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Et maintenant, regardons dans
la boule de cristal:
Il ne faut donc pas se fier à ces courbes qui se situent dans une phase transitoire pour prévoir l'avenir. Une analyse statistique des «résultats» obtenus dans les centrales PWR étrangères (en particulier américaines) devrait, a priori, donner de meilleurs résultats (tableau suivant): |
Toutes ces valeurs sont
résumées dans le tableau suivant pour lequel nous
n'avons retenu que les doses collectives annuelles à partir de la
troisième année de fonctionnement:
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Il est certain
que les statistiques n'ont qu'une valeur relative. On nous objectera, en
particulier, qu'il est tenu compte ici de réacteurs anciens et de
réacteurs ayant eu de gros problèmes, que l'on additionne
des carottes et des navets, que le progrès technique (toujours lui...)
permettra d'améliorer les choses, etc. Mais d'une part, rien ne
prouve que des problèmes équivalents ne se produiront pas
en France et d'autre part, le nombre de réacteurs de puissance électrique
comparable aux réacteurs du CPI (900 MWe) est faible.
Il semble donc que les doses collectives annuelles totales en période normale (un arrêt de tranche) ou exceptionnelle (révision décennale) se situeront aux alentours des niveaux suivants:
La révision décennale
donne lieu à une visite complète du circuit primaire, ce
qui entraîne une durée et une dose correspondantes élevées.
Et la CIPR dans tout cela?
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suite:
Un calcul simple laisse donc prévoir que la dose moyenne annuelle (intégrée sur dix ans) sera, pour cette population, de: Parmi cette population, certains groupes sont plus particulièrement exposés (ouvriers d'entretien mécanique par exemple). Il faudra s'attendre pour eux à des doses moyennes annuelles de l'ordre de 2,5 rem, voire 3 rem, et ceci chaque année... Ces doses sont d'ailleurs sensiblement celles qui sont enregistrées normalement à Chooz (PWR 300 MWe) depuis 1970. Nous voilà bien loin de la CIPR 26 et de la dose moyenne de 0,5 rem/an. Ceci est bien la preuve qu'une limitation sur la dose maximale bien que nécessaire, n'est pas suffisante pour limiter la dose moyenne au dixième de celle-ci. Ras-le-bol de la loi log-normale dont on nous rebat les oreilles. La courbe suivante donne d'ailleurs l'histogramme des doses enregistrées à Chooz en 1976 (dose collective totale : 286 hommes-rem pour un effectif de 134 agents): De plus en plus fort:
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Quelle garantie avons-nous actuellement
qu'il n'en sera pas ainsi? Quelle garantie avons-nous que la dosimétrie
de ces travailleurs migrants sera faite honnêtement? Il est facile
d'imaginer les moyens de pression dont dispose un employeur peu scrupuleux
pour «diminuer» les doses excessives. Que deviendra le travailleur
qui aura pris ses 5 rem en deux ou trois mois? Et pire encore, qui peut
répondre à ces questions? Qui s'en préoccupe officiellement?
Nous vivons, dans ce domaine, dans le laxisme, l'anarchie complète,
et la situation est révoltante.
L'analyse coût-bénéfice
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suite:
· Organisation, préparation des interventions: En centrale PWR, une fraction importante (environ 70%) de la dose collective totale est prise pendant l'arrêt annuel pour rechargement. A cette occasion, une préparation systématique calme, des interventions, une organisation rigoureuse devrait en permettre des gains en dose très importants Alors, alors, on fait un magnifique planning où les actions s'enchaînent parfaitement, où tout est chiffré, prévu, minuté. Mais tout cela dans un seul objectif: redémarrer le plus tôt possible. Il ne s'agit pas là uniquement de réduire le coût financier de l'indisponibilité de la tranche, il y va, semble-t-i1 de l'honneur même de l'exploitant et cette notion est transmise par la hiérarchie à une bonne partie du personnel EDF. Le jour «J» de l'arrêt du réacteur arrive, six-cents personnes affluent sur le site, les opérations commencent et c'est tout de suite la panique, le manque de coordination, avec la seule directive claire à laquelle on se rattache: redémarrer le plus tôt possible. On verra tel travailleur, arrivé bien trop tôt sur le chantier, errer en attendant le début de son intervention et prendre ainsi des doses inutiles. On verra tel autre, qui a des difficultés, se débarrasser de ses protections, et... advienne que pourra... Il faut y aller les gars... C'est l'esprit «cow-boy» bien connu et d'ailleurs tacitement accepté. La section radioprotection a bien sûr le pouvoir de contrôle, mais imagine-t-on un agent de cette section prendre la responsabilité d'arrêter un chantier situé sur ce que l'on appelle «le chemin critique», entraînant des retards dans le rechargement du réacteur, donc des pertes d'exploitation? Qu'on nous comprenne bien... Nous ne doutons pas de la bonne volonté de l'exploitant, souvent prêt à payer très cher des modifications pouvant entraîner de faibles gains en dose. Mais d'une part, il n'est pas de son ressort de modifier profondément la conception de la centrale, et d'autre part, la disponibilité de la tranche reste son souci principal. Prix de l'homme-rem - Coût de l'homme-rem
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Cette simple énumération permet de tirer une conclusion évidente: les doses dues aux travaux en milieu actif entraîneront une augmentation très importante de la quantité du personnel nécessaire, donc provoqueront finalement un accroissement des dépenses. Nous voyons qu'il est IMPÉRATIF DE RÉDUIRE L'EXPOSITION AUX RAYONNEMENTS EN EXPLOITATION. Compte rendu de la
Mais en sera-t·il autrement tant que cette
notion d'homme-rem et de coût de l'homme-rem, restera entre les mains
des technocrates qui nous gouvernent... dans le brouillard le plus absolu,
comme le montre l'extrait suivant:
Conférence Nucléaire Européenne, Paris 21-25/4/1975 (M. Chuillery, EDF) Pour mieux apprécier l'efficacité des efforts entrepris pour réduire les doses, il parait souhaitable de mieux harmoniser la méthodologie utilisée dans les différents pays pour évaluer la dosimétrie et les critères retenus et aussi les moyens à mettre en œuvre pour atteindre l'objectif poursuivi. Les détails techniques et économiques devraient être précisés, pour chaque installation, et aussi les objectifs d'optimisation mieux définis. Car, finalement, la mise en pratique de la recommandation ALARA passe obligatoirement par le calcul «coût-bénéfice» qui nécessite l'évaluation du coût de l'homme-rem. A ce propos, le secrétaire de l'AIEA, M. Ohran, ayant évoqué la dernière proposition faite par le groupe d'optimisation récemment réuni sous la présidence de LINDELL, de fixer le coût de l'homme-rem à 100-200 dollars, une vive discussion s'ensuivit, une majorité d'exploitants penchant vers une valorisation bien supérieure (de 100 à 1.000 fois)*. S. Vignes et P.C. Beau
Un espoir... si l'on peut dire:
Compte rendu sur le Colloque International sur la radioexposition professionnelle dans les installations du cycle du combustible nucléaire. Los Angeles, 18-22 juin 1979 (Revue Radioprotection) Un espoir toutefois à l'horizon. En économie capitaliste, ce qui est rare est cher et ce qui est vraiment rare n'a plus de prix. Si comme cela est probable, on ne trouve plus dans quelques années de personnel même extérieur acceptant de s'irradier dans de telles conditions, alors là, il faudra bien faire un réel effort dans la voie de la diminution des doses ou alors la situation sera bloquée. (suite)
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suite:
Malheur au non statutaire Répartir la dose: La dose collective de 500 hommes-rem par an étant a priori présentée comme inéluctable (voir le texte en provenance d'EDF dans ce même numéro), la règle «aussi bas que possible» devient: «ne pas dépasser les doses maximales», et par conséquent «répartir la dose»... Comme il n'est pas question d'augmenter à l'infini un effectif EDF fortement syndiqué, non licenciable, toujours prêt à revendiquer et à se mettre en grève pour un oui ou pour un non, on préfèrera acheter de la «viande à rem» à l'extérieur. A titre d'exemple, voici la répartition de la dose collective entre personnel statutaire et personnel extérieur à la centrale de Chooz de 1971 à 1978: EVOLUTION DES DOSES COLLECTIVES A LA CENTRALE DE CHOOZ
On observe une très nette progression
de la part des entreprises extérieures dès que la dose collective
augmente.
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Pour conclure cette deuxième
partie, il nous semble intéressant de donner de larges extraits
d'un texte interne à EDF et émanant d'une personnalité
très impliquée dans la radioprotection, et qui porte sur
le CIPR 26:
Contenu des recommandations De l'analyse des divers éléments,
il ressort une remarquable continuité de pensée de la CIPR.
La présentation s'est affinée (en termes de comparaison de
risques), certains points ont été précisés,
mais la philosophie d'ensemble n'a pas varié.
Conséquences à prendre en compte La sortie de cette nouvelle édition
des recommandations est une occasion de réaffirmer solennellement
un objectif de réduction des doses, elle sera surtout pour beaucoup
l'occasion de découvrir que les doses collectives à attendre
des PWR sont élevées. On peut donc s'attendre à des
pressions accrues, en particulier de la part des autorités:
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suite:
Le démarrage progressif des tranches
PWR a fait apparaître une montée importante des doses moyennes;
même sur l'ensemble des agents DATR de la Production Thermique, la
valeur repère de 0,5 rem/an risque d'être approchée.
puis dépassée.
Quelques citations intéressantes Un polluant peut être considéré comme indispensable dès l'instant que ses avantages l'emportent sur ses inconvénients. Tel est le cas typique des rayonnements ionisants en radiothérapie. On guérit un cancer avec des rayonnements qui peuvent produire des cancers. Mais la probabilité de guérison du cancer en place est en l'occurrence beaucoup plus élevée que celle de la production d'un nouveau cancer. De même les rayons X dans le radiodiagnostic apportent plus d'avantages que d'inconvénients. On peut dire qu'un autre polluant indispensable typique est le tabac, puisque la demande l'emporte de beaucoup sur la crainte. Le fumeur continue de fumer bien qu'il sache que sa longévité probable se trouve réduite de dix ans (ce qui d'ailleurs n'est pas mauvais du point de vue démographique).Cette perle est de Monsieur Latarjet[1], de la Fondation Curie. Elle est extraite du rapport présenté en 1975 devant la Commission de l'Énergie du VIIe Plan. Tout est clair, les faibles doses de rayonnement font incontestablement partie des polluants indispensables si l'on songe aux bienfaits de la sélection naturelle. On ne doit d'ailleurs pas exclure que les faibles doses naturelles soient dépourvues d'effets bénéfiques. Ces radiations, au sein du seuil pratique, ont baigné le développement des espèces depuis l'origine .. elles n'ont cessé de jouer un rôle dans la sélection, il faut y réfléchir à deux fois avant de ne leur attribuer que des maléfices.Il en faudrait d'ailleurs encore davantage pour s'opposer aux méfaits de la médecine actuelle. p.18
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C'est sur ces considérations en particulier, et sur bien d'autres d'ailleurs que les doses admissibles de rayonnements ionisants disséminées au sein d'une large population ont été fixées à des valeurs qui doublent à peu près l'irradiation naturelle, c'est-à-dire entre 20 et 40 fois moins que la dose de doublement des mutations. Il ne me paraît pas nécessaire d'aller plus loin. En effet, ces doses imposent à cette population une charge génétique très légère qui sera sans doute impossible à détecter. Elle est en tout cas bien moindre que celle qu'apporte la médecine aujourd'hui. Celle-ci, en s'opposant à l'élimination naturelle des individus génétiquement tarés, permet à ceux-ci de se reproduire et d'étendre leurs tares avant de disparaître eux-mêmes.Et tout à l'avenant. Merci M. Latarjet. Par vous, la Commission de l'Énergie a été bien informée. Espérons tout de même que vous avez fait un tabac... |
En 1970, le docteur Delpla, ex-président
du Comité de Radioprotection d'EDF se fait volontairement contaminer
dans une cellule de l'atelier des matériaux irradiés à
Chinon. En octobre 1977, à l'issue du Nième examen spectrométrique,
on constate que son corps recèle encore une activité notable,
ce que ne laissent pas prévoir les modèles mathématiques
utilisés par la CIPR pour la détermination des normes.
Les experts sont perplexes et leur conclusion en dit long sur l'état de nos connaissances actuelles sur le sujet. Dose engagée
L. Andrieu et M. Fatome
Revue Radioprotection, 1979 p.19
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Le GSIEN de la région Alsace
nous a envoyé les résultats de l'enquête qu'il a effectuée
auprès des médecins de leur région. Nous vous livrons
ces réflexions.
Début avril 1979, nous avons envoyé aux médecins alsaciens (Bas-Rhin environ 1.500, Haut-Rhin environ 600) un questionnaire destiné à évaluer les moyens médicaux et hospitaliers prévus pour faire face à un accident nucléaire à Fessenheim. Nous avons reçu 235 réponses: les médecins bas-rhinois ont répondu à 9,3%, les médecins haut-rhinois à 15,2%. Nous n'avons reçu aucune réponse de la part des administrations hospitalières et universitaires. Les médecins qui nous ont répondu estiment, pour la plupart (plus de 80%) que leur formation sur les effets biologiques et les accidents des radiations ionisantes est incomplète, voire pratiquement nulle. Ils réclament une formation plus poussée, qui pourrait se faire, selon eux, sous la forme d'EPU (éducation post-universitaire), de FMC (formation médicale continue) et également sous forme de conférences et d'articles dans les revues médicales; certains pensent même que cette formation devrait être obligatoire. Il est à noter que sur ces 235 médecins, 8 seulement ont eu à soigner des malades présentant des troubles dus à une radiation ou à une contamination (il s'agissait, semble-t-il, d'irradiations thérapeutiques). En cas de déclenchement du plan ORSEC-RAD, seulement 8,6% des médecins penseraient à procéder au lavage des malades, et plus de 70% ne sauraient quels soins leur apporter. Presque unanimement, ils déclarent qu'ils ne disposent d'aucun matériel pour départager les personnes irradiées des contaminées et nombreux sont ceux qui demandent quelle est la différence. La moitié des médecins enverrait les malades au centre hospitalier le plus proche, alors que les médecins hospitaliers déclarent que leurs services sont déjà surchargés en temps normal; l'autre moitié, soit ne sait pas où les envoyer, soit attendrait l'avis des autorités (seulement 2,6%). |
Par ailleurs, ne disposant d'aucun moyen
de protection personnelle, ni de moyens d'intervention médicale
suffisants pour se mettre au service des malades, 67% avouent qu'ils se
verraient contraints de fuir avec la population.
En ce qui concerne le questionnaire destiné aux médecins hospitaliers, nous avons eu 53 réponses de provenances très variées (cliniques privées, centres hospitaliers universitaires et régionaux, centres hospitaliers spécialisés... Professeurs agrégés, chefs de clinique, assistants, etc.). Les médecins qui nous ont répondu n'ont pas de lit à leur disposition pour le traitement des personnes irradiées (sauf éventuellement un lit d'isolement à la Clinique Dermatologique de Strasbourg). La plupart des services ne pourraient libérer qu'un très petit nombre de lits et ne sauraient que faire des malades qui les occupaient. Ils ne disposent d'aucun abri, ni de matériel de détection ou de décontamination des personnes et des locaux, ni de personnel (sauf le personnel habituel du service qui serait «encore là») pour faire face à de telles circonstances. Ils ne savent pas où évacuer leurs malades si l'autorité déclarait leur secteur à évacuer. D'autres problèmes ont été soulevés par les médecins, entre autres: - que faire des malades du Centre Hospitalier spécialisé de Rouffach (environ un millier de personnes à 20 km de Fessenheim)? NB - Le plan particulier d'intervention prévoit d'utiliser 700 lits dans cet établissement. - alimentation, médicaments et transport des malades - protection du personnel chargé de transporter les malades - stockage et décontamination du linge - etc. De tout ceci il ressort que les médecins se reconnaissent mal formés et peu préparés à faire face à une éventuelle catastrophe à la centrale nucléaire de Fessenheim. Les médecins qui nous ont répondu semblent très concernés par ces lacunes et demandent une formation plus adaptée pendant les études médicales et ont l'air d'être prêts à se mettre à jour par la suite. p.20
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