6 août 2022 • AIEA

Dossier Ukraine

Le directeur général Grossi est alarmé par les bombardements à la centrale nucléaire d’Ukraine, il déclare que la mission de l’AIEA est vitale pour la sûreté et la sécurité nucléaires
(Traduit de l’anglais par le GSIEN)


Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a fait aujourd’hui la déclaration suivante au sujet de la situation à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzya :

« Je suis extrêmement préoccupé par les bombardements qui ont eu lieu hier à la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui soulignent le risque très réel d’une catastrophe nucléaire qui pourrait menacer la santé publique et l’environnement en Ukraine et ailleurs.

L’AIEA a reçu des informations sur cette situation grave – la dernière d’une longue série de rapports de plus en plus alarmants de toutes les parties.

Selon l’Ukraine, il n’y a eu aucun dommage aux réacteurs eux-mêmes et aucun rejet radiologique. Cependant, il y a des dommages ailleurs sur le site.

Une action militaire mettant en péril la sûreté et la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporizhzya est totalement inacceptable et doit être évitée à tout prix.

Toute puissance de feu militaire dirigée vers ou depuis l’installation reviendrait à jouer avec le feu, avec des conséquences potentiellement catastrophiques.

J’appelle instamment toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue à proximité de cette importante installation nucléaire, qui compte six réacteurs.

Et je condamne tout acte violent commis à la centrale nucléaire de Zaporizhzya ou à proximité de celle-ci, ou contre son personnel.

Le personnel ukrainien qui exploite l’usine sous occupation russe doit être en mesure de s’acquitter de ses tâches importantes sans que des menaces ou des pressions ne nuisent non seulement à sa propre sécurité, mais aussi à celle de l’installation elle-même.

Dans cette situation extrêmement volatile et dangereuse, il est plus important que jamais que les sept piliers de la sûreté indispensables que j’ai exposés au début de la guerre, et que j’ai réitérés aux Nations Unies à New York lundi dernier, soient pleinement respectés afin de maintenir la sûreté et la sécurité nucléaires.

De manière inquiétante, cependant, presque tous ont été compromis à la centrale nucléaire de Zaporizhzya au cours des derniers mois, et encore une fois, au cours des dernières 24 heures, plusieurs piliers ont été violés.

Cela doit s’arrêter maintenant.

Les sept piliers de la sûreté

  1. L'intégrité physique des installations - réacteurs, piscines de combustible et entrepôts de déchets radioactifs - doit être maintenue ;

  2. Tous les systèmes et équipements de sûreté et de sécurité doivent être pleinement fonctionnels à tout moment ;

  3. Le personnel d’exploitation doit pouvoir s’acquitter de ses tâches liées à la sûreté et à la sécurité, et pouvoir prendre des décisions sans pression indue ;

  4. Il doit y avoir une alimentation électrique hors site sécurisée à partir du réseau pour tous les sites nucléaires ;

  5. Il doit y avoir des chaînes logistiques d'approvisionnement et des transports ininterrompus vers les sites et depuis ceux-ci ;

  6. Il doit y avoir des systèmes efficaces de contrôle radiologique sur les sites et hors de ceux-ci ainsi que des mesures de préparation et de conduite des interventions d'urgence ; et

  7. Il doit y avoir des communications fiables avec l’organisme de réglementation et d’autres personnes.

Souce : AIEA

Afin d’éviter que la situation ne dégénère encore plus, la présence de l’AIEA pour fournir un soutien technique en sûreté et sécurité nucléaires est d’une importance capitale.

Depuis le début de cette guerre tragique, l’AIEA – et moi personnellement – nous efforçons d’aider l’Ukraine à assurer la sécurité de toutes ses installations nucléaires.

Et depuis quatre mois, je suis prêt à diriger une mission de sûreté, sécurité et sauvegarde composée d’experts de l’AIEA à la plus grande centrale nucléaire du pays, Zaporizhzya.

Cette mission jouerait un rôle crucial dans la stabilisation de la sûreté et de la sécurité nucléaires là-bas, comme nous l’avons fait à la centrale nucléaire de Tchernobyl et ailleurs en Ukraine au cours des derniers mois, où nous avons également livré de l’équipement de sûreté et de sécurité nucléaires dont il y avait un besoin urgent.

En même temps, les inspecteurs de sûreté de l’AIEA effectueraient des activités de vérification essentielles à l’usine.

Nous fournirons également des informations impartiales et indépendantes sur le statut de l’installation de Zaporizhzya.

Ce n’est pas à cause de l’AIEA que cette mission vitale n’a pas encore eu lieu. Malgré nos efforts déterminés, elle n’a pas été possible jusqu’à maintenant.

Je n’abandonnerai pas. Je continuerai à pousser – et à pousser à nouveau – pour que cette mission de l’AIEA ait enfin lieu.

Mais cela nécessitera la coopération, la compréhension et la facilitation de l’Ukraine et de la Russie.

Nous aurons également besoin du soutien des Nations Unies, et je suis très reconnaissant du soutien indéfectible du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

On ne peut plus perdre de temps.

Afin de protéger les gens en Ukraine et ailleurs contre un éventuel accident nucléaire, nous devons tous mettre de côté nos différences et agir dès maintenant. L’AIEA est prête ».

www.iaea.org