1. Contexte et objet
du document
Comme toutes les installations industrielles, les installations nucléaires, à l'issue de leur période d'exploitation, font l'objet d'opérations de démantèlement, préalablement à une éventuelle libération du site sur lequel elles sont implantées, ou à une réutilisation de celui-ci pour une autre activité. Dans le cadre institué par la loi relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire[1], la loi de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs[2] et les textes en découlant, le présent document a pour objectif de préciser la politique et les attentes de l'ASN concernant plus particulièrement: - les différentes stratégies de démantèlement pouvant être mises en oeuvre par les exploitants; - les conditions dans lesquelles doit se dérouler la fin de la période d'exploitation et le démantèlement; - l'état final des installations nucléaires à l'issue de leur démantèlement et leur déclassement; - l'information du public. 2. Le démantèlement et les
stratégies de démantèlement
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2.3.1. Facteurs politiques et socio-économiques La réglementation française relative aux installations nucléaires intègre des dispositions relatives au démantèlement depuis 1990 (décret n°90-78 du 19 janvier 1990 modifiant le décret 63-1228 du 11 décembre 1968). En 2006 et 2007, la loi[1] et le décret[3] ont permis d'expliciter les procédures réglementaires associées au démantèlement et au déclassement des installations nucléaires de base. L'ensemble des parties prenantes (exploitants, administration, public, associations...) dispose donc d'un cadre réglementaire clair et transparent, dans lequel peuvent être autorisées puis se dérouler les opérations de démantèlement des installations nucléaires. La planification et la mise en oeuvre des programmes de démantèlement, qui présentent la caractéristique majeure de s'étaler sur des durées relativement longues en regard de la durée d'exploitation des installations, nécessitent la mobilisation de fonds financiers importants. La loi[2] fixe les modalités qui permettent de s'assurer de la pérennité et de la disponibilité des fonds au moment requis. La problématique du démantèlement des installations nucléaires est étroitement liée à celle de la gestion des déchets radioactifs. En effet, le démantèlement d'une installation nucléaire nécessite la disponibilité de filières de gestion permettant l'élimination de la totalité des déchets générés par les opérations de démantèlement, ou a minima leur entreposage temporaire. Le démontage des équipements et l'éventuelle démolition des bâtiments constitutifs des installations nucléaires produisent principalement des déchets très faiblement actifs (TFA), en quantité importante. Des quantités plus réduites de déchets de faible ou moyenne activité (FMA) à vie courte (<31 ans) peuvent également être générées. Ces deux catégories de déchets, produites majoritairement lors des démantèlements, disposent de filières d'élimination opérationnelles en France. Certains déchets de faible activité à vie longue, issus du démantèlement des réacteurs de puissance de première génération, ne disposent pas pour l'instant de filière d'élimination. Il en est de même pour les déchets de haute activité à vie longue (Dans l'attente d'un exutoire, ces déchets sont entreposés dans des installations nucléaires de base). Concernant ces deux catégories de déchets, la loi [3] prévoit la disponibilité d'exutoires. Les exploitants nucléaires français disposent donc en 2008 de filières permettant la gestion de la majorité des déchets issus du démantèlement des installations nucléaires, et devraient pouvoir disposer, dans le futur, de filières d'élimination permettant la gestion de la totalité de ces déchets. 2.3.2. Facteurs techniques et opérationnels Le démantèlement des installations nucléaires présente un certain nombre d'enjeux techniques, du fait des caractéristiques de ces installations : risques pour l'environnement et la santé dus à la présence de substances radioactives, complexité, taille ou caractère « unique » de certains équipements ou installations, risques induits par la méconnaissance d'installations vieillissantes, etc. Depuis le début des années 1980, les démantèlements réalisés ont permis aux exploitants d'acquérir un retour d'expérience important en ce qui concerne les techniques de démantèlement et la gestion de ce type de projet. Les déclassements d'installations survenus depuis le début des années 2000 montrent la faisabilité technique du démantèlement. L'ASN reste attentive à ce que les compétences existantes aujourd'hui restent disponibles. De plus, les démantèlements actuellement engagés concernent tous les types d'installation : réacteurs de puissance ou de recherche, laboratoires, installations de traitement de déchets, usines de retraitement de combustibles, etc. 2.4. Les risques du démantèlement différé Les facteurs techniques et opérationnels constituent un des points faibles des stratégies de démantèlement différé. Il est tout d'abord avéré que les incertitudes augmentent avec le temps : perte des informations relatives aux conditions de construction et d'exploitation des installations, disparition des compétences, accentuée par le départ des personnels connaissant l'installation. Les démantèlements actuels, qui concernent des installations exploitées depuis une quarantaine d'années, souffrent déjà souvent des incertitudes liées à la perte de mémoire des installations. Le démantèlement différé pose également la question de la surveillance et du maintien en état sûr des installations. Des difficultés techniques peuvent exister : gestion du vieillissement du génie civil, obsolescence des équipements, notamment de surveillance, etc. La possibilité d'un gain dosimétrique dû à la décroissance radioactive de certains radionucléides (60Co notamment), argument le plus souvent avancé à l'appui des stratégies de démantèlement différé, ne s'applique pas à toutes les situations et dépend du type de contamination ou d'activation résiduelles (Dans le cas des réacteurs UNGG, une période d'attente allant de 80 à 120 ans serait nécessaire afin de pouvoir procéder au démantèlement de façon manuelle. -Source : rapport AEN[6]). p.30
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Concernant les facteurs politiques
et socio-économiques, dans le cas de la mise en œuvre d'une
stratégie de démantèlement différée,
se pose la question de la disponibilité des fonds financiers nécessaires
au démantèlement au moment requis, même si les lois
actuelles garantissent a priori la disponibilité de ces fonds. De
même, se pose la question de la disponibilité des exutoires
de déchets (leur disponibilité actuelle ne garantit pas une
disponibilité dans une centaine d'années par exemple).
3. La préparation à la mise
à l'arrêt définitif et le démantèlement
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Dans le cas des réexamens de sûreté réalisés lors de la phase de démantèlement, l'objectif de l'ASN est de s'assurer que: - le niveau de sûreté de l'installation reste acceptable jusqu'à son déclassement, avec, le cas échéant, la mise en oeuvre de dispositions compensatoires proportionnées aux risques; - les dispositions relatives à la sûreté prises dans le cadre de la mise en oeuvre des opérations de démantèlement sont conformes aux règles de l'art et à la réglementation en la matière. La démarche de réexamen doit être conduite en regard de l'analyse globale du projet de démantèlement, qui in fine vise au déclassement de l'installation nucléaire à l'issue d'une durée limitée. 4. L'état final des installations
et le déclassement
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5. Le plan de démantèlement
Conformément au décret [3], tout exploitant d'une installation nucléaire de base établit un plan de démantèlement relatif à cette installation, dès sa création. Ce plan est mis à jour tout au long de la vie de l'installation. L'ASN considère qu'il doit constituer un document de référence afin de préparer et d'anticiper au mieux le démantèlement d'une installation nucléaire. Le plan de démantèlement présente les modalités envisagées pour le démantèlement de l'installation nucléaire considérée, ainsi que pour la remise en état et la surveillance du site sur lequel elle est implantée. Il mentionne et justifie la stratégie de démantèlement retenue par l'exploitant, et précise notamment le délai envisagé entre l'arrêt définitif de fonctionnement et le début des opérations de démantèlement. Il justifie également, lorsque celui-ci a été défini, l'état final envisagé pour l'installation après son démantèlement. 6. L'information du public
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A ce titre, le rapport annuel établi par l'exploitant au titre de l'article 21 de la loi[1] est de première importance, et doit permettre au public de prendre connaissance (au-delà des exigences de l'article 21 de la loi[1]): - de l'avancée globale du projet de démantèlement au vu des calendriers prévisionnels (les éventuels retards du projet doivent y être mentionnés et expliqués); - des activités de démantèlement réalisées pendant l'année et des éventuels faits marquants (fin ou début d'une phase du démantèlement par exemple); - des éventuelles évolutions du projet de démantèlement, tant sur le plan technique qu'organisationnel. 6.3. En vue du déclassement Le dossier de demande de déclassement d'une installation nucléaire fait l'objet d'une consultation de la préfecture et des mairies concernées par le projet, ainsi que de la commission locale d'information. Tout comme lors du dépôt du dossier de demande d'autorisation de mise à l'arrêt définitif et de démantèlement, il convient que l'exploitant associe la CLI de façon active dans le processus de déclassement. L'exploitant doit notamment informer le public quant à l'état final qu'il a atteint à l'issue du démantèlement, ainsi que sur l'usage futur envisagé. La procédure de mise en oeuvre de servitudes d'utilité publique, lorsque celles-ci doivent être mises en place (cf. 3.2), comprend la réalisation d'une enquête publique. Le public est ainsi informé des modalités de mise en oeuvre des servitudes : périmètre visé par les servitudes, mesures de restriction et/ou de surveillance mises en place, études réalisées au sujet de la pollution des sols, etc. 7. Références
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