La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°213/214, mai 2004
MENACE SUR LA MAINTENANCE
ET LA RADIOPROTECTION
EDITORIAL / SOMMAIRE


     L'année a bien commencé (?): 
     - Fessenheim avec 12 contaminations, 
     - Iter et le débat Public
     - l'affaire Debus
     - Bessines et son entreposage (stockage ?) d'uranium appauvri (Gazettes 111/112, 117/118, 177/178, 183/184, 199/200). Bella a repris le dossier et les associations continuent leur mobilisation.
     Tout est navrant en ce moment et je ne sais pas ce qui l'est le plus.

     Dans le sit'Info (Fessenheim) on nous présente Christine, la chef d'équipe pour Polinoraud, société prestataire d'EDF. Comme il est si joliment écrit: “Son occupation principale est la propreté radiologique. Son équipe, essentiellement féminine -les femmes sont plus minutieuses- vêtue de combinaisons blanches, de tenue papier, de gants en coton, (..) nettoie (..) l'ensemble des locaux.”
     Bien sûr l'équipe est féminine: il n'est donc pas étonnant que leurs conseils ne soient pas suivis. 

     Que vous dire: nous avons suivi Fessenheim grâce à la CLS et surtout ses associatifs. Le Réseau “Sortir du nucléaire” a été destinataire de consignes sur la maintenance. Il est facile de constater que la vigilance est de rigueur. En effet, la sûreté des réacteurs et la sécurité des populations réclament plus que jamais des interventions musclées. Sommes-nous capables de dominer le nucléaire. On peut en douter.

     Le collectif de Bure a donné sa version des grenouilles dans son dernier numéro: elles finissent par cuire dans une marmite d'eau chaude parce qu'elles ne se sont pas méfiées à temps et ne peuvent plus réagir quand l'eau bout.
     La métaphore est assez significative et je crois que nous devons nous en souvenir quand nous cessons de poser des questions par lassitude.
     Mais c'est bien difficile de rester les “enquiquineurs de service.”

     Sur ITER je vous livre quelques réflexions de A. Gsponer qui montre une des composantes cachées: ses liens avec les militaires. Ce fait ne va pas vous étonner mais mieux vaut l'écrire en toutes lettres.

suite:
     Quelques remarques de A. Gsponer à propos de ITER:
-(1) Au niveau européen les contributions à ITER des États individuels seront effectués via EURATOM. Ceci fait que des pays comme la Suisse seront aussi impliqués, et que dans certains pays (dont la Suisse) les crédits ITER devront passer devant les parlements respectifs, etc.
     Donc, même si le choix du site d'ITER est décidé (en France ou au Japon), le financement ne sera pas encore acquis, et à supposer qu'ITER soit construit, il n'y aura peut-être pas assez d'argent pour le faire  fonctionner très longtemps...
     -(2) En tout état de cause, la seule chose qui est certaine est que le vrai gagnant de la loterie ITER (le Japon ou l'Allemagne) aura une excuse valable pour développer la technologie du tritium à grande échelle!  Au moment où les États-Unis veulent changer les règles de l'AIEA pour que seuls les pays qui ont déjà les technologies du retraitement ou de l'enrichissement puissent les garder, et qu'aucun pays nouveau ne puisse les acquérir, il est contradictoire (mais symptomatique) que le Japon et l'Allemagne veuillent justement acquérir la technologie du tritium à grande échelle (qui n'existe aujourd'hui que dans les puissances nucléaires militaires et au Canada).
     Comme les élections se pointent, il n'est plus question de rien. Mais prenez garde à l'EPR, restez vigilants. En ce qui concerne le problème des chercheurs: soyez aussi très attentifs. Il y a déjà un déficit énorme d'experts hors système et je ne vous ai jamais caché les difficultés pour avoir une relève. Avec la politique de recherche menée pour les jeunes: il n'y aura plus aucune possibilité d'avoir des scientifiques pour se bagarrer et faire sortir les dossiers. Je crains vraiment le pire. Heureusement que les associations existent et se battent mais cette régression ne va pas les aider.
p.1

     Extrait d'un article du Monde
     01/03/04
     EDF verse à l'État 1,2 milliard d'euros d'arriérés d'impôts
     "(...) L'entreprise publique n'avait pas prévu de payer dès février les pénalités qui ont été imposées par la Commission. (..)
     Les indemnités seront comptabilisées sous deux formes. Les 889 millions, qui correspondent au montant des impôts différés, seront déduits des capitaux propres de l'entreprise publique. Celle-ci, cependant, a réévalué de 1,5 milliard ses fonds propres au 1er semestre 2003, à l'occasion du changement de comptabilisation des provisions des centrales nucléaires (souligné par la GN). Les 328 millions payés au titre des intérêts seront en revanche directement déduits des bénéfices du groupe. Ces charges s'ajouteront aux 300 millions de dépenses non prévues liées à la canicule.
     Bof! EDF fera moins de bénéfices mais ce qui est préoccupant c'est que ce mieux est lié à un faux: la durée de vie des réacteurs. Les réacteurs ont des autorisations pour 30 ans, pas pour 40 !!

     18/02 AFP (..)
     En décembre 2003, ce directeur de centre a écrit au préfet du Loir-et-Cher pour "l'alerter sur l'état dégradé des réseaux électriques dans le département et sur l'insuffisance des moyens qui lui étaient attribués pour leur remise en état", a indiqué l'Union fédérale CGT des ingénieurs, cadres et techniciens des Mines et de l'Énergie, dans un courrier à Jean-Pierre Raffarin à qui elle demande d'intervenir auprès d'EDF-GDF.
     Informée de la démarche de ce cadre dirigeant, EDF-GDF lui a adressé le 19 janvier une lettre de licenciement, où la direction indiquait "déplorer des agissements constitutifs d'une faute grave", a précisé le syndicat à l'AFP. Ce courrier au préfet "procédant à des accusations et des dénigrements à l'encontre de nos entreprises et de votre supérieur hiérarchique, nominativement désigné, constitue un abus particulièrement grave de la liberté d'expression", ajoutait EDF-GDF dans la lettre de licenciement, selon la CGT. Une action aux prud'hommes a été engagée par ce cadre, et une audience au tribunal a été fixée en mars, a précisé l'Union fédérale.
suite:
     Contactée par l'AFP, la direction d'EDF a indiqué "attendre le jugement" de ce "conflit classique du travail comme on en trouve dans toutes les entreprises".

     Extrait AFP (mars 2004):
     “La fédération des syndicats Sud Énergie a critiqué mardi la "Charte de progrès et de développement durable” d'EDF signé avec des entreprises prestataires (..) et dénonce la volonté d'EDF de "rendre le parc nucléaire plus performant et compétitif pour l'ouverture du marché, en réduisant de 10% la durée des chantiers de maintenance et donc les temps d'arrêt des centrales". (..)
     "Comment peut-on réduire les coûts de maintenance alors que la durée de vie du parc vient d'être portée de 30 à 40 ans, sans remettre en cause la sûreté des installations et la continuité de service?", s'interroge Sud,“dénonçant l'acharnement (d'EDF) à faire passer la rentabilité financière au-dessus du service rendu".
     Derniers "niveaux 1" (incidents classés selon INES):
     Centrale EDF de Penly - (Seine-Maritime) - Réacteur 2 : Défauts de montage sur des coffrets électriques - niveau 1 (14 février 2004)
     Transport de Matières Radioactives - Saclay (91) CEA - Perte d'un colis de matière radioactive entre la France et l'Allemagne - niveau 1 (23 février 2004)

     Le sommaire vous propose un papier sur Youri Bandajewsky, un sur ITER, un dossier sur Fessenheim, un sur les faibles doses, un sur l'uranium appauvri entreposé à Bessines et pour finir un brin d'histoire avec les calculs de risques des années cinquante et une analyse de 1984 sur la relance du charbon. 

     Bonne lecture de la gazette
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DERNIÈRES NOUVELLES
 RUPTURE D'UNE DIGUE à l'usine COMURHEX de Narbonne (20 mars 2004)
     Une digue du bassin de décantation (180 m de long sur 15 m de haut) s'est rompue envoyant 15.000 m3 de résidus contenant en particulier du radium, bien sûr de l'uranium et divers produits chimiques. Il n'y a eu aucun signe précurseur mais la digue vieille de plus de 40 ans venait d'être rehaussée et VÉRIFIÉE (nouveaux calculs, etc.). Les 15.000 m3 ont eu le bon goût de s'arrêter dans le terrain de l'exploitant et de ne pas s'épandre dans le canal du TAURAN au moins pour le moment... L'usine est stoppée d'où “un préjudice financier” dixit le directeur puisque cette installation est le premier maillon de la chaîne du combustible. Mais de fait ce qui compte c'est qu'une digue a cédé sans prévenir : il y en a d'autres sur des sites de mines (à St Priest par ex....)
     D'une part sont mis en cause les surveillances, d'autre part un épandage de ce type même sur un terrain clos mais proche d'un canal a toujours des conséquences : que va-t-il se passer pour l'environnement?
     AFFAIRE A SUIVRE....... rendez-vous prochaine Gazette.
EXTRACTION SAUVAGE de Cobalt près d'une ancienne mine d'uranium au CONGO (Le Monde 24 mars 2004)
     Jouxtant une extraction minière belge datant de 1945 (extraction des 1.500 t pour les bombes Hiroshima-Nagasaki), abandonnée jusqu'en 1997 sans avoir été sécurisée, 6.000 mineurs improvisés (?) ont creusé une vaste excavation sans aucune précaution pour chercher du cobalt.... De fait, on peut extraire, bien sûr, aussi l'uranium.
     La mine de Shinkolobwi suscite l'intérêt des Nord-Coréens, des Iraniens, .. Rien n'a vraiment abouti semble-t-il. Mais les États-Unis ont essayé d'obtenir que les extractions sauvages cessent. Sans succès. Il est assuré “l'uranium à la sortie de la mine n'est pas radioactif” mais ceci est totalement faux d'autant plus qu'il s'agit d'un minerai riche en Uranium et donc de tous les produits des chaînes U238, U235 et thorium. Il y a danger par le radium et tous les autres émetteurs alpha, bêta et gamma : 6.000 et peut être plus de personnes risquent très gros.
    Affaire à suivre.....

Sommaire
EDITO
- Nouvelles de Y. Bandajewsky
- ITER
- DOSSIER RÉACTEURS: Fessenheim incidents de janvier 2004); BLAYAIS; Réseau “sortir du nucléaire”: maintenance au rabais; CLS Fessenheim
- FAIBLES DOSES DE RADIOACTIVITE
- Bessines: le scandale des 199.900 t d'uranium appauvri
- UN PEU D'HISTOIRE: calcul d'accidents dans les années 50; En 1984 : le charbon ou le nucléaire
- L'AFFAIRE DEBUS : circulation de matériaux contaminés

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