TOUT CE QUE VOUS VOULIEZ SAVOIR SUR
L'ENERGIE DE LA BIOMASSE
Actualité internationale de l'énergie issue de la biomasse
2006
décembre
 · Sources ADIT:
    · · Espagne: De l'eau climatisée à l'aide de noyaux d'olives (ADIT, décembre 2006)
    · · France, L'usine de bio méthanisation de Calais est opérationnelle:
    Dans le cadre de sa politique de traitement et de valorisation des déchets, le Syndicat d'élimination et de valorisation des déchets du Calaisis (Sevadec) qui regroupe 59 communes autour de la ville de Calais a décidé de la construction d'une usine afin d'accroître la valorisation des déchets non recyclables en compost. Une usine aujourd'hui opérationnelle.
    À Calais, la méthanisation s'est imposée suite à une forte mobilisation des habitants de la région face à l'incinération pourtant prévue par le Plan départemental d'élimination des déchets. Procédé de dégradation de la matière organique grâce à l'action de micro-organismes en l'absence d'oxygène, la méthanisation s'applique à la plupart des déchets organiques fermentescibles que sont les déchets alimentaires, les journaux, les déchets verts, etc.
    En 2005, plus de 3,5 millions de tonnes de déchets ont été traitées par méthanisation en Europe. Cette technique connaît un fort développement ces dernières années et une centaine d'unités sont actuellement en service dans la Communauté européenne. Les pays qui ont une politique forte en matière d'énergie renouvelable (éolien, solaire) favorisent souvent la méthanisation, comme c'est le cas des Allemands et des Suisses particulièrement actifs sur ce créneau. Les Espagnols connaissent également une forte poussée de cette technique : rien qu'à Barcelone, trois usines ont été installées par trois constructeurs différents. À ce rythme, dans cinq ans, la quantité de déchets traités par la méthanisation devrait atteindre 7 millions de tonnes sur le territoire européen.
    En France, une dizaine de projets sont en cours. De nombreuses collectivités territoriales, toutes confrontées à l'épineux problème du traitement des déchets ménagers, étudient cette solution comme à Metz, Romainville ou Forbach, à Montpellier ou encore à Lille.
    L'usine de Calais, inauguré le 8 décembre dernier, par le maire Jacky Hénin (PCF), pourra accueillir 28.000 tonnes de déchets fermentescibles par an issus des collectes sélectives et des industries agroalimentaires de la région (27.000 tonnes/an de biodéchets issus de la collecte sélective et 1.000 tonnes/an de graisses et huiles). Elle produira du compost destiné à l'agriculture et du biogaz valorisé qui permettra la production de 6.600 MWh/an d'électricité revendue à EDF, 4.900 MWh/an sous forme d'eau chaude destinée au séchage du compost et au chauffage des locaux de la plate-forme HQE et 3.000 Mwh/an de vapeur destinée prioritairement au chauffage du digesteur. Le choix d'ajouter 1.000 tonnes/an d'huiles et graisses par rapport aux biodéchets habituels permet de produire un million de m3 de biogaz supplémentaire, explique le SEVADEC. Elles représentent un apport consistant au bilan énergétique: 1.925 MWh/an en électrique et 2.600 MWh/an en thermique.
    Autre atout: des préoccupations environnementales ont été intégrées dans la conception des bâtiments : utilisation de bois (mélèze) sur les façades des bâtiments et digesteurs, renforcement de l'isolation thermique et accoustique des bureaux, installation de brise-soleil sur les façades sud et ouest afin d'éviter la surchauffe l'été, utilisation de revêtements linoléum au lieu du PVC et de peinture sans solvant organique. D'autre part, le chauffage des locaux sera assuré par le biogaz produit par la méthanisation.
    L'installation d'un coût de 20 millions d'euros est un projet de Valorga International, filiale du groupe espagnol Urbaser et vient en complément du centre de tri pour la valorisation de tous les types d'emballages (11.000 tonnes par an), de la plate-forme de regroupement du verre (7.900 tonnes) et du centre de transfert des ordures ménagères (86.000 tonnes/an). La plate-forme de regroupement du verre centralise les dépôts provenant des colonnes d'apports volontaires et de la collecte sélective.
    Le centre permet, quant à lui, de trier, séparer (à la fois de manière manuelle et automatique), les différents types de matériaux (briques alimentaires, bouteilles et flacons plastiques, boîtes métalliques et aluminium, cartons, journaux et magazines) puis de les stocker en silos ou en alvéoles et enfin de les conditionner sous forme de balles, de paquets ou en vrac pour qu'ils soient acheminés vers les différents centres de valorisation. Les emballages aluminium sont revendus à une fonderie. Les plastiques séparés eux-mêmes par nature (PET clair, PET coloré, PEHD) sont vendus à Valorplast pour être transformés. Les cartons, briques alimentaires…sont revendus à des papeteries spécialisées pour devenir des chiffons essuie-tout. Les papiers blancs sont séparés des cartons et des papiers couleurs, les filières de recyclage étant différentes pour ces trois produits.
    Reste désormais à finaliser les démarches administratives et à réaliser les essais avant une mise en service en février pour atteindre son plein rendement en octobre 2007.
C.SEGHIER
*Le SEVADEC regroupe la Communauté d'agglomération du Calaisis (CAC), la Communauté de commune de la région d'Audruicq (CCRA) et le Syndicat mixte de ramassage et de traitement des ordures ménagères du Calaisis (SMIRTOM)
mai
 · Sources ADIT:
    · · France, Le bois-énergie tente de séduire les particuliers:
    En 2005, le marché des ventes d'appareils de chauffage au bois a dépassé les 430.000 unités contre 348.000 en 2004. Depuis l'an 2000, les ventes augmentaient en moyenne de 5% par an. Les particuliers investissent principalement dans les foyers fermés et les inserts mais se tournent de plus en plus vers les chaudières à bois. Les ventes ont ainsi augmenté de 45% et atteignent désormais 120.000 unités par an. Il semblerait que les particuliers commencent à envisager le bois comme une solution de chauffage central et non plus comme une énergie d'appoint.
    Cette relance des ventes d'appareils à bois se fonde sur l'existence de deux types de clientèle: celle pour qui le critère économique reste prédominant et qui, avec la hausse constante du prix des énergies fossiles, adopte le chauffage au bois en appoint d'une autre source d'énergie ; et celle pour qui le bois énergie symbolise de plus en plus la qualité de vie.
    L'aspect économique est l'argument le plus convaincant dans le contexte actuel. Avec l'évolution du prix du baril, l'utilisation du bois est devenue intéressante pour assurer une partie du chauffage d'une maison, en particulier quand l'énergie principale est le fioul ou l'électricité. Selon le ministère de l'industrie, les prix du kWh en mars 2006 atteignait 10,57 ct € pour l'électricité, 6,628 ct € en moyenne pour le fioul, 4,04 ct € pour le gaz naturel et 3,23 ct € pour la bûche.
    À ce premier avantage s'ajoute le fait que le bois constitue une énergie renouvelable. Sur l'ensemble de son cycle de vie le bois entraine moins d'émission de CO2 que les énergies fossiles classiques. Selon une étude de l'ADEME, l'utilisation de bois en bûches par exemple entraîne l'émission de 40 g de CO2 par kwh restitué alors que l'utilisation du fioul émet 466g de CO2/kWh.
    Si du côté de l'effet de serre ou du porte-monnaie les avantages sont non négligeables, la combustion du bois peut être à l'origine d'une pollution atmosphérique sévère tout particulièrement avec les cheminées classiques, dites cheminées ouvertes, mais aussi avec les poêles, inserts et foyers fermés antérieurs à 2000 qui ne présentait pas à l'époque un rendement suffisant pour éviter certaines émanations. Le bois reste une source d'énergie brute, composée d'éléments complexes non raffinés (présence d'éléments divers sous forme de traces : métaux, chlore…) et sa combustion est à l'origine de polluants atmosphériques tels que les composés organiques volatils et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Un niveau élevé d'émissions polluantes est donc le signe d'une combustion mal maîtrisée liée à l'utilisation de bois impropre à la combustion (humide, sale) et/ou d'un appareil peu performant ou vétuste.
    C'est pourquoi, l'ADEME s'attache désormais à accélérer la modernisation du parc vers des appareils à haut rendement énergétique et améliorer ainsi de 10% l'efficacité énergétique et environnementale des installations. Le rendement actuel du parc reste faible (entre 40 et 50%) malgré des appareils à haut rendement disponibles sur le marché. Afin d'orienter les actes d'achats vers des matériels performants, des labels qualité ont vu le jour aussi bien pour les équipements (label Flamme verte) que pour le combustible (certification NF Bois de chauffage) ou l'installation (Qualibois) .
    Le label Flamme verte est attribué à des appareils qui ont un rendement supérieur ou égal à 65%, mais aussi des émissions de gaz à effet de serre et de monoxyde de carbone (CO) inférieures ou égales à 0,8%. Les performances des appareils Flamme verte vont évoluer vers des normes européennes plus strictes. Ainsi, dès 2007, le rendement énergétique minimum sera de 70% et en 2009, les taux de CO seront inférieurs à 0,3%. Le label qualité « Flamme verte » représente déjà 80% des ventes d'appareils de chauffage au bois.
    La qualité du combustible est tout aussi importante que celle de l'appareil. Un bois humide par exemple réduit le rendement énergétique de l'installation de celui-ci en augmentant par conséquent la consommation et les émissions polluantes.
     Actuellement, 60% du bois de chauffage consommé en France correspond à une autoconsommation ou provient d'un approvisionnement en dehors des circuits commerciaux. Dans ce contexte, le particulier achète souvent le stère le moins cher sans être informé ni de la quantité d'énergie réellement disponible ni des bonnes conditions d'emploi. La marque « NF Bois de chauffage » a donc pour objectif de garantir la qualité du produit commandé en termes de respect des quantités livrées, des essences (chêne, hêtre, charme,...) proposées, de l'humidité du bois et en termes d'information. La Marque « NF bois de chauffage » dispose d'au moins un point de vente dans 75% des départements français et fin 2005, une quinzaine de professionnels du bois de chauffage était certifiée « NF bois de chauffage ».
    Concernant les installateurs, la marque «Qualibois», doit permettre aux professionnels de mieux guider les consommateurs dans le choix de leurs équipements, à l'instar de la marque «Qualisol» relative aux installations fonctionnant à l'énergie solaire. Sa gestion est assurée par l'association Qualit'EnR fondée début 2006 et qui regroupe la CAPEB (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), ENERPLAN (Association professionnelle de l'énergie solaire), l'UCF (Union climatique de France), l'UNCP (Union nationale couverture plomberie) et le SER (Syndicat des énergies renouvelables).
    Sur le plan financier, depuis début 2005, le crédit d'impôt dédié aux économies d'énergie est valable pour les ménages faisant l'acquisition d'un équipement de chauffage utilisant une source d'énergie renouvelable (chauffage au bois, solaire thermique, …) ou des pompes à chaleur. Fixé à 50% en 2006, il ne s'applique qu'aux équipements et non aux frais d'installations.
    De plus, la filière bois-énergie a bénéficié dernièrement d'un coup de pouce réglementaire. L'arrêté du 31 octobre 2005 a rendu obligatoire la mise en place de conduits d'évacuation de fumées lors de la construction d'une maison chauffée à l'électricité. Cette mesure rend systématiquement possible le raccordement d'un appareil à bois dans toutes les maisons qui feront l'objet d'une demande de permis à compter du 1er septembre 2006.
    Actuellement, le chauffage au bois est surtout présent en maison individuelle (97%). On constate qu'il est très utilisé dans les zones périurbaines mais qu'il est loin d'être complètement délaissé en ville. D'après l'enquête logement de l'INSEE réalisée en 2001, les consommations de bois de chauffage pour les appareils utilisés dans l'année représentent: 10,2 stères/an/logement en milieu rural, 7,6 stères/an/logement en milieu périurbain et 5,1 stères/an/logement en milieu urbain. Cependant il est important de rappeler que l'utilisation d'une installation de combustion au bois fait l'objet d'exigences réglementaires dans le cadre des Plans de Protection de l'Atmosphère qui concerne les agglomérations de plus de 250.000 habitants. En région Ile-de-France par exemple, le PPA précise qu'en application de l'arrêté actuellement en vigueur, la combustion du bois est interdite à Paris, sauf dans les installations d'incinération de résidus urbains et de déchets industriels spéciaux réglementées au titre de la législation sur les installations classées. La combustion du bois commercialement sec est toutefois autorisée à condition qu'elle ne provoque pas de nuisance dans le voisinage, dans les trois cas suivants:
    - installations de combustion d'une puissance inférieure ou égale à 100 kW utilisées dans l'artisanat, lorsque cette combustion est liée au respect de certaines qualités de production;
    - poêles et cheminées à foyer fermé d'un rendement thermique supérieur à 65%, utilisés en chauffage d'appoint;
    - cheminées à foyer ouvert uniquement utilisées en appoint ou à des fins d'agrément.
    Il ne s'agit pas pour le PPA de freiner le développement du bois comme source d'énergie renouvelable, mais de faire en sorte que le bois soit brûlé dans des équipements limitant au maximum les émissions polluantes.
    · · Allemagne, les chaudières à bois, de plus en plus populaires:
    En Allemagne, le bois est devenu une alternative intéressante pour le chauffage domestique. Aujourd'hui, l'Allemagne compte environ huit millions de chaudières à bois, avec une augmentation prévue de 200.000 nouvelles chaudières par an. Ce développement s'explique d'abord par l'importance des subventions accordées par l'Etat allemand pour l'utilisation des énergies renouvelables.
    En effet, dans le cadre de son programme de stimulation du marché, le gouvernement fédéral soutient l'acquisition d'une chaudière à bois à hauteur de 1360 €, à condition que son rendement soit supérieur à 90%. Un soutien financier régional peut également être obtenu, comme dans le Land Rhénanie du Nord - Westphalie qui accorde un soutien supplémentaire de 1.500 €.
    Le développement des chaudières à bois est également du à la forte augmentation des prix de l'énergie fossile. En effet, selon la fédération allemande des entreprises immobilières, le prix de l'énergie de chauffage d'origine fossile aurait augmenté de 50% entre 2000 et 2005.
    Etant donné la situation tendue du marché mondial de l'énergie, cette situation est amenée à se prolonger. Le combustible bois devient ainsi une alternative de plus en plus rentable.
    L'augmentation du nombre de chaudières à bois s'explique enfin par le développement de nouveaux appareils ultra-performants, comme les poêles à pellets à alimentation automatique. Les pellets sont des petits résidus de scierie comme les copeaux ou les sciures. En 2005, 14.000 poêles à pellets ont été vendus en Allemagne, soit un doublement des ventes par rapport à 2004. Le nombre total de poêles à pellets utilisés en Allemagne s'élève aujourd'hui à environ 40.000.
Sources:
- Suddeutsche Zeitung - 26/04/2006
- Office fédéral de l'économie et du contrôle de l'exportation -  http://www.bafa.de
mars
 · Sources ADIT:
    · · France: Quand le CEA de Valduc se chauffe à la paille
    · · Lille va traiter ses ordures ménagères pour en extraire du gaz:
LE MONDE | 27.03, LILLE CORRESPONDANT
    Votre poubelle vaut de l'or... La communauté urbaine de Lille (LMCU) veut récupérer le méthane dégagé par la décomposition des ordures ménagères pour faire rouler ses bus. Les 85 communes (1,1 million d'habitants) laissent chaque année un tas de déchets équivalant à une pelouse de football de la hauteur de la tour Eiffel. La Commission européenne a justement lancé un partenariat des villes aux biocarburants et LMCU a été chargée du management complet du projet Biogasmax regroupant 28 partenaires européens. Pierre Mauroy, président (PS) de LMCU, a présenté le dossier vendredi 24 mars à Lille, en présence des quatre collectivités les plus engagées, la région de Göteborg (Suède), les villes de Stockholm (Suède), Haarlem (Pays-Bas) et Rome (Italie).
    "En France, le biocarburant liquide est focalisé sur l'éthanol, regrette Paul Deffontaine, vice-président (PS) de LMCU chargé des déchets urbains. On pense toujours au gaz issu des productions agricoles, mais rarement à celui émanant des ordures. Ce qu'on veut faire de manière industrielle se produit naturellement!"
    L'idée est d'éviter la dissipation du méthane issu des résidus urbains, qui induit le réchauffement de l'atmosphère, mais aussi de produire un carburant à source renouvelable. L'originalité lilloise est de réaliser cela à grande échelle.

UNE FLOTTE DE 150 BUS
    Le Centre de valorisation organique (CVO) en construction à Sequedin sera unique en Europe. D'abord par sa taille. A partir de 2007, il traitera 108.000 tonnes de déchets par an. Le plus gros centre, actuellement en Allemagne, recueille 50.000 tonnes.

"Ensuite, explique Paul Deffontaine, nous aurons un garage de 150 bus directement branchés sur le biogaz. Cela n'existe pas ailleurs, excepté en Suède, mais en plus petites unités. En Allemagne, ils transforment en électricité l'énergie produite par la méthanisation."
    La rivalité avec les Scandinaves a poussé LMCU à prendre le management complet du projet européen et à édifier le CVO sur l'ancien site industriel de la Pierrette. "Nous voulions être aussi novateurs que les Suédois", ajoute Paul Deffontaine: Stockholm et Göteborg ont prévu d'équiper de sept stations-service au biogaz l'autoroute E20 (500 km) qui les relie.
    Le combat contre les lobbies énergétiques n'est pas gagné. "GDF a tendance à nous ignorer, explique Pierre Hirtzberger, un technicien de LMCU. Le gazier réfléchit à un compresseur à domicile qui permettrait de recharger en gaz sa voiture durant la nuit." LMCU ne cherche qu'à alimenter 150 bus et, éventuellement plus tard, les flottes automobiles des collectivités, entreprises ou sociétés de taxis. Une autarcie verte à une échelle modeste.
    Actuellement, 100 bus roulent au gaz naturel, dont quatre déjà au biogaz grâce à la "digestion" de boues d'épuration à la station de Marquette-lez-Lille. Paul Deffontaine voit néanmoins deux nuages s'accumuler devant lui : "Il existe, d'une part, une méfiance devant un gaz provenant d'ordures, alors qu'on ne fait qu'accélérer le processus de fossilisation, qui dure des siècles : le biogaz n'a pas plus de germes que le gaz de ville! D'autre part, il ne faudrait pas être taxé, ce qui rendrait le procédé trop coûteux..."
Geoffroy Deffrennes
janvier
· Source ADIT: France, Une chaufferie bois alimente désormais 3.000 usagers de Bourg-en-Bresse:
     L'ASSURC, association des utilisateurs du réseau de chauffage de Bourg-en-Bresse a lancé en 1999 le projet de construction d'une chaufferie bois avec l'appui de la région Rhône-Alpes et de l'ADEME. L'objectif était de réaliser un ouvrage exemplaire dans sa qualité environnementale, indique l'association. Suite aux conclusions de l'étude de faisabilité menée conjointement par Rhônalpénergie Environnement et le bureau d'études Chailleux, les travaux ont débuté en mars 2005. Inauguré le 17 février dernier, ce sont aujourd'hui 3000 usagers de natures diverses (logements, centre social, foyer de personnes âgées, résidence étudiante, salles de sport, église, bureaux, commerces, groupes scolaires, MJC, salles polyvalentes…) qui bénéficient de cette nouvelle installation.
     La filière bois-énergie regroupe toutes les utilisations du bois pour produire de la chaleur, de l'électricité ou les deux simultanément en cas de cogénération. Aux côtés du biogaz et des biocarburants, cette filière appartient aux énergies renouvelables basées sur l'utilisation de la biomasse et fait appel aux gisements de bois issu de l'entretien des forêts, des rebus de l'industrie forestière et du bois issus des déchets du bâtiment.
     Consistant à valoriser l'énergie calorifique contenue dans le bois, quelle que soit sa forme (bois en bûches, résidus bocagers et forestiers, bois d'élagage, écorces, sciures, palettes…), ces déchets, broyés et déchiquetés, deviennent le carburant des chaufferies et servent au chauffage de l'habitat et de l'eau chaude sanitaire.
     Sur le plan environnemental, l'utilisation du bois comme combustible ne contribue pas à l'accroissement de l'effet de serre. En effet, le CO2 qui se dégage du bois lors de sa combustion provient du carbone stocké par les arbres lors de leur croissance (photosynthèse). Ce CO2 est par la suite absorbé par les jeunes arbres en croissance. Le bilan CO2 est donc quasi nul.
     Construite dans le bâtiment de l'ancienne chaufferie charbon, la chaufferie de Bourg-en-Bresse, d'une puissance de 4 MW permet de chauffer 230.000 m2 de surfaces en consommant annuellement 8.000 tonnes de déchets de bois non traité (largement fournies par le bassin de Bourg), d'où une économie de 2,5 millions de litres de fuel par an.
     Elle fonctionne avec deux chaufferies centrales permettant l'utilisation de plusieurs énergies : la cogénération au gaz naturel, le bois, le gaz naturel et le fioul domestique. Les chaufferies sont reliées entre elles (interconnexion) par un réseau de canalisations enterrées dans lesquelles circule de l'eau de 90 à 100 °C jusqu'au point de livraison: les sous-stations. Un réseau secondaire distribue la chaleur à partir de chaque sous-station jusqu'aux logements.
     Un certain nombre d'objectifs HQE ont été définis dans le montage de l'opération comme le choix des produits de construction et chantier à faibles nuisances, la gestion de l'énergie, la gestion des déchets d'activité, la qualité sanitaire de l'air ou le confort acoustique. L'ASSURC a ainsi imposé à l'exploitant des indicateurs environnementaux sur la qualité des rejets atmosphériques, la qualité du bois et le suivi des déchets de combustion.
     Assurant une indépendance énergétique et des prix compétitifs à l'abri des fluctuations importantes du coût des énergies fossiles, ce mode de chauffage, complémentaire au réseau existant, permet la diversification des énergies sur le réseau de chauffage urbain de la ville, une plus grande sécurité des usagers et le respect des normes anti-pollution, souligne l'association.
     La chaufferie bois de Bourg-en-Bresse a été choisie pour intégrer la campagne de promotion européenne du Bois Energie, ''la route européenne du bois-énergie''*. Elle bénéficie ainsi d'un circuit de visite de ses installations permettent la promotion du bois-énergie auprès des enfants,des entreprises ou des collectivités.
     Notons que ce projet n'est pas le seul du genre: en Franche-comté, à Besançon, dans la forêt de Chailluz, la chaufferie automatique au bois, inauguré le 10 février dernier, fait aussi partie de ce programme pédagogique. D'une puissance de 6 MW, cette réalisation alimentera en avril prochain en chauffage et en eau chaude sanitaire 2500 logements du quartier de Planoise et évitera le rejet de plus de 10.000 tonnes de gaz carbonique par an. Le traitement des fumées par filtres à manches permettra de réduire le taux de rejet des fumées a 50mg/m3, soit deux fois moins que la valeur imposée par la réglementation actuelle. Par ailleurs, l'utilisation du bois énergie diminuera les taux de SO2 et CO2 respectivement de 259 tonnes et 10.335 tonnes sur site puisque 3.320 tonnes de fioul lourd seront économisées. Géré par l'ONF dans le cadre d'une convention avec l'exploitant de la chaufferie (SECIP), 13.000 tonnes de bois par an (dont 3.000 tonnes de produits connexes de scieries : sciures, écorces) seront nécessaires à cette installation.
C.SEGHIER

* La route du bois-énergie a été créée dans le cadre de programmes franco-suisse Bois énergie - Interreg II et du programme Européen Altener. Ces chaufferies peuvent être visitées en prenant rendez-vous avec le maître d'ouvrage. Un panneau installé à chaque site ainsi que des fiches techniques fournissent tous les renseignements nécessaires. Renseignements : ADEME.

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