Introduction
En 1989 et 1990 ont été publiés,
dans la Gazette Nucléaire, des dossiers faisant le bilan
de la catastrophe de Tchernobyl (no96/97
et 100).
1. L'aggravation de la situation sanitaire
n'est plus niée par les officiels soviétiques. Son origine
est cependant attribuée essentiellement à la radiophobie.
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10. Pour les populations des territoires contaminés et pour ceux que l'on a fait "travailler" sur le site pour le "nettoyer", la responsabilité des experts chargés de la gestion post-accidentelle est de plus en plus évidente. L'exigence de poursuivre ces experts en justice est de plus en plus aiguë. 11. Dans ces conditions, l'aide que les experts occidentaux, sous le couvert des comités internationaux (AIEA, UNSCEAR, OMS...), apportent à ces responsables, relève de l'esprit de corps. 12. Au moment où le pouvoir central cherche à "normaliser" la situation dans les territoires contaminés en introduisant un nouvau critère intitulé "le Concept" pour régir la vie quotidienne dans ces zones, il est à craindre que là encore il obtienne le soutien inconditionnel des experts occidentaux. 13. Le fait que les informations concernant la situation en URSS ne parviennent pas à atteindre l'opinion française (sauf quelques jours au moment des anniversaires) n'est pas le fait d'une censure soviétique très stricte. Ces informations sont accessibles. Cependant pour savoir si les décisions prises par les autorités centrales ou locales sont réellement appliquées ou relèvent simplement d'une logique bureaucratique, il serait nécessaire de procéder à des enquêtes sur place. Peu de journaux semblent décidés à faire cet effort. Ce dossier fait référence à deux conférences: - Le séminaire organisé à Luxembourg du 1 au 5 octobre 1990 et l'Union internationale de Radioécologie sur le sujet: "Estimation comparée de l'impact sur l'environnement des radionucléides libérés lors de trois accidents nucléaires, Kychtym, Windscale, Tchernobyl". La délégation soviétique comprenait 46 personnes et a présenté 50 communications sur les 66 du séminaire. Ce séminaire a été suivi par 1 membre du GSIEN. - La conférence Internationale sur "les accidents nucléaires et le futur de l'énergie, leçons tirées de Tchernobyl" organisée à Paris du 15 au 17 avril 1991 sous la patronage de la Société Française de l'Energie Nucléaire et de la Société Soviétique d'Energie Nucléaire. Les actes de la conférence ont été publiés. Le titre de cette conférence est particulièrement bien choisi puisqu'il lie le futur de l'énergie (nucléaire) aux leçons de Tchernobyl. Il est donc important pour les promoteurs inconditionnels de l'énergie nucléaire de contrôler soigneusement les leçons de Tchernobyl. p.3
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L'état de la contamination
en URSS est à la base du problème, fondamental aujourd'hui,
de l'évacuation des habitants des territoires contaminés.
Selon les critères choisis, l'évacuation concerne des centaines
de milliers, voire un million de personnes. Nous verrons que les Républiques
ont pris des décisions basées sur la contamination surfacique
en Cs 137 qui s'avèrent beaucoup plus respectueuses de la radioprotection
de la population (plus "conservatrices" comme on dit) que celles du pouvoir
central. En gros, il s'agit d'évacuer au-dessus de 15 Ci/km2
pour les Républiques, au lieu de 40 Ci/km2 pour le pouvoir
central. Nous discuterons de ce point en détail puisqu'un nouveau
"Concept" est encours d'élaboration par le pouvoir central.
Rappelons que les "normes" instituées dès le mois de mai 1986 pour la contamination surfacique du sol ont été fixées à: Cs 137: 7 Ci/km2, relevé ensuite à 15 Ci/km2 (555 kBq/m2) Sr 90: 3 Ci/km2 (222 kBq/m2) Pu 239-240: 0,1 Ci/km2 (3.700 Bq/m2) Peu de changements auraient été observés au cours du temps en ce qui concerne les lignes d'isoactivité surfacique. Des zones sous contrôle ont été instaurées selon la contamination du sol en Césium 137 (Gazette N°96/97, page 10): - zones sous contrôle permanent, "strict": > 15 Ci/km2 - zones sous contrôle périodique: 5 à 15 Ci/km2 Les Républiques veulent évacuer tous les habitants des zones sous contrôle strict. Elles envisagent d'accorder désormais des avantages matériels à ceux qui vivent sur des territoires contaminés entre 1 et 5 Ci/km2. Jusqu'à présent, les avantages matériels étaient réservés aux habitants des zones sous contrôle. I. La contamination par le Césium 137 Les dernières cartes de contamination
ont été publiées en septembre 1990 par la revue soviétique
"Naouka i Jizn", n° 9 (1990) (Science et Vie) concernant la
partie européenne de l'URSS. Cette mise à jour a été
effectuée sous les auspices du Comité de l'Hydiométéorologie
d'LRSS et les commentaires accompagnant ces cartes reprennent de larges
passages de l'article du Directeur du Comité de l'Hydrométéorologie
d'URSS, Youri Izraël publié par la Pravda le 20 mars
1989. Ne figure pas sur la carte de contamination par le Cs 137 la région
de Brest, voisine de la frontière polonaise dont on sait cependant
que le niveau de contamination, supérieur à 40 Ci/km2,
nécessite l'évacuation de quelques villages.
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Des données existent désormais pour quelques villes. Ainsi une carte détaillée de la contamination de la ville de Kiev a été publiée par le journal Kiev-Soir (1/10/90). Y sont répertoriées un grand nombre de zones contaminées entre 1 et 2 Ci/km2 en Cs 137 avec des enclaves de 2 à 3 Ci/km2 et plus. La ville de Gomel serait contaminée entre 1 et 5 Ci/km2 avec quelques taches atteignant 7 Ci/km2 (Biélorussie Sov. 7/11/90). Des taches ont été récemment détectées dans la station balnéaire de Sotchi, à plus de 1.000 km de Tchernobyl[1]. La région de Moghilev, en Biélorussie, a-t-elle été
contaminée par des pluies artificielles en mai 1986?
p.4
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La contamination par le Césium 137 dans les trois
Républiques de Biélorussie, Ukraine, et Fédération
de Russie (RSFSR)
Nous donnons dans le tableau suivant les informations publiées par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (Vienne, 25 juillet 1990, rapport INFCIRC/383) analogues aux données de Belyayev et Demin (Paris, avril 1991). Certains chiffres varient selon les sources: ainsi selon nos informations ce sont 11.600 habitants et non 9.700 qui habitent en Biélorussie des terres contaminées à plus de 40 Ci/km2 (Gazette n° 100). Nous avons adjoint à ce tableau la contamination entre 1 et 5 Ci/km2 et fait figurer quelques informations complémentaires indiquées entre crochets [ ]. Les superficies sont données en km2 et le nombre d'habitants concernés en milliers de personnes. 1986. [La définition des zones sous contrôle a été donnée dans la Gazette N°96/97, p. 10]. En résumé: sur l'ensemble
des trois Républiques:
II. La contamination par le Strontium 90
Région proche de Tchernobyl
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De petites enclaves à 3 Ci/km2 existent cependant en dehors de la région évacuée, certaines étant même à l'extérieur des zones sous contrôle. Les lignes d'isoactivité surfacique sont indiquées sur la carte. On peut en conclure qu'au nord-ouest de Tchernobyl (aux environs de Mozir) une superficie d'environ 1.200 km2 (35 km x 35 km) a une contamination surfacique moyenne de 0,5 Ci/km2 (de 0.85 à 0.17 Ci/km2). Régions lointaines
Augmentation des leucémies
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Trois remarques à propos de la contamination
interne par le Strontium 90
1. Lorsqu'il s'agit d'une ingestion chronique (permanente) d'un radionucléide, la charge corporelle augmente régulièrement au cours du temps pour atteindre un état d'équilibre. Cet équilibre est approximativement atteint au bout de 4 périodes effectives du radionucléide considéré. Pour le Césium 137, cette période est d'environ 100 jours et l'équilibre est donc rapidement atteint. Pour le Strontium 90, la période effective est de 18 ans. On voit donc que la charge corporelle en Sr chez les habitants des zones contaminées par le Strontium et qui sont soumis à une incorporation chronique est loin d'avoir atteint l'équilibre. La charge corporelle en Sr devrait augmenter jusqu'à la fin de leur vie si la nourriture ingérée est contaminée. Les problèmes de migration dans le sol et de transfert aux plantes sont donc fondamentaux. 2. Le niveau d'équilibre pour la charge corporelle Q dans le cas d'une incorporation chronique constante (qBq/an) est égal à 3. Les auteurs du rapport soviétique à la Conférence de Vienne en août 1986 (voir Gazette N°73/74, nov.-déc. 1986) mentionnaient dans l'annexe VII concernant les problèmes médicaux et biologiques (page 65): "Au bout d'un certain temps il est possible que ce nucléide (Sr 90) soit d'une importance fondamentale avec le césium". Fonder les estimations de dose à partir du Césium comme le font généralement les experts officiels, en négligeant le Strontium pourrait conduire à une sous-estimation notable. III. La contamination par le Plutonium D'après la carte publiée par
Biélorussie
Soviétique (20 avril 1990), le territoire contaminé au-dessus
de 0,1 Ci/km2 est entièrement contenu dans la zone d'exclusion
initiale des 30 km - et c'est une chance ! - à l'exception d'une
petite bande située entre cette zone et le bourg de Polieskoyé
(qui n'aurait été évacué qu'à l'été
1989 selon le Dr Bénassy).
IV. Les particules chaudes Plusieurs communications[7] leur ont été consacrées au Colloque de Luxembourg (oct. 1990). (suite)
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Si la situation est confuse concernant leur composition et leurs caractéristiques physicochimiques un point a été souligné: l'importance des particules chaudes pourrait avoir été notablement sous-estimée dans la contamination de l'environnement. On peut schématiser de la façon
suivante:
Autopsies
p.6
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On a vu récemment, lors
du colloque organisé à Paris par la Société
Française de l'Energie Nucléaire (15-17 avril 1991) d'ardents
défenseurs de l'énergie nucléaire se plaindre dans
les couloirs de la langue de bois de leurs collègues soviétiques
surtout celle de M. Iline, responsable de la radioprotection d'URSS, lui
reprochant de ne pas "moduler" son discours, le rendant de ce fait peu
crédible. Il se cramponne au chiffre de 31 morts pour le bilan de
Tchernobyl.
Pour notre part, nous remettons en cause l'ensemble des estimations effectuées par les autorités du pouvoir central de Moscou et des divers Instituts d'URSS qui y sont rattachés. Ces estimations concernent le nombre de morts déjà observé parmi les "liquidateurs", soldats et travailleurs ayant participé - et participant toujours - à la décontamination du site de Tchernobyl ainsi que les doses qu'ils ont reçues au cours de leur intervention. Elles concernent également les doses reçues par les populations qui vivent sur les territoires contaminés et dont dépendent les décisions d'évacuation à mettre en oeuvre actuellement. Sur ce dernier point nous versons une pièce au dossier prouvant les mensonges de M. Iline et de ses amis. La sous-estimation systématique des doses déjà reçues par les populations de Biélorussie, d'Ukraine, de la Fédération de Russie et de celles, calculées, qu'elles recevront à ravenir, entraîne une sous-estimation des effets à long terme, cancérigène et génétique. Pour le présent elle oblige les autorités sanitaires à invoquer en priorité la radiophobie pour expliquer l'augmentation de la morbidité que désormais elles ne peuvent plus nier. Selon les informations fournies par K.K. Douchoutine (URSS) à Luxembourg (oct. 1990) 2,5 millions de personnes seraient suivies médicalement par l'Institut de Biophysique d'URSS (Moscou) et le Centre de Médecine Radiologique (Kiev). Des données existent concernant les personnes ayant travaillé à l'élimination des conséquences de l'accident de Tchernobyl, les "liquidateurs" et les habitants des zones sous contrôle mais aucune précision sur le nombre de personnes suivies appartenant à ces deux catégories n'a été communiquée lors du séminaire. Nous traiterons séparément la morbidité relevée dans la population des zones sinistrées et celle relative aux "liquidateurs" qui est très spécifique en utilisant plusieurs sources communications au séminaire du Luxembourg, presse, communications personnelles, etc. La morbidité dans les zones sous contrôle Selon K.K. Douchoutine "il n'y a eu aucune modification de l'état sanitaire des populations vivant dans les zones sous contrôle permanent, d'après les études effectuées lors des deux années ayant suivi l'accident". Il nous renvoie aux publications de Romanenko et al, Kiev, 1988, sur "les aspects médicaïix de l'accident du réacteur de Tchernobyl". Emise en octobre 1990, soit deux ans après ces publications, cette affirmation est une demi-vérité ou un demi-mensonge. (suite)
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En fait, elle n'est pas en contradiction avec les informations émanant de la presse soviétique puisque ce n'est qu'à la fm 1988 qu'une détérioration notable de la santé s'est manifestée d'une façon visible chez les résidents des zones contaminées, rapportée tout d'abord par les Nouvelles de Moscou en février 1989 (voir Gazette N°96/97). En Ukraine
C'est donc en 1989 qu'on note une augmentation
brutale d'anémies et d'hyperplasies de la thyroïde. Les médecins
ont noté également chez les enfants et les adolescents une
hyperréactivité aux tests tuberculiniques bien qu'il n'y
ait pas eu contact avec des tuberculeux.
En Biélorussie
p.7
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Tous les systèmes de régulation,
endocrinien, immunitaire, cardiovasculaire, sont atteints:
- les sécrétions d'hormones thyroïdiennes sont très perturbées et on observe beaucoup d'hyperplasies de la thyroïde chez les enfants[9]. - les défenses immunitaires sont amoindries avec pour conséquence l'augmentation des maladies infectieuses comme le montre la comparaison des données sanitaires entre 1985 et 1988 dans les régions de Gomel et Braguine. On observe également une augmentation des maladies auto-immunes et une diminution de l'activité antitumorale. - Des perturbations de la régulation neuro-hormonale du système cardio-vasculaire entraînent dystonie végétative, hypo et hypertension et une diminution des défenses anti-stress. Du point de vue dosimétrique l'étude des aberrations chromosomiques du sang des habitants de la région de Gomel montre un nombre de dicentriques de plusieurs fois supérieur à celui du groupe témoin vivant dans une région non contaminée. La charge en radionucléides est étudiée après autopsie. Outre le Césium on trouve également du Pu et du Sr dans les tissus des habitants des régions de Gomel et de Moghilev et cette charge ne diminue pas au cours du temps [Ceci implique une contamination chronique par la nourriture et par inhalation]. A cette énumération de E. Konoplya ajoutons quelques chiffres fournis par P. Kravchenko, Ministre des Affaires Etrangères (23 oct. 1990,45ème session des Nations Unies): - le nombre de problèmes thyroïdiens graves a doublé en Biélorussie méridionale - les cas d'anémie ont été multipliés par 8 dans les régions contaminées - les pathologies chroniques nasopharyngées ont été multipliées par 10 - la leucémie et autres cancers sont en augmentation, principalement chez les enfants. A la session du parlement biélorussien de janvier 1991, il a été indiqué que le nombre d'anomalies congénitales était en augmentation. Un programme spécial de surveillance des nouveaux-nés et de diagnostic prénatal va être instauré (Report on the USSR, vol 3, n°7, l5 feb. 1991). Conclusion: Désormais, contrairement aux affirmations réitérées depuis 1988, les officiels reconnaissent "qu'il y a une augmentation de presque toutes les maladies qui sont connues" (Belyayev et Demin, avril 1991, Paris). Il est affirmé que ce n'est pas dû au rayonnement: "En règle générale il n'a pas été trouvé de dépendance quelconque entre l'augmentation du nombre de maladies et la dose de rayonnement reçu". Cependant, on place maintenant, même si c'est en dernière position, les effets de l'exposition aux rayonnements comme cause possible dans la liste des causes énumérées. L'état sanitaire des "liquidateurs".
Selon K.K. Douchoutine, le suivi effectué
par les deux instituts de Kiev et Moscou porte sur 4 ans. En ce qui concerne
la mortalité, il dit la même chose que L. Iline, Directeur
de l'institut de Biophysique (et donc son supérieur hiérarchique):
l'étude ne montre pas de modification de la mortalité des
liquidateurs par rapport à la population normale, sans aucun
chiffre à l'appui.
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Aucune donnée n'a été fournie concernant la mortalité des différentes classes d'âge de la cohorte par rapport à celle de la population. A une question de la salle concernant la répartition des doses reçues, il a été répondu que les données dosimétriques sont insuffisantes pour certains sous-groupes. Commentaire Gazette
p.8
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Cette lettre est datée du 14 septembre
1989. Elle est cosignée par 92 scientifiques[13],
dont L. Iline, travaillant dans les domaines de la médecine radiologique
et de la radioprotection, au sujet de la situation créée
par l'accident de Tchernobyl. Elle est adressée à M. Gorbatchev,
Président du Soviet Suprême d'URSS. Elle demandait que soit
"discuté de manière urgente l'ensemble des données
concernant les conséquences médicales de l'accident afin
de prendre toutes les mesures sévères permettant la réalisation
des recommandations découlant du concept élaboré par
la Commission Nationale de Radioprotection", le concept de dose-vie
de 35 rem. Cette dose-vie est devenue légale en URSS au 1er janvier
1990.
I. Le contexte Rappelons que dans la phase d'urgence
plus de 100.000 personnes ont été évacuées
des régions proches de Tchernobyl. Le nombre des évacués
a varié selon les publications de 135.000 à 116.000. Si l'évacuation
des 45.000 habitants de Pripyat a été relativement rapide,
celle des habitants de la zone des 30 km l'a été beaucoup
moins tandis que d'autres évacuations dans la partie biélorussienne
affectant des villages situés jusqu'à environ 50 km de Tchernobyl
se sont poursuivies jusqu'en août 1986 (Gazette
N°96/97).
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Des normes temporaires de limites de doses
"admissibles" ont été établies après la catastrophe:
10 rem la 1ère année (irradiation externe + contamination interne) 3 rem la 2ème année 2,5 rem la 3ème année 2,5 rem la 4ème année Dès l'automne 1988, les autorités sanitaires soviétiques ont élaboré le concept de "dose-vie" afin de réglementer les conditions d'habitation des populations des territoires contaminés. M. Iline a défendu le concept de 35 rems sur la vie. C'est une dose calculée par les différents instituts dépendant du ministère de la Santé d'URSS (M. Iline est Directeur de l'Institut de Biophysique et responsable de la radioprotection d'URSS). Elle tient compte de l'irradiation externe par les dépôts au sol de Cs 137 et de la dose engagée par contamination interne provenant de l'ingestion d'aliments contaminés. La longévité est supposée être de 70 ans. Tous ces calculs impliquent des modèles: modèle de migration du césium dans le sol, de contamination des plantes, modèles concernant l'alimentation, le métabolisme, le mode de vie, etc. Si la "dose-vie" calculée pour des habitants en un lieu donné est supérieure à 35 rem, la décision d'évacuation est prise. Si elle est inférieure à 35 rem les limitations concernant la nourriture ne sont plus nécessaires, la vie redevient normale. M. Iline a toujours affirmé que cette norme de 35 rem était conforme aux recommandations internationales, ce qu'on contesté les scientifiques biélorussiens et ukrainiens membres des Académies des Sciences. Pour eux, les recommandations de la CIPR étalent de 7 rem sur une vie (de 70 ans). De plus, ils exigeaient de tenir compte du strontium, et des particules chaudes, de l'existence de groupes à risque plus élevé (enfants, femmes enceintes, malades...). Les scientifiques biélorussiens et ukrainiens s'opposèrent à la dose-vie de 35 rem imposée par le pouvoir central et préconisèrent une dose-vie de 7 rem, certains d'entre eux ont recommandé 10 rem. p.9
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II. De quelques arguments du pouvoir central
Nous nous intéressons ici aux arguments
contenus dans la lettre, spécifiques à la situation post-Tchernobyl
et non aux considérations générales identiques à
celles largement répandues chez nous (régions du monde à
rayonnement naturel élevé, irradiations chroniques par rapport
à l'irradiation aiguë, excès de cancer non détectable
par rapport aux cancers naturels, etc.). Notons seulement (p. 4, 5ème
ligne, "De plus on a tenu compte du fait que, d'après les recommandations
de la Commission Internationale de Protection Radiologique, pour un grand
nombre de personnes y compris les enfants qui habitent autour des installations
nucléaires a été considérée comme admissible
depuis plus de 30 ans une dose allant jusqu'à 0,5 rem par an, soit
35 rem pour une durée de vie de 70 ans".
1. Les doses déjà reçues par les populations
des zones contaminées sont trop importantes pour qu'on puisse fixer
une dose-vie inférieure à 35 rem[13]
2. Les conséquences qui résulteraient de l'adoption
d'une dose-vie de 10 ou 7 rem préconisée par les "autres"
scientifiques biélorussiens ou ukrainiens
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b) Le nombre de personnes qui seraient concernées par l'évacuation: près d'un million de personnes Page 9: "Il faut ausi considérer cette proposition [d'une dose-vie] de 10 et 7 rem du point de vue du stress psychosociologique profond qui serait provoqué par l'évacuation de centaines de milliers (jusqu'à un million) de personnes (souligné par nous) dont résulterait inévitablement un détriment pour leur santé, provoqué par le changement de mode de vie et l'organisation des soins médicaux et des contrôles. En cas d'acceptation de la dose de 7-10 rem comme critère d'évacuation, ce problème apparaîtrait pour les habitants de plusieurs grandes villes et centres de districts. (souligné par nous) Du point de vue médical, d'après notre profonde conviction, l'attribution de moyens matériels pour les soins médicaux de la population des régions sinistrées aura beaucoup plus d'effet qu'une évacuation massive". Page 10.... "Enfin, il apparaît des doutes quant aux possibilités réelles d'application concrète, même de façon plus modeste, des recommandations sanitaires insistantes émanant depuis plus d'un an du corps médical, à l'échelle de populations déplacées massivement. Dans ce cas, peut-on parler de garanties possibles des soins médicaux et de garanties sociales dans le cadre d'un plan prévoyant le déplacement d'un million de personnes?" Conclusion La lettre adressée à M. Gorbatchev,
Président du Soviet Suprême d'URSS par M. L. Iline et ses
supporters pour faire entériner la dose-vie de 35 rem comme critère
de décision dont le dépassement entraîne l'évacuation
prouve:
Note
p.10
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Comme nous allons le montrer,
ce point est manifeste pour les doses reçues par les habitants des
zones sous contrôle permanent, "strict", représentant environ
250.000 personnes pour l'ensemble des trois Républiques de Biélorussie,
Ukraine, Fédération de Russie.
Selon S.T. Belyayev et V.F. Demin, la dose moyenne reçue par ces habitants entre 1986 et 1989 s'élève à 3,5 rem (35 mSv) dont 2,7 rem par irradiation externe. Cette donnée figure dans les Actes de la Conférence Internationale tenue à Paris en avril 1991 dans la communication intitulée "Les conséquences à long terme de Tchernobyl. Les contre-mesures et leur efficacité". Or, cette dose représente une diminution drastique par rapport aux évaluations antérieures qui portent pourtant sur des périodes d'exposition plus courtes. 1. Les premières données dont nous avons eu connaissance concernent les Biélorussiens. Elles ont été rendues publiques par le Dr Bouriak, médecin chef sanitaire de Biélorussie, adjoint du Ministre de la Santé (Biélorussie Soviétique, 9 février 1989): "La dose totale reçue par les habitants des zones sous contrôle durant les années 86-88 a été de 9 rem et sur les autres parties du territoire 3,3 rem alors que la dose admissible était de 15,5 rem (10 rem la 1ère année, 3 rem la 2ème année, 2,5 rem la 3ème année). Quelques personnes, c'est vrai, ont dépassé ces limites, 38 dans la région de Gomel, 10 dans la région de Moghilev". Il pouvait y avoir ambigüité sur le terme "zones sous contrôle". Englobait-il les zones sous contrôle permanent et les zones sous contrôle périodique, les autres parties du territoire étant le reste de la Biélorussie? Cette ambiguité est levée par le Président du Conseil de Biélorussie, M. Kovalev (Pravda du 11 février 1989): "Les habitants des zones sous contrôle permanent ont reçu 9 rem durant les années 86-88 alors que ceux des zones sous contrôle périodique ont reçu moins de 3 rem". En Biélorussie sont répertoriés à l'époque 103.000 habitants dans les zones à contrôle permanent, strict (contamination en Cs 137 supérieure à 15 Ci/km2) et 206.000 habitants dans les zones sous contrôle permanent (5 à 15 Ci/km2). La dose moyenne des 309.000 habitants des zones sous contrôle serait alors de 5,2 rem. 2. Dans l'important article de la Pravda du 20/3/1989 consacré à Tchernobyl sous le titre "Le passé ; prévisions pour le futur", le Directeur du Comité d'Etat à l'hydrométéorologie d'URSS, Y. Izraél, indiquait: "Les équivalents de dose efficace tant par irradiation externe que par contamination interne correspondant à l'exposition durant la première année et lès années suivantes ont été calculés pour des habitants de centaines de villages. Une étude soignée des radionucléides présents et des spectres gamma a permis de faire des calculs avec un degré de précision suffisant. La dose individuelle (tant externe qu'interne) accumulée jusqu'à l'automne 1988 par la majorité de ces habitants est en moyenne de 5,3 rem. Aucune maladie des rayons sous quelque forme que ce soit n'a été trouvée". (suite)
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Ainsi, Y. Izraël redonne la même valeur de dose que pour les Biélorussiens, mais ne précise ni le nombre d'habitants concernés ni l'activité surfacique des zones incriminées. 3. Six mois plus tard, en septembre 1989, dans leur lettre à Gorbatchev, les 92 signataires - et parmi eux les principaux responsables de la radioprotection d'URSS - indiquent que la majorité des habitants, des zones sous contrôle strict [ou zones à contrôle permanent, contamination en Cs 137> 15 Ci/km2] ont déjà reçu la dose de 7 à 10 rem ou l'atteindront prochainement. il s'agit pour l'ensemble des trois Républiques touchées par la pollution radioactive d'environ 250.000 personnes et l'estimation correspond en gros à celle donnée pour les 103.000 Biélorussiens des zones sous contrôle strict. 4. Désormais, en avril 1991, "d'après les données disponibles, la population dans la zone strictement contrôlée a reçu de 1986 à 1989 une dose moyenne pour l'ensemble du corps de 35 mSv" (3,5 rem) (Belyayev et Demin, Paris, avril 1991). L'optimisme de Y. Izraël sur la qualité des contrôles dosimétriques effectués est contredit par ses collègues: "En raison de l'énorme échelle de l'accident, du manque d'un nombre suffisant de techniques de mesure et de certaines dificultés d'organisation, il n'a pas été possible de faire des mesures en quantité nécessaire. Une partie des mesures ont été éliminées parce que n'étant pas suffisamment fiables" (souligné par nous). Il n'est pas indiqué si les mesures rejetées correspondaient à des valeurs élevées que les responsables jugeaient a priori comme non fiables ou s'il s'agissait de valeurs anormalement faibles. Les auteurs continuent: "A présent, un certain travail est effectué sur l'amélioration des données concernant les doses précédemment reçues, sur la base des résultats de mesure, d'études des conditions locales, et de modèles améliorés". (?!...) Il est difficile d'expliquer une diminution d'un facteur voisin de 3 pour les doses reçues par les habitants des zones contaminées à plus de 15 Ci/km2. A moins que les Biélorussiens ne fassent pas partie des statistiques de M. Belyayev et Demin? Tout cela ressemble fort à un tripatouillage des résultats, on adapte les mesures et les modèles suivant ce qu'on désire trouver. Ce genre de pratique ne semble pas troubler les "scientifiques" occidentaux. Il est à craindre que les "modèles améliorés" dans les bureaux de Moscou et Leningrad ne tiennent pas compte de la situation réelle. Toutes les informations convergent au sujet de la difficulté de s'approvisionner en nourriture "propre" dans les zones contaminées et du peu de sérieux du contrôle dosimétrique de la nourriture. Etant donné l'enjeu, puisque le nombre des personnes à évacuer va dépendre des doses reçues, il est normal que les doses diminuent! Il faudra invoquer encore plus de radiophobie pour expliquer l'accroissement de la morbidité chez les habitants qui continueront à résider dans les zones contaminées! p.11
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Ce nouveau "concept" qui, pour
les autorités centrales soviétiques, devrait régir
les conditions de vie dans les régions affectées par la catastrophe
de Tchernobyl a été présenté à Paris
lors du colloque organisé conjointement par les sociétés
française et soviétique d'énergie nucléaire
sur les accidents nucléaires et le futur de l'énergie (15-17
avril 1991). Il s'agit d'un document préparé par un groupe
de travail présidé par l'académicien S. Belyayev.
Le fait que la date indique "1991" sans autre précision, nous incite
à penser qu'il s'agit d'un projet en instance d'adoption par le
Soviet Suprême d'URSS. Il est possible que les auteurs du projet,
L. Iline et al, soient venus chercher des appuis auprès de
leurs collègues français, tout comme ils avaient fait donner
la garde pour le critère de la dose-vie de 35 rem, en l'occurrence
P. Pellerin (voir Gazette N°100,
mars 1990).
Ce document est rendu plus compréhensible si on le complète par l'interview de V. Goubanov (Président du Comité chargé de l'élimination des conséquences de l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl) accordée à l'agence Novosti (Bulletin du Bureau d'Information Soviétique, avril 1991). Jusqu'à présent, depuis le 1er janvier 1990, les niveaux d'intervention nécessités par les contre-mesures mises en place suite à la catastrophe étaient régis par une limite supérieure de dose, la "dose-vie" de 35 rem. On estime que la situation actuelle nécessite d'autres mesures. Ainsi le nouveau "concept" élabore les critères déterminant les contre-mesures aujourd'hui et introduit un niveau inférieur d'intervention. Concrètement, désormais on suppose que toutes les contre-mesures entreprises jusqu'à maintenant et qui visaient à limiter la dose-vie à une valeur inférieure à 35 rem ont été couronnées de succès! Il s'agit essentiellement de l'évacuation des habitants des territoires contaminés à plus de 40 Ci/km2 en Cs 137. Ces personnes ayant été évacuées ou étant en instance d'évacuation dans le cadre de la réalisation du programme d'Etat et des Républiques 1990-1992 pour la liquidation des conséquences de l'accident de Tchernobyl, il n'est plus nécessaire d'avoir une limite supérieure pour la "dose-vie": la limite de 35 rem ne sera plus atteinte par personne. Voilà en gros le raisonnement simpliste d'Iline et al. Ceci est d'autant plus facile à mettre en oeuvre pratiquement que ce sont les Services dépendant d'Iline qui font les calculs de dose. Dans ces conditions les doses reçues entre 1986 et 1991 ne sont plus à prendre en compte (nous montrons par ailleurs comment les doses calculées pour les habitants des zones sous contrôle permanent ont diminué au fur et à mesure que le temps passait). Il n'y a plus besoin d'un niveau supérieur d'intervention dans la stratégie des contre-mesures à mettre en oeuvre! Ainsi, grâce à l'efficacité des mesures qui ont été prises pour réduire les doses reçues par la population, aucune autre "réimplantation" massive obligatoire n'est justifiée en dehors de celles prévues pour 1990-1992! (en plus des habitants des zones contaminées à plus de 40 Ci/km2, devraient être impliqués par ces évacuations obligatoires des résidents de zones moins contaminées [15-40 Ci/km2] à situation familiale particulière: familles à enfants de moins de 14 ans, femmes enceintes, malades. D'après V. Goubanov, les évacuations obligatoires 1990-1992 concerneraient, pour les trois Républiques, environ 140.000 personnes). Une conséquence immédiate en résulte: "Les réimplantations additionnelles possibles ne peuvent être que volontaires". Ainsi on peut considérer que la 2ème phase de gestion de la crise post-accidentelle ayant succédé à la phase d'urgence est terminée. Désormais commence la phase de "normalisation" de la vie quotidienne qui nécessite la fixation d'un niveau inférieur d'intervention qui, s'il est vérifié, ne nécessite plus aucune restriction. Le niveau inférieur d'intervention (1 mSv/an)
(suite)
|
suite:
"Pour des niveaux inférieurs ou égaux à 1 mSv, les conditions de vie et de travail des populations ne nécessitent aucune restriction. On appliquera les mesures sanitaires et d'hygiène habituelles, en vigueur dans les régions non contaminées d'URSS" (Document élaboré par le Groupe de travail présidé par S. Belyayev, Paris, avril 1991). Niveau intermédiaire d'intervention (5 mSv/an)
Conclusion: Avec le "on efface tout et on
continue", les autorités du pouvoir central s'opposent directement
aux décisions des Républiques. Que va-t-il se passer alors
que celles-ci avaient décidé d'évacuer les populations
des zones contaminées à plus de 15 Curies/km2?
(environ 250.000 personnes pour les trois Républiques). Le Parlement
ukainien a même envisagé en janvier 1991 l'évacuation
des habitants des zones contaminées entre 5 et 15 Ci/km2
(évacuation dite "garantie" pour la différencier de l'évacuation
obligatoire des habitants des zones contaminées à plus de
15 Ci/km2). Vu les problèmes financiers rencontrés
pour rendre ces évacuations effectives, il est à craindre
que le pouvoir central n'ait finalement gain de cause.
p.12
|
Pendant longtemps les autorités officielles ont nié que la contamination radioactive puisse affecter la population. Pourtant, dès octobre 1989, des reportages ont fait état de problèmes sanitaires soulevés tant par les vétérinaires que par les médecins. En février 1990, l'Institut de Recherche Radiologique de Léningrad (dirigé par Ramzaïev, membre de la CIPR) répond que ces problèmes sont dus à la radiophobie et à l'avitaminose car les gens ne mangent plus leurs légumes. Nous avons toujours insisté dans la Gazette sur la nécessité du suivi vétérinaire car les animaux sont de bons bio-indicateurs sanitaires: fécondité (et donc taux d'avortements spontanés), mortalité, malformations à la naissance, etc. Apparemment, cela n'a pas inquiété Ramzaïev et Popov... Leurs oreilles vont-elles chauffer? Nous apprenons en effet qu'au cours de la "Résolution du Soviet Suprême de la RSFSR sur le programme d'élimination des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl 1990-1995" il est décidé: "Une commission d'enquête est chargée d'instruire le dossier des officiels qui ont caché les informations sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl dans un certain nombre de régions (oblast) de la Fédération de Russie et de leur faire rendre compte de leur action incorrecte ou leur inaction dans l'élimination des conséquences du désastre au cours des années 198&1990" (article 1). Il est indiqué que "du temps a été irrémédiablement perdu et que la solution à de nombreux problèmes, en particulier l'évacuation des habitants de zones dangereuses pour la santé (environ 110.000 personnes dans la seule région administrative de Briansk) a été retardée d'une façon injustifiée. |
Ces habitants n'ont pas été approvisionnés en nourriture propre d'une façon suffisante, les soins médicaux et les services publics n'ontpas été assurés de façon satisfaisante". Des tensions sociales sont apparues dans les régions contaminées à cause du retard apporté à prendre les mesures nécessaires et une perte de confiance dans les autorités locales et centrales en est résultée dans une partie de la population. "Il est injustifié de reporter jusqu'en 1995 l'évacuation des habitants vivant sur des territoires contaminés à plus de 15 Ci/km2, aussi le Parlement demande à ce que l'évacuation et la réimplantation en zone non contaminée des habitants se fassent au plus tard en 1991". "Un programme spécial concernant les enfants doit être entrepris sous le nom "Les enfants de Tchernobyl" afin de limiter et réduire au maximum les effets néfastes sur la jeune génération... Une loi spéciale doit fixer le statut légal des victimes du désastre sous l'intitulé "Sur les droits des citoyens ayant souffert de la tragédie de Tchernobyl" (article 4). La production agricole contaminée doit être bannie de même que celle de la viande. Le Conseil des Ministres doit étudier la possibilité d'utiliser les terres contaminées à d'autres fins économiques et reconvertir l'activité économique sur ces territoires (article 5) (Extraits, Sovietskaya Rossiya, 2 novembre 1990). p.13
|
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Les conditions de vie dans les territoires
sous contrôle. Le projet de loi de janvier 1991 du Parlement ukrainien
Les trois Républiques, Ukraine, Biélorussie,
RSFSR avaient décidé d'évacuer les populations vivant
sur des territoires contaminés à plus de 15 Ci/km2
en Césium 137.
Loi sur le statut du territoire ayant subi la contamination
radioactive (Janvier 1991)
(suite)
|
suite:
I. Zone d'évacuation obligatoire (inconditionnelle) Définition
p.14
|
- Activités permises
dans la zone d'exclusion et d'évacuation obligatoire:
· "liées à l'exploitation de la centrale de Tchernobyl jusqu'à sa fermeture et les activités technologiques liées aux blocs-réacteurs jusqu'à leur démantèlement · propres à assumer une situation sûre [au niveau de la sécurité] du bloc réacteur n° 4 [celui qui a explosé] · destinées à empêcher la migration des radionucléides hors la zone · liées à la surveillance permanente de la situation radiologique dans l'environnement naturel, au maintien sur le territoire d'un état sanitaire approprié avec une protection contre les incendies, au traitement et à l'enfouissement des déchets radioactifs de basse et moyenne activité selon des procédés conformes aux normes et aux connaissances actuelles, à l'application de méthodes biologiques permettant d'assurer la fixation des radionucléides..." (art. 12, chapitre 2) II. Zone d'évacuation dite" garantie" Définition:
(suite)
|
suite:
· pour la population de ces zones ont été instaurés certains provilèges et des compensations selon la loi régissant le "Statut des citoyens sinistrés suite à la catastrophe de Tchernobyl" et d'autres actes de législation sont en cours..." (art. 17, chapitre III). III. Zone sous contrôle radioécologique Définition:
IV. Zones sans mesures spéciales "Ce sont les territoires où la pollution
radioactive du sol en Cs, Sr et Pu est respectivement inférieure
à 1 Ci/km2, 0,15 Ci/km2,0,0l Ci/km2.
Le chapitre V du projet de loi décrit
le contrôle de la législation dans les zones ayant subi la
contamination radioactive (rôle des soviets locaux, organismes d'Etat,
etc.). Ainsi la surveillance radiologique du territoire, les travaux méthodologiques
et la coordination des travaux sont confiés au service ukrainien
de l'hydrométéorologie; celle des terres au Ministère
de l'agriculture, etc.
p.15
|
Le parlement biélorussien avait
invité M. Gorbatchev lors de sa session de juin 1990 alors qu'il
traitait des mesures urgentes à prendre pour aider les personnes
subissant des détriments suite à la catastrophe de Tchernobyl.
M. Gorbatchev n'est pas venu et cela a été mal perçu
par la population d'autant plus que le gouvernement central n'a versé
que 3 milliards de roubles au lieu du minimum nécessaire de 17 milliards
prévus pour la décontamination et l'évacuation des
habitants des zones très contaminées. M. Gorbatchev a essayé
de se rattrapper en février 1991. S'adressant au Parlement de Biélorussie
le 26/2/1991, il a déclaré qu'allait être élaborée
une loi sur la protection sociale des citoyens ayant subi des préjudices
suite à la catastrophe de Tchernobyl: "le maximum va être
fait pour assurer les moyens sociaux et les dédommagements matériels
aux personnes ayant pris part à l'élimination des conséquences
de la catastrophe de Tchernobyl et à ceux qui résident temporairement
dans les territoires contaminés".
Il est instructif de suivre les préoccupations
du pouvoir politique des différentes républiques suite à
la catastrophe de Tchernobyl. A titre d'exemple, nous présentons
"les décisions du Soviet Suprême de Biélorussie
sur les mesures d'accélération du programme d'Etat concernant
la liquidation des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl"
prises à la fin juillet 1990 et publiées dans "Sovietskaya
Bielorussia" du 4 août
1990. Le style est assez langue de bois et pour en faciliter
la lecture nous avons regroupé différents articles de ces
"décisions" sous quelques rubriques. Les intertitres sont donc de
la Gazette. Notons que, désormais, dans tous les textes officiels
biélorussiens, le mot "accident" (avaria) a été remplacé
par "catastrophe" (catastropha).
Décisions du Soviet Suprême de Biélorussie
"...La République Socialiste Soviétique de Biélorussie est déclarée zone de catastrophe nationale... Elle soutient la Décision du Soviet Suprême d'Ukraine d'exiger du gouvernement d'URSS la fermeture de la centrale de Tchernobyl, au plus tard en 1992. Les évacuations
La production agricole
La production industrielle
Les zones contaminées entre 1 et 5 Ci/km2
(suite)
|
suite:
Il faut élaborer, au cours du mois, un système de privilèges et d'avantages matériels pour les médecins et infirmiers, les instituteurs, les services de police et autres catégories de spécialistes qui travaillent dans les territoires contaminés à plus de 1 Ci/km2 afin de les attirer dans ces régions pour protéger les populations victimes de la contamination et leur assurer une vie normale. [Nous avions signalé dans la Gazette N°100, mars 1990, les difficultés de la vie quotidienne dans ces territoires]. Protection sanitaire
L'information
Les relations (tendues) avec le pouvoir central et la souveraineté
p.16
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Dans le rapport UNSCEAR (United
Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation - Comité
des Nations Unies sur les effets des radiations atomiques) de 1988 "Sources,
effects and risks of ionizing radiation", un chapitre est consacré
à Tchernobyl et aux irradiations qui vont résulter de l'accident.
Afin d'évaluer la contamination en URSS et en déduire les
doses engagées, l'URSS a été divisée en 5 régions.
La Biélorussie dans sa totalité constitue une des 5 régions
(région n° 1) et sa contamination surfacique est évaluée
à (p.353):
39 kBq/m2 en Cs 137 21 kBq/m2 en Cs 134 Si l'on se réfère aux données de l'AIEA de juillet 1990, identiques à celles de Belyayev et Demin ,Paris, avril 1991), on trouve que la superficie du territoire biélorussien contaminé est: entre 5 et 15 Ci/km2 (en Cs 137): 10.l60km2 entre l5 et 40Ci/km2 (en Cs 137): 4.210km2 au dessus de 40 Ci/km2 (en Cs 137): 2.150 km2 En prenant respectivement comme valeurs moyennes 10,27 et 60 Ci/km2, on arrive à une contamination globale du dépôt en Cs 137 de 344.270 Ci pour une superficie de 207.000 km2 soit une activité surfacique moyenne de 1,66 Ci/km2 ou 61,5 kBq/m2 au lieu de 39 kBq/m2! Or on doit tenir compte du territoire biélorussien contaminé entre 1 et 5 Ci/km2 et qui couvre environ 20 à 25.000 km2. Ceci introduit 50.000 Ci dans le total! Les 80 % "non contaminés" de la Biélorussie ne sont pas exempts de contamination. il s'agit de 165.000 km2 dont on peut estimer l'activité surfacique moyenne à 0,1-0,2 Ci/km2 ce qui rajoute entre 16;000 et 30;000 Curies. Ainsi la contamination totale est d'environ 414.000 Ci, soit une activité moyenne de 2 Ci/km2 ou 74 kBq/m2. On aboutit ainsi à un facteur de sous-estimation voisin de 2 à partir des données officielles (dont on a toute raison de penser qu'elles ne noircissent pas la réalité) et donc une sous-estimation d'un facteur 2 pour les doses engagées rien que par la contarnination surfacique. |
A propos de la viande "propre" en Biélorussie
La région de Gomel en Biélorussie
est une région d'élevage sévèrement touchée
par la contamination. Un des problèmes est donc de produire de la
viande et du lait "propres". Nous indiquons par ailleurs que de la viande
contaminée est exportée hors de Biélorussie.
Commentaire:
p.17
|
Dans les récents modèles
de radioprotection (NRPB-GS8, 1987), il est supposé que la période
biologique du Césium pour les enfants de 1 an est réduite
d'un facteur 5 par rapport à celle des adultes, ainsi il n'est pas
nécessaire d'envisager des limites dérivées plus faibles,
spécifiques pour les enfants. En fait, on connaît très
peu de choses sur la période biologique des césium 137 et
134 chez les enfants.
D'après Leggett R.W. (Health Physics, vol. n°6, june 1986, 747-759):
La valeur moyenne de la période biologique à partir d'un si petit nombre de cas n'a guère de signification. La limite supérieure qui devrait être prise en compte pour la radioprotection pourrait être plus grande que 33 jours. Pour déterminer cette limite, il est nécessaire d'obtenir des données sur des cohortes d'enfants beaucoup plus importantes, incluant divers paramètres: le sexe, l'âge, le poids, des paramètres spécifiques (conditions sanitaires du système musculaire, etc.). |
La charge corporelle dépend de la période
biologique. Pour calculer les doses engagées relatives à
une certaine incorporation de césium, il est nécessaire pour
la radioprotection de connaître la valeur maximum de la courbe de
dispersion pour les enfants qui appartiennent au groupe critique et pour
lesquels il serait nécessaire d'avoir des limites dérivées
spécifiques.
Ce texte a été présenté
en anglais sous forme de poster[23, voir note p. 23] au séminaire
organisé par la Commission des Communautés Européennes
concernant la comparaison de l'impact sur l'environnement de trois accidents
nucléaires majeurs, Kychtym, Windscale, Tchernobyl (Luxembourg,
1-5 octobre 1990).
p.18
|
Au sujet des évacuations effectuées
en 1990
Il nous a été impossible d'avoir des
précisions sur les personnes qui ont été
réellement
déplacées en 1990 dans les régions contaminées
des Républiques d'Ukraine, de Biélorussie et de la Fédération
de Russie car les nouvelles sont complètement contradictoires et
fantaisistes. Ainsi "Report on the USSR[14],
vol. 3, n° 7, 15 feb. 1991" indique que 72.700 personnes auraient été
évacuées d'Ukraine et Biélorussie selon l'agence Tass,
d'après des informations fournies par Victor Goubarov, Président
du Comité d'Etat chargé de l'élimination des conséquences
de l'accident de Tchernobyl. Une dépêche
de l'agence Tass du 17 avril 1991 rapporte que 88.000 personnes auraient
été déplacées alors que 29.000 étaient
prévues. Or, une interview du même V. Goubarov publiée
en avril 1991 dans le bulletin édité par le Bureau soviétique
d'information[15] de Paris, indique "on prévoyait
de transférer l'année dernière 29.000 personnes. Selon
les chiffres que nous possédons et qui ne sont pas définitifs,
26.900 l'ont été réellement... Les transferts les
plus intenses ont lieu en Biélorussie".
La contamination du bassin hydrographique Pour stopper la contamination du fleuve Pripet
(appelé aussi Pripyat), des travaux importants ont été
réalisés dès mai 1986 sur le site même de Tchernobyl:
construction de digues et d'un mur souterrain pour confiner les eaux provenant
de la zone proche du réacteur et des zones avoisinantes (Y. Izraël,
Pravda,
20/3/1989).
(suite)
|
suite:
Selon A. Volkov, le Pripet est pratiquement perdu avec son bassin versant et devrait être utilisé uniquement comme réserve écologique. Toutes les rivières (Pripet, Soj, Niesvitch, Ipout, Beced, Braguinka, Kolpita, Kopot) transportent vers le Dniepr les limons contaminés puis dans le lac réservoir de Kiev et ensuite la Mer Noire via le Dniepr. Il fait remarquer que les centrales hydro-électriques situées sur le Dniepr sont menacées et que dans cette région jusque vers la Mer Noire, vivent 40 millions d'habitants. Dans leur communication sur "les aspects hydrologiques et physico-chimiques de la contamination des bassins versants suite à l'accident de Tchernobyl", O. Voïtcékhovitch et al (Luxembourg, octobre 1990) font une estimation de la contamination des sédiments du lac réservoir de Kiev: elle s'élèverait à 2.575 Ci en Cs 137 pour une superficie totale de 922 km2, soit une activité surfacique moyenne de 2,8 Ci/km2. La contamination est plus élevée à l'amont, au confluent du Pripet et du Dniepr, et à l'aval à l'embouchure du Dniepr. Elle atteint 33 Ci/km2 au point le plus contaminé. La contamination de l'eau inquiète beaucoup certains scientifiques. Dans l'importante compilation effectuée pour la Commission des Communautés Européennes et l'Union Internationale des Radioécologistes: "Impact radioécologique de l'accident de Tchernobyl sur les écosystèmes aquatiques continentaux" (Rapport XI-3522/90 FR) les auteurs L. Foulquier et Y. Baudin-Jaulin font la citation suivante: à la question posée au professeur Grodzinski quelle est votre principale inquiétude pour les suites de Tchernobyl?, il répond: "Les fonds aquatiques. Il est difficile d'identifier précisément les fonds que l'on doit surveiller et stabiliser. Il y a un danger de remise en solution des radioéléments et transfert vers le milieu vivant". Enfin, il ne faut pas oublier les enfouissements hâtifs de déchets contaminés sur le site même de Tchernobyl dans des puits et tranchées insuffisamment étanches. Par lessivage, des radionucléides commenceraient à contaminer les eaux souterraines (Zh. Medvedev, Nuclear Engineering International, april 1991). La migration des radionucléides dans le sol Elle se révèle extrêmement
complexe, dépendant entre autres de la fraction soluble/insoluble
de la forme chimique sous laquelle se trouve le radionucléide considéré
et de la nature du sol: composition et acidité du milieu, structure
cristalline (argiles, sables podzol, etc.). Elle dépend aussi du
"modelé" et des paysages (végétation et occupation
des sols, espaces forestiers, prairies, terres agricoles...) de la topographie
du terrain (réseau hydrographique, relief, etc.).
p.19
|
Cs et Sr ont des comportements différents dans la
terre: en 1989, 76 à 99 % du Cs se trouve à l'état
fixé, non échangeable (c'est-à-dire qu'il ne peut
être extrait de la terre quand elle est traitée par de l'acide
chlorydrique). Par contre, le Sr est plus soluble (environ 16 %) et échangeable
(environ 90 %), la fraction échangeable augmentant avec la distance
à Tchernobyl.
Remarques: nous avions indiqué dans la Gazette N°96/97 le modèle utilisé par le National Radiological Protection Board concernant l'évolution du débit de dose efficace en fonction du temps pour un dépôt initial de 1 Bq/m2 en Cs 137. Au bout de 5 ans, le débit de dose par jour diminuait de moitié, passant de 4.10-11 Sv au temps t = 0 à 2,1.10-11 Sv au temps t = t0 + 5 ans, impliquant une période géophysique de migration dans le sol voisine de 6,5 ans (période physique du Cs 137 = 30 ans). Les résultats de Petryayev et al semblent indiquer une fourchette de périodes géophysiques plus longues. En tout cas, elles sont incompatibles avec les valeurs très courtes indiquées par Belyayev et Demin (Paris, avril 1991): 2 à 4 ans. De telles valeurs leur ont permis de diviser les doses par irradiation externe mais paraissent peu crédibles. C'est sur la base de telles estimations qu'ont été évaluées les doses externes reçues au cours des années 1986-1989 par les populations des zones,sous contrôle strict (ainsi que la dose pour l'année 1990: 0,1 mSv par Curie de Cs 137 et par km2 pour la population rurale...). Nous voyons sur cet exemple que seules les études a posteriori et en temps réel permettent d'évaluer la situation radîoécologique en un lieu donné et qu'il est facile de biaiser les résultats en réduisant la période géophysique d'un facteur 2 à 3 et plus, ce qui diminue d'autant les doses externes reçues. La migration secondaire Nous avons déjà indiqué
que la radioactivité se répand par les transports sur les
routes non goudronnées, les travaux agricoles, l'utilisation pour
le chauffage de tourbe et bois contaminés, le déplacement
du bétail, etc.
Le terme source et les doses reçues dans la "phase d'urgence" Des divergences existent concernant le terme source de la catastrophe de Tchernobyl entre les données soviétiques et celles calculées par les chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory (P.H. Gudiksen, Luxembourg, octobre 1990) pour qui la totalité des gaz rares, 60% des Iodes, 40% des Césium, 10% du Tellure et environ 1% d'éléments réfractaires, ont été rejetés. Les données soviétiques (Borovol, Luxembourg, octobre 1990) indiquent 20% pour l'iode 131 et 13% pour le Césium 137. Toutes ces données sont sujettes à révision. (suite)
|
suite:
Ces données sont importantes pour tenter d'estimer les doses reçues par les populations au cours de la phase d'urgence qui s'est prolongée bien au-delà du 15 mai. Pas seulement par rayonnement externe mais également par inhalation et migration des radionucléides dans l'alimentation et l'eau, en particulier par l'iode 131 et autres radionucléides à vie courte, sans oublier les Césium 134 et 137. Quel a été le niveau réel de contamination de l'eau alimentant Kiev et ses environs? Nous ne sommes guère convaincus par l'affirmation de Y. Izraël (Pravda, 20 mars 1989) selon laquelle l'eau n'aurait pas atteint la "norme" soviétique de 10-8 Ci/l (370 Bq/1) en rayonnement bêta. Il ne faut pas oublier que le scénario Tchernobyl ne s'est pas déroulé selon les prévisions des experts concernant l'accident majeur: les émissions massives se sont poursuivies pendant 15 jours. On est loin des 24 à 48 heures de la phase d'urgence régissant les PPI (Plans Particuliers d'Intervention) français. Les fissures du sarcophage
Avenir du "sarcophage"
p.20
|
Ainsi, quel est le destin du
"sarcophage?". La variante principale consiste à proposer d'assurer
l'étanchéité par réalisation du "sarcophage-2"
(ou Protection 2). Sa réalisation permettra d'une part de protéger
l'environnement des conséquences de la destruction de la tranche
4, et d'autre part préservera la possibilité d'accès
à la concentration de combustible et, à l'avenir, rendra
possible l'évacuation des matériaux radioactifs.
Jusqu'à quel point cette évacuation est-elle possible? On sait qu'après l'accident de T.M.I., le combustible détruit est resté à l'intérieur d'enveloppes étanches. Cette situation a été mise à profit pour effectuer le démontage sous l'eau à l'aide d'un robot spécialement construit à cet effet. Ce travail a nécessité plus de dix ans d'efforts et a coûté un milliard de dollars. L'accident de Tchernobyl est de beaucoup plus grande ampleur. La possibilité de remplir d'eau la tranche accidentée, les robots capables de travailler dans ces décombres n'existent pas non plus. Aussi, si l'on envisage malgré tout de démonter le "sarcophage" dans 5 à 10 ans, il est indispensable, en parallèle avec l'amélioration de l'étanchéité de la construction existante, de commencer activement à étudier les méthodes et les moyens pour le démontage projeté. D'ores et déjà, il existe des idées originales. Puisqu'on ne peut entreprendre un démontage sous eau, peut-etre est-il possible de remplir avec des composés légers spéciaux à durcissement rapide, lier avec eux la poussière des combustibles et passer au démontage de la tranche 4 ; comme placée alors dans une "solution solide". |
De notre point de vue, il serait très
souhaitable d'associer aux discussions et à la solution du problème
de l'avenir du "sarcophage" les chercheurs et les ingénieurs de
diverses spécialités aussi bien dans notre pays qu'à
l'étranger". (p. 30 idem)
- La zone interdite évacuée en
1986 n'est pas un cercle de 30 km de rayon. Elle s'étend en Biélorussie
j'usqu'à 50 km du réacteur (carte AIEA publiée par
Zh. Medvedev in Nucl. Eng. Int., april 1991; Gazettes Nucléaires
no 96/97 et 100).
p.21
|
Monsieur Pellerin, fonctionnaire du Ministère
de la Santé, a préconisé en Biélorussie une
limite d'intervention allant jusqutà 105 rem. C'est
la dose engagée pour un individu vivant pendant 70 ans sur un territoire
contaminé[16,17]. Rappelons qu'une dose de 105 rem sur 70
ans, soit en moyenne 1,5 rem (15 mSv) comme dose limite annuelle, représente
3 fois la limite légale française actuelle qui est de 0,5
rem (5 mSv) et 15 fois celle recommandée depuis 1985 par la Commission
Internationale de Protection Radiologique qui est de 0,1 rem par an (1
mSv). N'ayant pas été rappelé à l'ordre par
le Ministère de la Santé, ni par le Premier Ministre, on
est en droit de penser que M. Pellerin a exprimé l'opinion du
gouvernement. D'ailleurs, nous n'avons reçu aucune réponse
à la lettre adressée au Ministre de la Santé dans
laquelle nous nous étonnions des prises de position de son fonctionnaire[17].
Une réponse pour septembre 1990 avait été promise
à la délégation qui s'était rendue en juin
au Ministère de la Santé. Depuis, rien.
(suite)
|
suite:
Il ne s'agit pas seulement des morts à court terme (on oublie d'ailleurs que, s'il avait plu à Kiev en avril-mai 1986, ce n'est pas 31 morts parmi les intervenants rapprochés qu'il y aurait eu à déplorer, mais des milliers de morts par maladie des rayons dans la population de la capitale ukrainienne) mais des morts par cancer à plus long terme [19,20] dont on évite soigneusement de parler et qui donnent pourtant aux catastrophes nucléaires leur dimension spécifique. Il y a lieu d'être très inquiets. Lors du séminaire tenu à Luxembourg (octobre 1990), nous avons diffusé aux participants la lettre au ministre de la Santé, Claude Evin. Le Dr E.D. Stoukine, scientifique soviétique qui travaille à la surveillance radiologique du site de Tchernobyl (et ne comprenait pas le sens de cette lettre), nous a précisé le point suivant: lors d'une table ronde à la télévision de Kiev (courant janvier 1990 semble-t-il), le Pr Pellerin aurait affirmé qu'en cas d'accident nucléaire en France, on appliquerait comme critère d'évacuation dans la gestion du moyen terme une dose-vie bien supérieure à 35 rem. Nos craintes semblent donc, hélas, justifiées... Nota: Les densités de population en
France autour des centrales sont beaucoup plus élevées qu'en
URSS et il n'est pas déraisonnable de penser qu'un accident majeur
pourrait concerner 10 millions d'habitants. Cela ne veut pas dire que l'accident
serait du type Tchernobyl ! Rappelons ce que disait une intervenante lors
du Colloque de Montauban[21] suite aux communications de P. Tanguy
et R. Sené[22]. En voici un extrait: "Je
voudrais faire un commentaire sur le retour d'expérience dont ont
parlé MM. Tanguy et Sené et qui caractérise le fonctionnement
de notre système industriel.
p.22
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Certains comités d'experts
internationaux interviennent de plus en plus souvent et de plus en plus
ouvertement dans les affaires internes des Républiques de Biélorussie,
d'Ukraine et de Russie concernant la gestion post-Tchernobyl. Il est intéressant
d'apporter quelques précisions sur ces comités et sur leurs
experts.
1. L'AIEA (Agence Internationale de
1'Energie Atomique).
2. L'UNSCEAR (Comité Scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des radiations atomiques). Ce comité scientifique a été créé lors de l'assemblée générale des Nations Unies de 1955. Il est constitué par des représentants de 21 pays qui sont désignés par les gouvernements. (suite)
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suite:
De par sa nature, malgré son titre de comité scientifique, l'UNSCEAR est un organisme représentatif des gouvernement et bien sûr de leurs intérêts. Le représentant des intérêts français est H. Jammet, un employé du CEA qui depuis sa mise à la retraite est conseiller technique auprès de la direction du CEA. On y trouve aussi les personnes suivantes[24]: Lafuma (CEA), Bertin (EDF), Tubiana (Comité médical de l'EDF), Dutrillaux (Conseiller au CEA), Bouville[25] (CEA), Masse (CEA), Uzzan (CEA), Lemaire (?) et Pellerin (bien connu). Le gouvernement français a choisi pour être représenté dans ce comité scientifique des gens qui, dans leur quasi totalité, sont des employés rémunérés par le CEA ou l'EDF. 3. L'OMS (Organisation Mondiale de la
Santé). La constitution de l'OMS a été adoptée
par la Conférence internationale de la Santé (New York, juin-juillet
1946) et signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet
1946.
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Nous avons trouvé la citation
suivante de D. Popov, autorité scientifique "éminente" d'URSS:
"Dans les régions contaminées par les radionucléides, des conditions favorables se sont créées d'elles-mêmes où les gens reçoivent gratuitement des doses de Césium curatives [!!!...] qui correspondent à des bains dans des eaux riches en radon". "Dans ces régions, il y a une augmentation de certaines maladies mais le seul diagnostic est: radiophobie de masse". (dans Izviestia 26/3/1990,
"La catastrophe. Les leçons de Tchernobyl")
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Maurice Delpla a continué à
publier sur cet effet radioprotecteur des doses de 50 rem (par exemple
Delpla, Chevalier: Negative Leukaemia excess risk, in proceedings
of the British Nuclear Energy Society international conference, mai 1987,
Londres).
Dans leur article de 1974, Delpla et Wobler avaient bien vu l'importance de ce phénomène radioprotecteur (actuellement appelé Hormésis). Ils écrivaient : "L'usage incorrect des modèles handicape actuellement la radiologie et, si l'on n'y prend garde, va peser lourdement et en pure perte sur les applications industrielles de l'énergie nucléaire... Il est grand temps de revenir à des attitudes plus réalistes". Suivant ces auteurs, la contamination due à Tchernobyl devrait donc avoir des effets bénéfiques... Il ne serait pas "réaliste" d'évacuer les gens des territoires touchés. Normalement, d'après leur conception de l'effet du rayonnement, on pourrait y implanter des industries fortement polluantes en produits cancérigènes car les gens ont, par suite de Tchernobyl, été soumis à un traitement radioprotecteur! Est-ce un hasard si des personnages ayant de telles conceptions sur les effets biologiques du rayonnement ont été sélectionnés pour faire partie du Comité de Radioprotection d'EDF? p.24a
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Un procès contre les officiels
soviétiques responsables de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl
Selon l'agende Tass, 7février1991,
rapporté par la BBC (Summary of world broadcasts, SU/0991i-8
feb. 1991): "Le procureur général d'URSS instruit un dossier
criminel accusant les officiels de négligence et d'abus de pouvoir
dans la gestion post-accidentelle de l'accident de Tchernobyl. Une enquête
révèle que les officiels n'ont pas évalué correctement
l'ampleur du désastre. La population n'a pas été évacuée
de zones contaminées, on n'a pas tenu compte des niveaux de rayonnement
présents et des déchets radioactifs n'ont pas été
enfouis d'une façon garantissant la sécurité. De nouveaux
logements ont été construits dans des zones contaminées
et il n'y a pas eu de contrôles sur la vente de produits alimentaires
provenant des zones contaminées".
Les pertes économiques causées par l'accident de Tchernobyl "Une estimation des pertes occasionnées
par la contamination des terres suite à l'accident de Tchernobyl
s'élève à 94,5 mllliards de roubles. Il est clair
qu'il sera impossible d'utiliser ces terres pendant des décennies.
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Et la production "sale"?
Brève de Biélorussie
p.25b
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