ORANO - Coûts de démantèlement
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En 2001, Areva rappelle son « Obligation juridique de démantèlement et de reprise / conditionnement des déchets ». L’engagement comptable des « opérations de fin de cycle » représentent un « Devis net à charge d’Areva en euros 2001 » de « 3,54 Md€ », une somme échelonnée jusqu’en 2041 comme on peut le constater dans le graphique ci-après [Areva - Résultats 2001 et perspectives (lien AIEA)]. Ce devis correspond à 5127 M€2023.
On ne peut que constater une flambée des charges brutes des démantèlements, de la reprise, du conditionnement et de la gestion des déchets nucléaires (opérations de fin de cycle). Entre 2001 et 2018, la facture a plus que triplé. En 2023, l’augmentation atteint +332% (en euros de 2023 ) par rapport au devis initial réalisé en 2001 (Cf. Tableau 7).
Tableau 7 - ORANO (ex-AREVA) - Évolution de l’estimation du reste à charge pour les opérations de fin de cycle entre 2001 et 2023 (en millions d’euros 2023) |
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Charges |
2001 |
2018 |
2023 |
Brutes |
5127 |
15 940 |
17 046 |
Actualisées |
3983 |
8992 |
8508 |
Sources AREVA |
Avec
un Devis
net de 3,5 Md€
en 2021 (5 M€2023),
ORANO se retrouve vingt-deux années plus tard avec un reste à
charge de 17 Md€2023...
On espère que la louche ayant servie aux estimations de 2001 a été
abandonnée et que celle de 2023 sera plus performante en termes de
prévisions.
En 2023, ORANO présente dans ses comptes annuels un « échéancier prévisionnel de décaissement des provisions » « pour opérations de fin de cycle » d’un montant de 17 Md€2023 à partir de « 2024 » et courant jusqu’en « 2041 et au-delà » (Cf. Tableau 8). Les dépenses de 2024 sont estimées à « 339 M€2023 » [ORANO - Comptes consolidés 2023]. Nous n’avons pas trouvé dans les différents rapports comptables les sommes engagées jusqu’en fin 2023.
On retrouve toutefois de tels échéanciers de décaissement dans les comptes consolidés des années 2018 à 2023. Cela nous a permis de lister les dépenses envisagées par ORANO pendant la période 2019-2024 :
2 019 – 271 M€2018
2020 – 311 M€2019
2021 – 410 M€2020
2022 – 306 M€2021
2023 – 310 M€2022
2024 – 339 M€2023
En six années, le total s’élève à 1947 M€, une somme à rajouter aux 17 Md€ prévus à partir de 2024.
Nous n’avons pas déniché les sommes investies avant 2019 dans les opérations de fin de cycle comme par exemple celles de UP2-400 qui a obtenu le décret de démantèlement en 2013.
UP2-400 est une usine d’extraction du plutonium implantée à La Hague qui a traité les combustibles irradiés des filières UNGG et REP avec une capacité nominale de 400 t de métal lourd par an. Entre 2006 et 2010, le devis de démantèlement a augmenté de « 1270 M€ » à « 1738 M€ » en euros constants de 2010.
Sur la même période, le devis de l’usine Georges Besse 1 (Eurodif), qui assurait l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse, est passé de « 462 M€ » à « 660 M€ » [CComptes, 2014].
D’après le Ministère de la transition écologique et solidaire, « Au plan financier, le démantèlement d’UP2 représente un coût de 2600 M€ (...). Celui de George Besse 1 représente un coût de 1400 M€ » sans précision des conditions économiques [Rapport ministériel, mars 2020].
Sur son site Internet, le même Ministère donne quelques précisions sur l’usine Georges Besse 1 publiées en mars 2020 : « Les coûts du projet sont estimés par Orano à environ 1,5 Md€ aux conditions économiques de 2018 » soit 1,7 Md€2023 [ecologie.gouv.fr].
Début 2023, Ouest-France évoque « un coût de 4 milliards d’euros » pour le démantèlement de UP2-400 (INB 33) et de ses ateliers associés (INB 38, 47 et 80), sans précision de la date de l’estimation [Ouest-France, 2/01/23].
Tableau 8
- ORANO - Échéancier prévisionnel
de décaissement des provisions brutes