CONTROVERSES NUCLEAIRES !
ACTUALITE INTERNATIONALE
2006
janvier
· Sources ADIT:
    · · Russie, RosEnergoAtom investira plus de 175 millions € en 5 ans dans la construction de centrales nucléaires flottantes:
    Le consortium russe RosEnergoAtom investira 6 milliards de roubles (plus de 175 millions €) en 5 ans dans la construction de centrales nucléaires flottantes, dont 1 milliard de roubles (quelque 30 millions €) en 2006, a annoncé le porte-parole de RosEnergoAtom Alexandre Polouchkine.
    En 2006, RosEnergoAtom fera appel a un crédit de 400 millions de roubles (11,6 millions €) à la banque publique chinoise Eximbank. "L'octroi du crédit permettra à la Chine de participer à ce projet", a-t-il souligne.
    Les chantiers navals chinois de Bohai construiront et équiperont la coque d'un navire destiné a la centrale nucleaire. "Le montant total du contrat passé avec les chantiers navals chinois atteint 71 millions €", a note M.Polouchkine.
    "Nous proposons également des projets de construction de centrales nucléaires flottantes aux Etats insulaires du Pacifique, qui pourraient les intéresser en tant que source de dessalement d'eau", a conclu M.Polouchkine.
Source: RIA-Novosti - 10 décembre 2005
    · · LE MONDE | 24.01 La crise de l'énergie revigore le futur réacteur nucléaire de 4e génération:
    A quelles formes d'énergie l'humanité fera-t-elle appel pour assurer, dans quelques décennies, les besoins de 9 milliards d'individus? A toutes, répondent aujourd'hui les experts. Aux renouvelables comme aux plus classiques. "Face au problème de l'énergie et du climat, le temps n'est pas à l'exclusion d'un système d'énergie par rapport à un autre. Tout est bon à prendre. Sans préjugé ni angélisme", insiste Philippe Pradel, directeur de l'énergie nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), qui rappelle que "d'ici à 2050, la consommation mondiale d'énergie devrait doubler" pour atteindre 20 Gtep (milliards de tonnes équivalent pétrole).
    Dans ce contexte, le nucléaire pourrait bien retrouver une place dans le bouquet qui alimentera la planète en énergie. Certains estiment que la capacité électronucléaire mondiale, assurée par quelque 450 réacteurs répartis dans une trentaine de pays, pourrait quadrupler d'ici à 2050. Optimisme du lobby nucléaire? Peut-être. Reste que quelques pays dont les programmes nucléaires s'étaient ralentis puis arrêtés après les accidents américain de Three Mile Island et ukrainien de Tchernobyl réfléchissent à nouveau à l'atome. A commencer par les Etats-Unis dont l'Energy Policy Act, signé en août 2005 par le président Bush, ouvre la voie à cette forme d'énergie.
    Le ministre français de l'économie et des finances, Thierry Breton, devait quant à lui présenter, mardi 24 janvier, à Bruxelles, un texte pour une politique européenne de l'énergie dont Paris souhaite qu'elle n'écarte pas le recours au nucléaire. Les récentes déclarations du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso qui estime qu'une telle politique européenne ne doit exclure aucune option, vont dans le même sens. Que dire enfin des propos, tenus le 5 janvier par Jacques Chirac lors des voeux "aux forces vives de la nation", qui laissaient entendre qu'un réacteur prototype de "4e génération" pourrait être mis en service en 2020?
    Ce projet n'est pas complètement nouveau. Depuis plusieurs années, la France, malgré la crise du nucléaire, maintient, au CEA, une capacité de recherche dans ce domaine. De plus, elle participe à un Forum international, créé en janvier 2000, et qui s'est donné pour objectif de développer ces réacteurs de 4e génération pour remplacer demain une partie des parcs électro-nucléaires actuels.
    Dix pays (Etats-Unis, France, Japon, Argentine, Brésil, Canada, Afrique du Sud, Corée du Sud, Suisse et Royaume-Uni) et l'Union européenne appartiennent à ce Forum, que la Chine et la Russie pourraient rejoindre. Son but: étudier six nouvelles filières de réacteurs. Des machines très différentes de l'EPR, le réacteur de 3e génération dont un premier exemplaire sera mis en service en Finlande, à Olkiluoto en 2009, et un deuxième en France à Flamanville (Manche) en 2011-2012.
    Les six réacteurs que le Forum se propose d'étudier sont entièrement nouveaux. Trois d'entre eux sont des réacteurs à neutrons rapides refroidis soit par du gaz (hélium ou azote), soit par du sodium liquide — technique déjà explorée par la Françe avec Superphénix (nouveau, Superphénix?!...) —, soit encore par du plomb fondu. Une autre filière concerne un réacteur à très haute température (1000°C contre environ 300°
C pour les réacteurs à eau pressurisée du parc EDF). Deux autres enfin ont trait au réacteur à sels fondus, dont le coeur nucléaire sera liquide, et au réacteur supercritique, dont l'eau de refroidissement est maintenue à des pressions et des températures très élevées.
    Derrière ces projets pour lesquels le Forum estime qu'un financement de 6 milliards de dollars sur quinze ans est nécessaire, se profile le remplacement, à partir de 2035-2040, des réacteurs les plus "jeunes" actuellement en service. Mais se profile aussi avec ces machines une autre manière de penser l'énergie. Car, outre la fourniture d'électricité, ces centrales pourront aussi dessaler l'eau de mer, produire de la chaleur et de l'hydrogène. Toutes potentialités qui n'auront de sens que si ces réacteurs de 4e génération sont plus économiques, plus sûrs, moins proliférants, moins gourmands en énergie et capables de se débarrasser d'une partie de leurs déchets.
    Pas question bien sûr pour les pays intéressés de développer seuls tous ces filières. La France, pour sa part, n'envisage de mener des recherches que sur les réacteurs rapides à gaz et à sodium ainsi que sur les réacteurs à haute température. De toute façon, les moyens du CEA — 40 à 50 millions € par an et 400 chercheurs —, même épaulés par ceux d'autres organismes et des industriels, ne le permettraient pas. N'est donc prévue, sans doute à Marcoule ou à Cadarache, que la construction — et ce dans un cadre international — d'un réacteur prototype de 200 à 300 mégawatts qui pourrait entrer en service en 2020. Reste à choisir, parmi les trois filières explorées par la France, celle qui sera la bonne et à trouver le milliard d'euros nécessaire au financement de ses sept ans de construction. Ce n'est qu'ensuite, en 2030-2035, qu'un réacteur "tête de série" de taille industrielle (1500 à 1600 mégawatts) pourra être envisagé.
Jean-François Augereau

LEXIQUE
    Les réacteurs nucléaires producteurs d'électricité sont regroupés en familles, ou générations, correspondant à des ruptures technologiques.
GÉNÉRATION 1.
Ce sont les premiers réacteurs prototypes (UNGG, Magnox, Fermi, Shippingport) mis en service avant 1970.
GÉNÉRATION 2.
Elle correspond aux réacteurs — à eau pressurisée, bouillante, et à eau lourde — construits entre 1970 et 1995 et actuellement en service.
GÉNÉRATION 3.
Ils prendront le relais à partir de 2010. Il s'agit de machines dérivées des réacteurs actuels, plus sûres, plus économiques et utilisant mieux leur combustible, affirment leurs promoteurs. Plusieurs modèles sont en concurrence: l'EPR européen, l'AP1000 et l'ESBWR américains, etc.
GÉNÉRATION 4.
Ce sont les réacteurs du futur. Ils entreront en service à partir de 2040-2050. Six filières sont actuellement à l'étude dont les réacteurs "hybrides" alimentés par accélérateurs...

    · · USA, Un japonais se paie les centrales nucléaires américaines, Toshiba est bien placé pour racheter le constructeur Westinghouse.
I/ REUTERS | 23.01.06 | 08:55
     TOKYO (Reuters) - Toshiba a remporté l'appel d'offres pour Westinghouse, la division américaine de centrales électriques de British Nuclear Fuels, avec une proposition de près de cinq milliards de dollars, rapporte le Financial Times, une opération qui permettrait au groupe japonais de se développer à l'étranger, mais au prix fort.
     Le directeur général de British Nuclear Fuels, Mike Parker, et son président Gordon Campbell, ont finalement préféré samedi soir Toshiba aux autres concurrents en lice, parmi lesquels le conglomérat diversifié américain General Electric et le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries.
     Ni le groupe public British Nuclear Fuels, ni Toshiba, n'ont voulu confirmer l'information du FT de lundi.
     "Aucune offre définitive n'a été encore sélectionnée" a déclaré un porte-parole de British Nuclear Fuels. "Ce processus aura lieu lors d'une réunion du conseil d'administration cette semaine. D'ici là, voilà la position de l'entreprise."
     Le FT, qui cite une source proche de British Nuclear Fuels, a indiqué que non seulement Toshiba avait déposé l'offre la plus élevée, mais que le groupe était aussi considéré comme le plus indiqué pour favoriser les perspectives de Westinghouse et de ses salariés.
     Le prix mentionné est toutefois bien supérieur à tous les chiffres évoqués jusqu'à présent dans la presse.
     Le Wall Street Journal écrivait ainsi vendredi que Westinghouse pourrait être vendu pour plus de 3,5 milliards de dollars.
     "L'acquisition de Westinghouse bénéficierait à Toshiba (...) mais le montant de cinq milliards de dollars qui est rapporté est une surprise", commente un analyste d'une firme japonaise de courtage.
     "Toshiba doit déjà investir lourdement dans les semi-conducteurs et les écrans plats. Je parie qu'il ne pourra pas débourser cela tout seul", ajoute-t-il.
     Cinq milliards de dollars représentent plus de dix fois le bénéfice net du groupe estimé pour l'exercice qui s'achèvera le 31 mars prochain.
REGARDS BRAQUÉS SUR LA CHINE ET L'INDE
     Pour Takeo Miyamoto, analyste chez CLSA Marchés Asie-Pacifique, une telle opération constituerait pour Toshiba un pas dans la bonne direction, même s'il faudra vérifier d'abord si le prix rapporté est justifié.
     "Historiquement, l'activité nucléaire japonaise dépend fortement du marché intérieur, qui croît à peine. Chercher à se développer en Chine et sur d'autres marchés étrangers devrait être une bonne stratégie", dit-il.
     "On dit que l'électricité d'origine nucléaire est vitale pour soutenir la demande énergétique de pays à forte croissance comme l'Inde et la Chine. L'opération contribuerait à renforcer les chances de Toshiba de décrocher des contrats dans ces pays", ajoute-t-il.
     Selon la banque Nomura, les sociétés japonaises ont acquis à l'étranger 16,4% d'actifs de plus en 2005 qu'en 2004. Ces acquisitions ont atteint leur plus haut niveau depuis 1990, avant l'éclatement de la bulle financière au Japon.
II/ Par Laurent MAURIAC - Libération

mercredi 25 janvier
    Imagine-t-on en France le principal fabricant de centrales nucléaires passer tranquillement dans des mains japonaises? C'est ce qui est en train de se produire aux Etats-Unis. Hier, Toshiba a annoncé que son offre avait été privilégiée pour le rachat de Westinghouse, sans provoquer d'émoi. Une situation qui s'explique en partie par le fait que Westinghouse est déjà détenu par l'entreprise publique britannique British Nuclear Fuels.
    Pour l'emporter, Toshiba a surenchéri sur les autres offres, celle du japonais Mitsubishi et celle de l'américain General Electric, allié à Hitachi. Selon la presse américaine, le montant de l'offre de Toshiba s'élève à 5 milliards de dollars. L'accord devrait être conclu ces prochains jours. Le gouvernement avait tout de même affiché sa préférence pour l'offre de General Electric, selon le Wall Street Journal. Le Royaume-Uni a visiblement privilégié les considérations financières, l'offre de Toshiba excédant largement les autres.
    Le groupe japonais est avant tout attiré par les perspectives de Westinghouse en Chine, où trente réacteurs devraient être construits d'ici à 2020. Westinghouse, qui affirme avoir construit près de 50% des centrales en activité dans le monde, figure parmi les candidats, avec le français Areva.
    Le marché américain est moins prometteur. Le nucléaire n'y représente que 20% de l'électricité produite. Aucune centrale n'a été construite depuis 1996. «Nous avons gagné l'équivalent de treize centrales ces cinq dernières années en améliorant l'efficacité des réacteurs existants», précise Steve Kerekes, porte-parole du Nuclear Energy Institute, qui représente les entreprises du secteur. Le soutien de l'administration Bush au nucléaire, afin de diminuer la dépendance pétrolière, pourrait néanmoins contribuer à relancer la construction de centrales dans les prochaines années.
· · Allemagne, La chambre à plasma du Wendelstein 7-X a été fabriquée à Greifswald:
    La fabrication de la chambre à plasma, première étape de la fabrication du réacteur de fusion Wendelstein 7-X, a été achevée avec succès. L'assemblage complet de l'installation, qui a commencé au printemps 2005 à l'Institut de Greifswald (Institut Max Planck de physique du plasma, IPP), durera environ 6 ans.
    La chambre à plasma a été fabriquée par MAN DWE GmbH à Deggendorf en 20 sections. Composée d'un récipient quasiment circulaire d'environ 12 mètres de diamètre, la chambre à plasma accueillera le plasma très chaud. La fabrication a exigé une précision élevée, les tolérances étant par endroits inférieures à 3 mm. Plus de 1600 m de soudure joignent les 800 éléments du recipient qui ont été fixés précisément à 2 mm l'un de l'autre. La chambre est composeée de 299 ouvertures, certaines servent à chauffer le plasma, d'autres à l'observer et d'autres à refroidir les parois.
    La chambre à plasma se trouvera finalement à l'intérieur d'une couronne de 70 bobines magnétiques supraconductrices. Celles-ci produisent le champ magnétique qui confine le plasma à l'intérieur de la chambre. L'installation est constituée de 5 modules presque identiques, qui sont prémontés et assemblés de facon circulaire dans le hall d'expérimentation.
Pour en savoir plus, contact: http://www.ipp.mpg.de
Source: Depeche idw, communique de presse de l'IPP - 17/01/2006
    · · Déchets nucléaires sous terre: "faisable" en 2025, selon les experts
   · · Le débat nucléaire en Australie
    · · La France a obtenu la construction d'Iter sur son territoire:
http://www.lefigaro.fr/sciences/20051231.FIG0124.html
     Le site de Cadarache en Provence a été préféré à son concurrent japonais pour abriter le futur réacteur expérimental de fusion thermonucléaire.
 Cy. V.

     L'ANNONCE, le 28 juin dernier, de l'implantation du futur réacteur expérimental de fusion thermonucléaire Iter à Cadarache en Provence a mis fin à dix-huit mois de blocage entre les partenaires. L'ambition d'Iter est de réaliser un réacteur prototype capable de produire des températures de l'ordre de 100 millions de degrés, indispensables pour initier des réactions de fusion nucléaire comparables à celles qui produisent l'énergie du Soleil. Avec un budget de 10 milliards € sur une trentaine d'années, Iter est le plus grand programme scientifique de la planète, avec la Station spatiale internationale (ISS).
     Les négociations ont été très dures entre l'Union européenne et le Japon, qui voulaient chacun accueillir le gigantesque programme. L'Europe, et plus particulièrement la France, a fini par avoir gain de cause, mais au prix d'une très importante contribution financière (45% du total) et de larges concessions au Japon.

Les Japonais ne financeront que 10% des coûts de construction (47 millions €), mais auront la promesse d'y faire travailler un grand nombre de leurs scientifiques (20% du total) et de décrocher 20% des contrats industriels. D'autre part, le poste de directeur général du projet était promis à un Japonais. Nommé en novembre, Kaname Ikeda était auparavant ambassadeur du Japon en Croatie, après avoir fait une brillante carrière d'ingénieur dans le nucléaire dans son pays. Le projet associe l'Europe, le Japon, les États-Unis, la Russie, la Chine, la Corée du Sud et l'Inde, qui a rejoint récemment le consortium.

Un budget colossal
     Alors que la fin des stocks de combustibles fossiles (charbon, gaz et pétrole) et d'uranium se rapproche et que la planète se réchauffe rapidement sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre (CO2 et autres résidus de combustions), la fusion nucléaire paraît une solution séduisante (souligné par resosol!...). Les atomes de deutérium et de tritium (des formes lourdes de l'hydrogène) que l'on essaiera de faire fusionner au coeur du réacteur Iter peuvent être extraits de l'eau de mer. Ces atouts séduisants ont évidemment un coût, illustré par le budget colossal, et par la durée de construction: dix ans. D'autre part, même si Iter remplit ses objectifs, il faudra ensuite passer à l'étape supérieure: un réacteur opérationnel capable de produire de l'électricité en grande quantité, au mieux dans un demi-siècle.


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