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Fukushima a eu un effet ravageur: nul ne peut échapper à son impact. En ces jours de grand froid où la France passe des pics de consommation jamais égalés, il apparaît que cette politique «tout électrique» nous pousse sur une pente très glissante: il est temps de changer des radiateurs électriques par d’autres méthodes pour se chauffer. Des années que nous radotons sur ce sujet: il serait bien que ceci aboutisse. On avait peur que l’accident arrive: il est arrivé. Quand va-t-on prendre les bonnes mesures? L'ASN a lancé un vaste programme d’évaluation et ce sous l’impulsion gouvernementale (?). On voudrait y croire mais nos politiques se transforment en zélateurs du nucléaire et osent dire que les réacteurs vivront 60 ans. Heureusement que tout de même certains croient à l’obligation de sûreté et de radioprotection, ainsi qu’à la nécessité d’un environnement sain, sinon on ne ferait même pas de recherches pour rendre les stockages de déchets plus sûrs. La Cour des Comptes s’est penchée justement sur les déchets et le démantèlement. Elle a estimé avec précision combien la construction du parc nucléaire a coûté. Bilan[1]: «96 milliards €, soit 1,5 milliards par GigaWatt (GW) installé, contre 3,7 milliards le GW pour l’EPR, souligne La Tribune. L’ensemble des dépenses en nucléaire civil (construction, exploitation mais aussi recherche, usines d’Areva, réacteurs arrêtés) s’élèvent à 227,8 milliards €». Mais bien sûr dans ces coûts n’intervient pas la fin du nucléaire (démantèlement et déchets). Première incertitude visée: - le démantèlement: la Cour donne une estimation de 22,2 milliards €. Mais alerte immédiatement «ces chiffres doivent être regardés avec précaution, l’expérience en la matière, tant d’EDF [centrales de première génération] que du CEA ou d’Areva, ayant montré que les devis ont très généralement tendance à augmenter quand les opérations se précisent, d’autant plus que les comparaisons internationales donnent des résultats très généralement supérieurs aux estimations d’EDF. » Deuxième incertitude: - le recyclage des déchets de longue durée. Selon la Cour des comptes, les provisions (c’est-à-dire les sommes que préserve une entreprise dans ses comptes pour anticiper des dépenses futures) seraient basées sur un rapport de l’Andra (datant de 2003). Un rapport dont les conclusions sont dépassées: les 15 milliards sont devenus 35 milliards. «Il y a donc un doute manifeste sur le bon niveau des provisions d'EDF, d'Areva et du CEA», écrit la Cour. Elle recommande que «soit rapidement fixé le nouveau devis sur le coût de stockage géologique profond, de la manière la plus réaliste possible, c'est-à-dire en tenant compte des résultats des recherches menées sur ce sujet mais sans anticiper sur leurs résultat». Pire, la Cour des comptes estime qu’un autre scénario devrait être envisagé pour la gestion des déchets; celui qui verrait les combustibles usés (type MOX) ne pas pouvoir être retraités contrairement à ce qu’espèrent les entreprises du secteur. «Il faudrait alors stocker en très grande profondeur ces déchets hautement dangereux.». Cette hypothèse n’a jamais été chiffrée. Résultat: «Le mythe du recyclage continue de s’effrondrer.» n’hésite pas à s’alarmer La Tribune. Troisième incertitude: - La Cour des Comptes continue sur la problématique des coûts suite à Fukushima (aurait-t-elle pu introduire les diverses opérations de remises à niveau, du type couvercles de cuve, générateurs de vapeur (GV de 22 réacteurs changés sur 38 existants). De toute façon elle n’a pu estimer le coût de cette mise à niveau. EDF estime, elle, les coûts à 10 milliards, ce qui semble à l’ASN «optimiste». La Cour des Comptes, dans sa conclusion (voir plus loin) «confirme la nécessité et l’urgence de faire réaliser (...) des audits techniques par des cabinets et des experts extérieurs.» Quant aux coûts des divers stockages, la Cour des Comptes devra revenir... [1] A noter une erreur sur la version papier qui exprimait le coût en MegaWatt (retour texte) p.1
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SUITE EDITO
Il est clair que nous sommes à un tournant: Fukushima a un effet électrochoc, mais ne rêvons pas. Three Miles Island et Tchernobyl (Gazette et dossier) ont eu le même effet et on a vite oublié. En fait pas vraiment car finalement le nombre de réacteurs n’a pas explosé (!) autant qu’on essaie de nous le faire croire. Il n’en reste pas moins que, même avec des demandes techniquement infaisables ou du moins difficilement réalisables du genre épaissir un radier (la partie béton qui se trouve sous un réacteur), il n’y a toujours pas de décision d’arrêt en France. Or il est certain que les 8 premiers réacteurs ont soit des radiers trop minces, doit des radiers alvéolaires remplis de sable DONC IL FAUT LES ARRETER ASSEZ RAPIDEMENT (au moins avant 5 ans et ils auront leur 35 ans, ce qui est largement suffisant compte tenu des incertitudes). En effet, des études récentes sur l’évolution des aciers sous irradiation soulignent les faiblesses des études et le manque de robustesse des études antérieures. Il est impensable d’aller à l’accident. La France a toujours eu de la chance grâce à ses contrôleurs et des agents EDF de qualité. Malheureusement EDF a choisi le recours massif à des entreprises extérieures: ce serait possible si elle ne choissisait pas en le moins disant. Ces choix la conduisent à récuser des firmes travaillant depuis plus de 20 ans dans le secteur, des firmes qui ont formé du personnel, contre des sociétés beaucoup moins solides. Ceci conduit à stresser le personnel EDF et intérimaires qui ne parviennent plus à travailler correctement. Les humains sont indispensables à la machine. Ils sont les seuls à pouvoir reprendre la main si un ordinateur se plante ou si une électronique tombe en panne. Mais pour cela ils doivent être formés et être écoutés quand ils signalent des écarts. Or la tendance est foncer dans le brouillard: attention si on tue la poule on a plus d’œufs... Quant aux coûts, la Cour des Comptes est très circonspecte sur leur réalité actuelle. Il y a une fuite en avant facile: l’Agence qui devait vérifier les avoirs vient tout juste d’être nommée et de toute façon, elle ne s’est pas encore réunie. Or les divers exploitants ont déjà négocié des ralentissements et des aménagements. En effet, ces fonds sont prévus jusqu’à un horizon 2125, ce qui n’est pas gérable et de surcroît on ne peut rien extrapoler sur 100 ans et plus. Nous avons du boulot... L'AG du GSIEN s’est très bien passée, nous en reparlerons dans une prochaine Gazette car nous pensons que le démantèlement est un sujet très important et nous allons en faire une analyse fouillée. Bonne lecture à tous et merci de vos réabonnements. J’ai parfois un peu tardé pour encaisser les chèques: ne m’en veuillez pas. Et merci aussi de toutes vos nouvelles que j’essaie de relayer. Bon courage à tous. (suite)
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Verts/ALE au Parlement Européen Strasbourg, le 13 décembre 2011 ITER Fusion nucléaire C'est sans réfléchir que le PE
donne son accord pour un financement supplémentaire à ITER
Contact: Isabelle Zerrouk, attachée de presse Verts/ALE
au Parlement Européen
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