires contaminés. 
     L’IRSN développe un programme ENVIRHOM qui doit contribuer à la compréhension de cette ingestion faible mais permanente de produits radioactifs. Il faudra aussi ajouter le volet chimique. En effet en chimie, on traite les effets flash, très rarement les effets chroniques. Quand on essaie de le faire, on dérive les valeurs des effets flash ( comme le nucléaire...) 
     Je vous ai ,transcris un article du Figaro qui résume parfaitement la stuation actuelle autour de la Hague. 
     WISE a remis un dossier. Ils ont posé des questions mais on trouvé le rapport tout à fait recevable. 
     Quant au fameux quatrième rapport, rien n’est clair. 
     Nous aurons à la CSPI une séance sur le sujet avec les divers protagonistes. En conséquence, affaire à suivre... 
     Un autre entrefilet sur les déchets aux USA montre que partout il y a des problèmes sérieux. 
     Ce n’est pas si simple en France et l’existence de Bure ne signifie, en rien que nous avons des solutions. 
     La loi de 91 n’a jamais réglé les déchets venant des mines, ni ceux issus de toutes les activités. De plus comme il n’a pas été pris en compte leur forme physico-chimique, on est loin du compte pour donner un avis sur leur tenue dans le temps. 
     Bonne lecture et à bientôt.
     Merci de vos réabonnements.
 p.1

LE FIGARO - 13/03/02
L'affaire du rapport manipulé de la Hague
Fabrice Nodé-Langlois

     Alors que le ministère de la Défense a retiré la semaine dernière les missiles sol-air Crotale autour de la Hague, la polémique portant sur les conséquences d'une attaque terroriste sur l'usine de retraitement de la Cogema vient de se déplacer sur le terrain judiciaire. L'association Wise-Paris, un cabinet d'expertise privé, antinucléaire, a déposé plainte contre X, le 19 février dernier, auprès du tribunal de grande instance de Paris, pour «faux» et «usage de faux». L'association dénonce la diffusion d'un faux rapport, à l'automne dernier, dans le seul but de discréditer une étude qu'elle a réalisée sur l'usine de la Hague.

     Cinq jours après les attentats du World Trade Center, Le Monde publiait un article intitulé: «Un avion sur la Hague créerait un Tchernobyl» (1). Le quotidien citait une étude de Wise-Paris réalisée pour le compte de la direction générale de la recherche du Parlement européen, dans le cadre d'un programme d'évaluation des questions scientifique appelé Stoa, selon l'acronyme anglais. Selon Wise, 17600 tonnes de combustible nucléaire usé sont stockées à la Hague. Les piscines de l'usine contiennent 287 fois plus de césium 137 qu'il n'en a été relâché dans le fameux nuage de Tchernobyl. En cas d'accident à la Hague, calculait Wise en annexe de son rapport, la dose radioactive collective serait cinquante fois celle reçue à la suite de la catastrophe ukrainienne de 1986. Des estimations aussi inquiétantes n'ont pas manqué de rapidement déclencher une polémique, en France, et particulièrement dans le département de la Manche.
     C'est à Cherbourg justement que, le 10 novembre, paraît un article dans La Presse de la Manche: «Crash sur la Cogema : le rapport Wise démonté». Le quotidien départemental cite un rapport intitulé «Groupe de conseils scientifiques, rapport d'évaluation du rapport d'étude définitif sur les éventuels effets toxiques des usines de retraitement nucléaire de Sellafield et de la Hague». Ledit rapport estime que le calcul de Wise sur la quantité de césium qui pourrait être relâchée à la Hague est «hautement controversé et dépourvu de crédibilité». Le document de Wise, marqué par des «insuffisances méthodologiques, (...) n'offre aucun fondement solide pour quelque position politique que ce soit». En somme, un contre-rapport officiel règle sévèrement son compte à l'étude d'une association sur une question controversée. Sauf que ce «groupe de conseils scientifiques» est inconnu au Parlement européen. Le 5 décembre 2001, Paul Engstfeld, fonctionnaire au Parlement européen, chargé du Stoa Panel, écrit à Wise qu'il «lui semble que le rapport cité dans La Presse de la Manche est un faux». D'où vient-il ? Il a été diffusé par la mairie de Cherbourg. A-t-il été forgé de toutes pièces ? Non.
     C'est en novembre 2000 que le «panel Stoa» du Parlement européen a confié à Wise une étude qui ne portait d'ailleurs pas sur l'usine de la Hague face au risque accidentel ou terroriste, mais plus largement sur les effets toxiques possibles de l'usine de la Cogema et son équivalente britannique de Sellafield. L'identité même de Wise, sans parler du contenu du rapport, étant suspecte aux yeux de certains élus du Parlement, le «panel Stoa» décide, en juin 2001, de demander à trois experts indépendants d'évaluer le document de 150 pages produit par l'association.
     L'un de ces trois «relecteurs», Ian Coudrace, du Southampton Oceanography Centre, juge le rapport de Wise «alarmiste». Un autre, Peter Mitchell, de l'université nationale de Dublin, s'interroge sur les calculs de Wise. En plus des trois experts, une «évaluation administrative», habituelle selon les usages complexes de ce groupe du Parlement européen appelé Stoa, a été rédigée. Son auteur est un Français, fonctionnaire à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, le docteur Philippe Gaillochet. Il a rédigé son évaluation en anglais.
suite:
     Or, il s'avère que le contre-rapport publié par La Presse de la Manche ressemble à s'y méprendre au travail du docteur Gaillochet. «On m'a dit qu'il existait un papier en français qui ne correspondait pas tout à fait à ce que j'avais écrit», raconte Philippe Gaillochet au Figaro. Son évaluation n'était, selon le règlement du Stoa ou selon l'usage des révisions des publications scientifiques, pas destinée à être publiée. Le 23 octobre, en pleine polémique, le Stoa a souhaité publier le rapport Wise ainsi que les trois révisions scientifiques et celle du docteur Gaillochet. Devant cette décision, celui-ci a démissionné de ses fonctions d'assesseur au Stoa.
     Qui a traduit, maquillé et diffusé le travail du docteur Gaillochet ? Bernard Cazeneuve, le député-maire de Cherbourg, qui s'en est déjà expliqué dans La Manche libre (2), interrogé par Le Figaro, affirme n'avoir «jamais vu ce document». Il ne nie pas en revanche que la mairie, qui reçoit «des tonnes de documents sur le nucléaire», ait pu le diffuser. Le maire préside la Commission spéciale permanente d'information de la Hague et, à ce titre, diffuse de nombreux documents sur le nucléaire. «C'est de l'agitation antinucléaire», résume-t-il, habitué aux joutes avec Wise, Greenpeace et les associations locales. La preuve ? Le rapport Wise n'était pas destiné à être publié, en septembre, avant son adoption par le panel du Parlement européen. L'association estime néanmoins qu'il y a eu «faux» et «usage de faux», un pas de plus franchi dans la guerre de communication qui sévit depuis des décennies autour de la Hague, un pas grave selon elle. Pour l'heure, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris.
(1) Le Monde du 16 septembre 2001.
(2) La Manche libre du 2 décembre 2001.
Déchets nucléaires: veto du Nevada à une décision de Bush

WASHINGTON, 8 avr (AFP) - Le gouverneur républicain du Nevada (ouest), Kenny Guinn, a annoncé lundi avoir mis son veto à un projet défendu par le président George W. Bush d'entreposer dans cet Etat la totalité des déchets nucléaires américains.

     "Laissez-moi être très clair: le projet de Yucca Mountain n'est pas inévitable", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Las Vegas (Nevada), avant de partir pour Washington où il entend faire campagne cette semaine contre le projet de stocker ces déchets sous des montagnes arides du désert de Mohave, à Yucca Mountain.
     "Yucca Mountain n'est pas un lieu sûr et n'est pas fait" pour le stockage de ces déchets, a-t-il indiqué selon un communiqué.
     M. Guinn a formellement signé vendredi le texte du veto qui devait être transmis lundi au Congrès américain. Sa décision était attendue et il reviendra au Congrès américain de décider en dernier ressort de la création ou non de ce dépôt central dans le Nevada.
     Le président Bush avait annoncé en février dernier sa décision de soutenir ce projet, qui est défendu par l'industrie nucléaire et le département de l'Energie.
     Il s'agit de stocker sur ce site de Yucca Mountain la totalité des déchets nucléaires américains, qui représentent environ 77.000 tonnes. Les déchets seraient enfouis dans des galeries creusées à 400 mètres sous terre.
     Toutefois, les autorités locales, ainsi qu'une majorité des habitants du Nevada, s'y opposent en craignant de devenir le dépôtoir nucléaire des Etats-Unis. Yucca Mountain est situé à environ 140 km de la capitale du jeu, Las Vegas.
     Actuellement, les déchets nucléaires sont entreposés dans 131 sites dans 39 Etats.
     Yucca Mountain, qui fait partie du domaine fédéral, avait été sélectionné par le Congrès en 1987 pour des études géologiques préalables.
p.2

Comme annoncé en janvier 2000, à  partir du 1er janvier 2002, l'abonnement est de :
France   -> 23 ; Etranger -> 28 ; 1 numéro -> 5

Sommaire

EDITO
- A propos du nucléaire: lettre de Jean Pignero; création IRSN: lettre au 1er Ministre; L'écologiste: "Défaire le développement, refaire le monde"; -Désarmement nucléaire rime avec arrêt du nucléaire
-Enquête publique CEDRA: Cadarache, conclusions
- Yuri BANDAZHEVSKY: preuves et liberté...
-Ruthénium et rhodium à la Hague (dossier ACROnique)
-Stabiliser le climat : mission impossible
-CGT, premier avertissement maîtrise maintenance; management du site de Chinon; Didier Anger: CGT-COGEMA devant la justice
-Appel CFDT-CGT-CFTC-FO en faveur du retraitement; le devenir des combustibles usés: retraitement et plutonium (réponses du CEA et du Forum Plutonium)
-Associations: MELOX : communiqué Stop Melox et position CGT; DU NOUVEAU A ISOTOPCHIM : expédition à Ganagobie (Apriirad); ADELFA: communiqué et réponse EDF
-La fin de Brennilis; commentaires

Année 2002
G@zette précédente          G@zette suivante
REnews 2002: Base de données environnementale internationale