Editorial / SOMMAIRE
Avec ce premier numéro
de 1984, la rédaction de la Gazette Nucléaire vous
souhaite une bonne année.
Cette année 1984, qui verra vraisemblablement le démarrage de Superphénix, a "bien" commencé: le 10 janvier 1984 a été signé un accord relatif à la coopération dans le domaine des réacteurs «rapides» à métal liquide (appelés surgénérateurs en France), accord signé à Paris entre la France, la RFA, l'Italie, le Royaume Uni, la Belgique. Les Pays-Bas sont pour le moment membres actifs mais n'ont pas signé. Cet accord politique fait suite à divers accords techniques et industriels. Il a notamment pour objet: - d'harmoniser leurs efforts de recherche et de développement, - d'organiser un échange complet d'information et de savoir-faire, - de promouvoir une coopération industrielle et une collaboration entre producteurs d'électricité. Monsieur Fabius, ministre de l'industrie et de la Recherche, a, en cette occasion, prononcé un discours. Aucun doute ne peut subsister: - sont bien oubliées les réserves de la pétition nationale de 1979! - sont bien oubliés les engagements du candidat Mitterrand, - est bien oublié le programme socialiste! |
Au nom du réalisme, il est dit: «Le
surgénérateur est, parmi les technologies énergétiques
en gestation, l'une des plus prometteuses en terme d'indépendance;
produisant de la matière fissile à mesure qu'il en consomme,
il permet théoriquement d'affranchir la production nucléaire
d'électricité de la contrainte d'approvisionnement en uranium
et donc de la contrainte extérieure.»
Le moins que l'on puisse dire c'est que le message du CEA est bien passé. Enfin, une bataille perdue n'empêche pas de continuer; encore que, prêcher dans un tel désert finit par lasser. Une information qui a son importance: ne parlez plus de SPX 2 pour faire initié car c'est déjà du passé, évoquez plutôt avec assurance l'hypothèse de 2 ou peut-être de 4 RNR de 1.500 MWé (RNR = réacteur à neutrons rapides). Vous ne voyez pas la subtilité:
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Après Concorde, la Villette,
les Renifleurs, le PS se devait, lui, de trouver un gouffre financier à
sa hauteur, quelque chose dont on puisse se souvenir longtemps. Avec un
programme de surgénérateurs, il devrait être possible
d'atteindre ce but.
Car, enfin, soyons sérieux et réfléchissons. Dans la situation actuelle de surcapacité d'électricité, pour qu'un programme industriel de RNR soit viable, il faut en lancer combien par an, 2 ou 3 comme pour les PWR? Mais d'où viendra le plutonium? Dans l'état actuel du retraitement RNR et compte tenu du temps d'immobilisation du coeur, il faudra maintenir un parc important de PWR. Pour maintenir ce parc, il faudra en construire et donc faire un programme minimal de construction. On appelle cela maintenir l'outil industriel. Cela devient alors la quadrature du cercle: il faut mener de front 2 programmes simultanés et avec quel argent? Dans la situation difficile où se trouve le pays, on va continuer à engloutir de l'argent dans l'industrie la moins créatrice d'emplois et la moins sujette à l'exportation. Bravo !! A moins que ce soit pour soutenir les entreprises de travaux publics. Pour le prix, en travaillant sur les points noirs routiers, qu'est-ce qu'on économiserait comme morts par an. Et pendant ce temps les charbonnages vont mourir. Bien sûr ce n'est pas rentable, le coût du kWh produit est plus cher que celui du nucléaire. Comment, vous doutez?! Le dossier vous paraît
léger, les chiffres un peu tirés dans le mauvais sens (il
y a autant d'imprévu dans un calcul économique que dans une
partie de bonneteau).
(suite)
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suite:
Une fois analysé ce poste, il reste les impasses actuelles, tous les problèmes laissés en suspens, non résolus, transmis aux générations futures. Ce qui nous a conduit, c'est, comme pour les
avions renifleurs, une confiance aveugle en la Science ou plus exactement
en ses grands prêtres, qui ne savent pas ce qu'est le doute: ils
ont toujours raison et ils ne peuvent se tromper.
Nous vous donnons dans nos dossiers des
documents d'appréciation, dossier Castaing, dossier Alice Steward,
dossier économique. En voici un autre: le poids du nucléaire
dans les entreprises du bâtiment.
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