EDITORIAL / SOMMAIRE
Le débat déchets
a relativement bien marché, mis à part le fait que discuter
des déchets sans prise sur le reste (EPR entre autres mais politique
énergétique par ailleurs, lignes à haute tension en
prime) laisse sur sa faim ou plus exactement fausse complètement
ce fameux (fumeux?) débat.
Oui on discute, oui on aligne des arguments, et alors? Quant à celui sur l'EPR (dont on se demande toujours à quoi il sert...), le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est mal parti. En plein démarrage du débat (24 Octobre 2005) le Premier Ministre a prononcé un discours sans nuance, lors de la signature du plan de service public imposé à EDF (croyez-vous un tel plan voué à la pérennité?). Ce discours vous est présenté dans la Gazette (page 21). Deux extraits succulents puisque ce qui est affirmé s'appuie sur les conclusions d'un débat même pas démarré au jour du discours...: «Conformément à la loi du 13 juillet dernier et au vu des conclusions du débat public en cours, EDF construira le premier réacteur EPR à Flamanville. Il sera opérationnel en 2012. Cela permettra de garder l'option nucléaire ouverte.» et «Je souhaite qu'une réflexion sur les conséquences de cette révolution énergétique (la fin du pétrole!) soit menée dans les prochains mois. Elle nous permettra notamment d'examiner, en tenant compte des conclusions des grands débats publics en cours sur le nucléaire, la question de la diversification de nos sources d'énergie, qui conditionnera les parts relatives du nucléaire et des énergies renouvelables dans nos prochains investissements.» On ne saurait mieux bafouer la démocratie "participative" pour le plus grand profit de la "délibérative", croyez-vous (au moins les parlementaires pourraient plastronner)? Que non, en fait, pour le plus grand profit d'AREVA et du CEA, accessoirement d'EDF mais sûrement pas des citoyens. Ce discours affirme aussi que le nucléaire nous rend moins dépendant du pétrole. Je ne connais pas la personnalité qui a réussi ce tour de force: faire croire que les camions et les voitures roulent à l'énergie nucléaire. Mais chapeau, ca ne marche pas, ça court... Difficile de participer, difficile de croire que l'engagement dans un dialogue permettra une percée. Il est certain que les organisateurs du débat public sont femmes et hommes de bonne volonté mais est-ce suffisant? Du "confidentiel défense" érigé en secret d'état à l'affirmation que l'EPR est décidé (non seulement la tête de série mais aussi les autres sur Gravelines, Paluel et Penly), rien n'est épargné aux citoyens. (suite)
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Pas même les appels d'offres pour le contrôle-commande, le génie civil et même probablement les lingots nécessaires pour la cuve. Et pourtant, les options de sûreté sont encore en discussion. Or s'il est possible de modifier un plan, il est bien évident qu'une dalle coulée ou une enceinte en cours de montage vont exclure tout retour en arrière. Enfin qui vivra verra mais attention, la précipitation nuit à la sûreté. Quant aux déchets tous les chiffres donnés reposent sur le programme actuel que l'on fait vivre éventuellement 40 ans. Tout change avec 4 puis 8 EPR. Combien de sites seront nécessaires pour les déchets de surface, pour les entreposages? C'est bien là que le bât blesse: comment laisser s'engager le futur avec de telles incertitudes? Que nous ne risquions quasiment rien pour les 10/20 ans à venir est probablement vrai. Mais, que dire au delà: rien de sérieux. Nous ne savons pas et il faut avoir le courage de l'avouer. Clairement rien ne va plus. Le débat certes mais devant un tel mépris pour les simples citoyens nos hommes politiques ne laissent aucun espace. Évidemment, le citoyen ne veut plus discuter, ne veut plus voter: le résultat est si calamiteux qu'il effraie. Pourquoi penser pour les autres? Pourquoi s'imaginer être omniscience? Hervé Kempf a raison: les Lois sont bafouées par ceux-là même qui les ont votés (voir encart page suivante), ce n'est pas tolérable. Par contre je ne crois pas à l'indifférence des citoyens mais à leur lassitude devant l'inefficacité de leurs questionnements, de leurs actions dans la légalité. Nos hommes politiques les poussent à la révolte. Or, ce mode d'action est aveugle et non contrôlable. Il conduit dans l'impasse. Il faut accepter le dialogue, l'écoute: nos hommes politiques découragent toutes les bonnes volonté en agissant comme ils le font. Il faut laisser le temps au débat, il faut écouter les citoyens, il faut leur répondre; les décisions prises n'en seront que meilleures et mieux acceptées. La démocratie représentative se nourrit de la démocratie participative. Quant à nos représentants ils ont tendance à voter des textes sans avoir reçu toutes les informations mais "en faisant confiance". Cette attitude ne peut être acceptée: ils ont le devoir de s'informer et seulement dans ce cas (et après consultation des citoyens) de voter des lois. p.1
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La Gazette qui suit vous offre:
Donc bonne lecture. p.2a
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J'ai bien noté que la CPDP a pour but
d'assurer l'information et l'expression du public.
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Les esprits chagrins avanceront des raisons de sécurité. Ce serait ignorer les arguments d'EDF qui nous "garantit en toute circonstance la sûreté de la conduite des installations" ainsi que la "protection des éventuelles agressions externes". Pourquoi devrions-nous douter de la sincérité d'EDF qui nous disait, dans les années 70:"Nos centrales sont sûres. La preuve: nos agents y habitent." En conclusion, ainsi que le disait le regretté Albert Ducrocq, "Comme toute centrale thermique, une centrale nucléaire doit être bâtie au point de besoin. Si elle n'est pas sûre, elle ne doit pas être bâtie." Robert POUYFAUCON
Sur le «Dossier 2005 Argile» Un point de vue indépendant A. Godinot De ce point do vue là, c'est du travail de pro. Il y a les top sociaux-psychologues d'EdF/Areva derrière ce document et c'est bien sûr pour cela qu'il était disponible sur internet. A partir de ce scénario référence-béton (retour de 20 ans en arrière, micro-dose à quelques personnes dans un million d'années) ils ramènent certains vrais chiffres (ceux de 2001) en études de "sensibilité" ou "dégradée", un par un, jamais ensemble (alors qu'en réalité, ils sont tous beaucoup plus hauts, ensemble). Toutes les valeurs ont été tellement baissées que si on n'en change qu'une, l'effet est limité. Cela "justifie" donc l'emploi de leur scénario de référence le seul qu'on garde. C'est une vraie stratégie consciente de haut niveau. p.2b
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