Voici le premier numéro 2010. J'ai eu du mal: la matière, il y en a. Mais les explications,... le temps manque! Malgré tout l'actualité n'est pas très rassurante. On pond des lois à tort et à travers, mais ne prenant pas en compte les remarques, on s'étonne ensuite du peu d'enthousiasme des citoyens. Il va falloir que "concertation", "participation" aient le même sens pour tous. Par contre pour les FAVL, il y a un répit, mais il faut toujours réfléchir et essayer d'intervenir. En effet il existe les déchets radifères et les graphites des premiers réacteurs. Bien sûr on peut s'en désintéresser, mais ces problèmes intéressent tous les citoyens. Et il faudra trouver des solutions, mais tous ensemble. Les citoyens sont obligés de supporter ce qu'on a décidé sans eux et c'est vraiment rageant. Par ailleurs je constate que la pénurie de centres de stockage frappe les réacteurs, d'où des efforts de tri, de "zonage". L'inconvénient est qu'avec un réacteur qui fonctionne depuis 30 ans ce n'est pas si facile. De plus pourra-t-on faire confiance? Bien sûr il y a des contrôles, mais il y a aussi des tentations. Et puis je pense qu'essayer de faire transiter dans des décharges pas toujours bien tenues des déchets "industriels banals" soit ferrailles, gravats, cartons, terres, plastiques, ... et le tout de composition chimique pas forcément très intéressante, n'aide pas à rassurer les riverains de ces sites. Ils se bagarrent déjà contre des pollutions diverses et variées du genre hydrocarbures, boues de décantation avec métaux lourds, résidus d'incinérateurs, ... Il ne faut pas en passant des INB se satisfaire des ICPE en contournant leurs règles. Je suis toujours plongée dans les diverses nomenclatures et je ne trouve pas cela simple. Le Plan National de Gestion des Matières et déchets radioactifs va être sur site: il va en être extrait un décret dont je vous ferai part. Cependant il faut travailler sur les inventaires et éviter de laisser de côté les vieilles usines, les vieux laboratoires. L'ACRO a remis un rapport sur le démantèlement de Brennilis (disponible sur son site), rapport sur l'enquête publique de ce démantèlement. C'est très intéressant de constater que le fameux démantèlement "immédiat" durera jusqu'en 2020 au moins. Et cela aussi il faut le faire comprendre démantèlement "immédiat" signifie seulement que l'on quitte l'installation en ayant vidé toutes les cuves de leurs produits, purgé toute l'installation pour que les "démanteleurs" puissent travailler en se préoccupant de l'installation et de ses dangers, sans avoir à trop avoir la préoccupation de circuits encore sous tensions ou pleins de produits dangereux (enfin pas trop, mieux vaut être prudent!!). Le chantier Brennilis se voulait exemplaire. Il y a encore à faire pour que ce soit une réalité. Et ce sera très souvent le cas parce que toutes les installations existantes n'ont pas été conçues pour être démantelées et ceci explique cela. Il est vrai qu'il existe de vieilles mines, de vieilles forges datant du 19 eme et même avant, mais on était plus modeste, maintenant on laisse des monstres derrière nous et un monstre contaminé chimiquement et/ou radioactivement n'est pas simple à gérer. Et il y a aussi beaucoup plus d'habitants donc besoin de surfaces. Or on a non seulement les réacteurs, les anciennes mines (charbon, fer, uranium), mais en plus les décharges et les usines d'incinération, les voitures.., difficile d'échapper à la pollution! Le HCTISN continue ses travaux, mais le cycle de l'uranium n'a rien de très transparent. Quant aux boîtes à gants de Cadarache, on attend encore. Et la transparence n'a pas encore livré tous ses mystères. Il est plus facile d'en parler et de se prétendre transparent que de trouver les limites et de comprendre pourquoi un texte devient "secret". (suite)
|
suite:
Les groupes Tritium se terminent et ce n'est pas facile d'obtenir que les idées soient retenues: les exploitants jugent cet élément inoffensif... Ils acceptent seulement de prévoir des plans de surveillance plus précis et mieux adaptés pour déterminer si les rejets polluent durablement un environnement. Alors bien sûr on peut être d'accord avec ce point, mais pas avec celui de ne pas minimiser les rejets sous prétexte que jusque maintenant on n'a rien vu. C'est sûr que si on ne cherche pas on ne verra rien. Cependant il faut aussi admettre que rien n'est facile: il faut effectivemement reconnaître que la recherche a progressé, les techniques de mesures également. Il devient plus facile de faire une surveillance et plus facile de l'interpréter. MAIS cela c'est notre réalité, on peut admettre que il y a 30 ans il y avait des difficultés de mesures. Ce n'est plus admissible en 2010: alors que ce soit coûteux, c'est possible, mais la prévention n'a pas de prix. Réparer les dégats d'un rejet coûte beaucoup plus cher que de l'éviter à la source. Notre assemblée générale a été une occasion pour chacun de s'instruire mutuellement et cela nous aide tous. Et justement nous avons parlé rejets, transparence et nous militerons pour diminuer les rejets, obtenir des surveillances correctes et avoir accès aux informations Que de travail: des enquêtes publiques
aux préparations de dossiers, il y a de quoi.
p.1
|
Dans son article sur le nucléaire publié dans Le Monde du vendredi 20 novembre 2009 Jean-Michel Bezat, conclut par la citation du "patron d'un grand groupe d'énergie": "La France s'est tirée deux balles dans le pied avec les déclarations insensées de Proglio et les critiques de l'Autorité de sûreté nucléaires sur l'EPR à un moment aussi crucial". En fait ce sont les concepteurs de l'EPR qui ont tiré cette balle. La France, au travers de son Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), se serait décrédibilisée si cette dernière n'avait pas annoncé, en même temps que ses homologues finlandais et anglais, ses réserves quant à la qualification de l'informatique du contrôle-commande de l'EPR. Le nucléaire, que la France essaie d'exporter, porte une "marque de garantie" apportée par l'ASN. Nous avons longtemps lutté pour que cette autorité de sûreté acquiert une indépendance vis-à-vis du pouvoir politico-industriel. C'est le cas depuis le vote de la loi TSN (juin 2006). Au moment du débat public sur l'EPR nous avions dénoncé la propagande mensongère d'EDF/ AREVA N.P. |
Un groupe de travail du Conseil Supérieur sur la Sûreté et l'Information Nucléaire avait repris dans son rapport ces critiques, malgré la présence en son sein de représentants d'EDF et d'AREVA N.P., bien forcés d'admettre que certaines allégations étaient des faux scientifiques. A l'époque nous avions émis également des doutes sur la longévité et les possibilités d'évolution, pendant 60 ans, de l'informatique destinée à l'acquisition de données et à leur traitement. L'ASN, aidée par son support technique, l'IRSN, arrive à la conclusion qu'AREVA va devoir repenser sa copie, en évitant que la redondance des systèmes, élément essentiel de la sûreté, ne soit transformée en risque de panne de mode commun par une mauvaise conception. Ce n'est pas se tirer une balle dans le pied que de l'annoncer. Cela aurait été du suicide pour la crédibilité de notre industrie, via l'ASN, de cacher ce fait. Monique SENÉ, membre du HCTISN, Présidente de GSIEN. Raymond SENÉ, membre de feu le CSSIN Tous deux chercheurs retraités du CNRS. |