CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ESSAIS NUCLEAIRES ET SANTE
2010

Algérie
Essais nucléaires français en Algérie
Des soldats exposés aux essais nucléaires en Algérie
mars 2010
Voir dossier de la Gazette Nucléaire
ADIT, http://www.lesoir.be/

Voir également 2009 et 2005
mercredi 17 février 2010, 08:44
     L'armée française a délibérément exposé ses soldats à des radiations lors des essais nucléaires atmosphériques au début des années 60 en Algérie, à des fins d'expérimentation, selon un rapport militaire.
     Selon ce texte, le tome 1 du «Rapport sur les essais nucléaires français 1960-1965», classé «Confidentiel défense», dont l'AFP s'est procuré une copie, le fait de positionner des soldats, engagés et appelés, près du point d'explosion, devait permettre «d'étudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l'homme par l'arme atomique».
     L'existence de ce rapport, intitulé "La genèse de l'organisation et les expérimentations au Sahara", a été révélée mardi par "Le Parisien".
     Interrogé mardi par l'AFP, le ministre de la Défense Hervé Morin a assuré que «toute la transparence sera faite» sur le niveau d'exposition aux radiations lors de chaque essai nucléaire réalisé par la France.
     Intitulé «La genèse de l'organisation et les expérimentations au Sahara», ce texte a été rédigé par des officiers français certainement en 1998, donc après la fin en 1996 des essais nucléaires que la France poursuivait en Polynésie. Il fait référence notamment au dernier tir atmosphérique dans le Sahara algérien, baptisé «Gerboise verte» le 25 avril 1961, alors que l'Algérie était une colonie française.
     Peu après ce tir, deux manoeuvres ont été organisées pour envoyer des hommes en zone contaminée: certains s'étaient abrités dans des trous d'hommes à 800 mètres du point d'impact et d'autres se sont approchés en camions 4x4.
     Le but était «d'étudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l'homme par l'arme atomique, afin d'obtenir les éléments nécessaires à la préparation physique et à la formation morale du combattant moderne», précise le rapport.
     Ces manoeuvres devaient aussi permettre de «fixer les possibilités de franchissement de la zone des retombées» ainsi que de «réaliser un programme d'instruction sur les mesures pratiques à prendre par les combattants pour se mettre en garde, se protéger et se décontaminer», ajoute le texte.
     Equipés de bottes, pèlerines, gants et masques de combat, une trentaine d'hommes a disposé de 45 minutes pour creuser des trous individuels à 800 mètres du point zéro.
suite:
     Après l'explosion, «les résultats constatés étaient les suivants», précise le rapport: «absence de brûlures apparentes, effets mécaniques pratiquement nuls (légère projection de sable), mesure de radioactivité relevée sur les mannequins».
     «Il semblait d'après ces résultats qu'à 800 mètres du point zéro et en dehors de la zone de retombées, le combattant aurait été physiquement apte à continuer le combat», ajoute le texte.
      L'Association des vétérans des essais nucléaires (Aven) affirme avoir "toujours soupçonné la véracité de ces manoeuvres, qui ont concerné non seulement des troupes d'infanterie, mais aussi chars, aviation, et très certainement, plus tard dans le Pacifique, la Marine nationale".
     Pour sa part, le Délégué à la sûreté nucléaire de la Défense Marcel Jurien de la Gravière a affirmé qu'il n'y avait "rien de nouveau, rien de grave". Quelque 150 soldats du 40e régiment d'infanterie avaient "été instruits et s'étaient entraînés trois semaines avant le jour J pour s'habituer à porter le masque dans les conditions climatiques du Sahara", a-t-il précisé.
     Mais il reconnaît que «dans l'offensive, si l'infanterie était appelée à combattre en zone contaminée (...) les vêtements spéciaux ne lui confèreraient qu'une protection relative et il faudrait réduire la durée du séjour des unités dans une telle zone».
     M. Morin a affirmé qu'une «synthèse de ce rapport avait été faite en janvier 2007 par le ministère de la Défense», qui relatait «les expérimentations tactiques durant les opérations Gerboise verte et Gerboise rose», du nom de code des tirs entrepris il y a cinquante ans.
     Il a rappelé qu'une loi d'indemnisation des victimes des essais, instaurant «une présomption de cause», avait été adoptée en 2009, ajoutant avoir demandé «une étude complémentaire sur chaque tir et le niveau d'exposition». «Les conclusions seront publiques», a-t-il dit.
     La France a procédé à 210 tirs depuis le premier au Sahara en 1960 jusqu'à l'ultime expérimentation de 1996 en Polynésie française. Des milliers de vétérans des essais nucléaires, persuadés d'avoir été contaminés par la radioactivité, se battent pour la reconnaissance de leur préjudice.
(afp)

Voir aussi Algérie: des déchets radioactifs à l'air libre