Un ouvrier Chilien a été
traité en France à l'hôpital Percy pour une brûlure
radioactive de la main (cf revue
de presse du 28/03).
Contrairement à une brûlure thermique, les brûlures par irradiation peuvent évoluer en largeur et en profondeur sur des mois, voire des années en impliquant les tissus cutanés, sous-cutanés, les muscles... Seule une amputation large de la zone brûlée peut se révéler efficace. Pour sauver la main de cet ouvrier, il aurait fallu au moins lui amputer les doigts. C'est pourquoi les équipes médicales de l'hôpital militaire de Percy à Clamart, épaulés par les experts de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ont tenté une nouvelle thérapie. Après une greffe de peau, ils ont prélevé des cellules souches dans la moelle osseuse de l'ouvrier, les ont mises en culture et les ont injectées au niveau de la brûlure. Depuis, les mains du malade ont retrouvé quasiment leur aspect antérieur et des fonctions normales. Toutefois, le professeur Patrick Gourmelon (directeur de la radio-protection de l'homme, IRSN) reste prudent: "c'est une première, certes. Mais il faut plus de recul, du fait de l'imprévisibilité de l'évolution des brûlures radioactives, avant de dire si cette greffe va révolutionner le traitement des irradiations locales". |
Ces accidents par irradiation sont rares. 500 ont
été répertoriés entre 1945 et 2001 avec 2 000
victimes et 130 décès. Le 11 mars dernier, un ouvrier belge
a lui aussi été contaminé dans sa société,
spécialisée dans la stérilisation par irradiation
de matériels médicaux et de denrées alimentaires.
Il a été pris en charge également à l'hôpital
Percy, où il bénéficie actuellement de traitement
de stimulation de la moelle osseuse par des facteurs de croissance.
Jean-Jacques Lataillade, chef du laboratoire de recherche du centre des transfusions sanguines des Armées, a présenté les résultats positifs d'une greffe de cellules souches sur une main dont la peau avait été irradiée. Suite à de mauvaises manipulations, un jeune ouvrier s'était irradié les doigts de la main droite. Ces brûlures conduisent généralement à l'amputation. "Pour éviter cela, explique J.J. Lataillade, nous avons prélevé de la moelle osseuse chez le patient et avons isolé les cellules souches mésenchymateuses qu'elle contient". Ces cellules ont été cultivées puis greffées sur la main du patient. J.J. Lataillade précise "il ne s'agit pas d'un essai clinique, mais d'un traitement compassionnel, autorisé par l'Afssaps devant une irradiation". |
Le risque. Les
risques. Un sujet présent dans chacun des numéros de Contrôle.
Un vaste sujet que Contrôle n'avait pourtant jamais complètement
abordé dans ses colonnes. Un sujet qui dépasse le seul risque
nucléaire.
Contrôle 168 souhaite contribuer à la réflexion globale de ses lecteurs sur cette notion complexe et souvent polémique en leur donnant, tout au long de la centaine de pages de ce dossier, des points de vue, des clefs différents, voire opposés sur le risque. Contrôle a ainsi donné la parole aux pouvoirs publics, aux industriels - nucléaires ou non -, premiers responsables de la sûreté de leurs installations, à des chercheurs, à des sociologues. |
Contrôle présente
également dans ses colonnes des témoignages relatifs au risque
et à sa perception.
La rédaction remercie ainsi tout particulièrement Mme Elena Solomarska pour son témoignage à la fois émouvant et passionnant sur la vie en Ukraine depuis 1986 et l'accident de Tchernobyl. Enfin et pour la première fois dans l'histoire de la revue, un des ministres sous l'autorité desquels est placée l'ASN, Mme Olin, ministre de l'Écologie et du Développement durable, a accepté de signer l'éditorial de Contrôle. Le prochain numéro de Contrôle paraîtra en avril et son dossier sera constitué de la synthèse du "Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en 2005". |
Un réacteur
âgé de 23 ans de la centrale nucléaire de Chennai,
située à Kalpakkam, vient d'être entièrement
remis à neuf pour être à nouveau fonctionnel.
Cette opération a été réalisée sous la direction des ingénieurs de la NPCIL (Nuclear Corporation of India Limited), en une durée record de 14 mois et pour un prix de 2,2 milliards de roupies (environ 42 millions €), une durée et un coût très inférieurs à ceux qu'aurait engendré la construction d'un nouveau réacteur. La rénovation a demandé de travailler au coeur même du réacteur et la manipulation de composants très radioactifs. Pour cela, le NPCIL, aidé du BARC (Bhabha Atomic Research Centre) ont développé plusieurs technologies spéciales en automatique et robotique. Tous les composants critiques à la durée de vie limitée ont été changés. Ce sont principalement ceux issus du circuit de refroidissement primaire, comme les échangeurs calorifiques, les geénérateurs de vapeur et les tuyaux d'alimentation. Le changement in situ de certains d'entre eux constitue une première mondiale. |
La salle de contrôle
a également subi un lifting avec l'introduction de systèmes
informatisés plus modernes.
Les ingénieurs ont profité de la rénovation pour augmenter la capacité de production du réacteur de 170MW anciennement à 220MW. Les travaux se sont achevés en janvier 2006. D'après les ingénieurs, le réacteur ainsi rénové a une durée de vie de 30 ans. Pour en savoir plus, contacts : - NPCIL : http://www.npcil.nic.in/ - BARC : http://www.barc.ernet.in/ Source: Frontline - 24/02/06 Voir une réaction du GSIEN |
Les Etats-Unis
et la Russie proposent aux pays du G8 de changer
les règles en matière de nucléaire civil, pour mieux
contrôler cette énergie dans les pays en développement.
Washington et Moscou, comme d'autres pays, ont économiquement intérêt
à promouvoir ce nouveau partenariat mondial
Vendre du nucléaire civil aux gros marchés en développement qui ont besoin d'énergie, sans encourager la prolifération des armes nucléaires. C'est ce que proposent les Etats-Unis et la Russie à leurs partenaires du G8, réunis mercredi à Moscou pour un sommet sur la sécurité énergétique. Nom de code du projet américain : "Global nuclear energy partnership", un partenariat mondial sur le nucléaire civil. S'il n'est pas question pour l'instant d'une initiative commune americano-russe, l'idée sous-jacente est la même : réserver à un club restreint de grandes puissances nucléaires le droit de livrer aux pays en développement le combustible nucléaire préalablement enrichi et de traiter les déchets nucléaires, deux phases cruciales dans la fabrication d'armes atomiques. En échange, les pays en développement disposeraient de tout le combustible nécessaire pour produire leur énergie mais s'engageraient à ne pas développer de techniques d'enrichissement et de recyclage. Le tout sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Sur le papier, les intentions de Washington sont uniquement sécuritaire et environnementale : d'abord prévenir le risque de nouveaux « Iran » ; ensuite augmenter l'offre d'énergie sans émission de CO2et réduire la toxicité des déchets nucléaires. A cela s'ajoute le fait que, pour les Américains, le traité de non prolifération des armes nucléaires n'est pas efficace puisqu'il n'a pas empêché l'Inde, le Pakistan ou la Corée du Nord d'avoir la bombe atomique. Il faut donc trouver autre chose. |
Ces propositions interviennent
toutefois dans un contexte économique très particulier. Comme
tout pays qui n'a pas ratifié le traité de non prolifération
nucléaire, l'Inde n'a aujourd'hui pas le droit d'acheter du nucléaire
civil. Mais en échange d'un accord commercial avec New Delhi, le
président George Bush s'est engagé à convaincre son
Congrès de revenir sur cette interdiction et à persuader
les autres pays du groupe des fournisseurs nucléaires de faire de
même.
La Russie a également de grandes ambitions dans le nucléaire civil, avec un programme de production et d'exportation ambitieux. Alors que le gaz, comme le pétrole, est de plus en plus cher, l'énergie nucléaire devient plus compétitive et la Russie ne veut pas louper ce nouveau marché. La France, elle aussi, souhaite développer sa coopération civile avec l'Inde. Les deux pays avaient annoncé, lors de la visite de Jacques Chirac en février, avoir entamé des pourparlers pour une coopération dans le nucléaire civile « sous réserve de leurs engagements intenationaux respectifs », précisait la déclaration. Le changement des règles profiterait donc à de nombreux pays. D'ailleurs, les Etats-Unis, qui ont déjà pris la température, assurent que leur projet a été bien accueilli par la France, le Japon, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine. Un projet qui reste assez flou et pose beaucoup de questions, puisqu'il prévoit des transferts de technologies. Mais George Bush est suffisamment confiant pour avoir proposé de lui consacrer un budget de 250 millions de dollars dès l'an prochain. |
Le gouvernement
de l'ancienne coalition et la Bavière avaient décidé
en 2004 que le réacteur expérimental FRM-II de Garching devait
être adapté pour accueillir un combustible uranium moins enrichi
à partir de 2010. Mais ce combustible n'a pas encore été
trouvé, ce qui pose la question du fonctionnement de l'installation
après cette date.
Les chercheurs de l'université technique (TU) de Darmstadt ont présenté un concept d'adaptation du réacteur, en concurrence avec les exploitants du réacteur de la TU de Munich. Le réacteur de recherche FRM-II, qui a été l'un des projets les plus controversés ces dernières années, a fini par être construit en 2004. L'installation, représentant un coût de 435 millions €, est à la pointe de la recherche sur les neutrons en Allemagne. Cependant, pour ses opposants, elle représente un anachronisme, car elle utilise du combustible hautement enrichi, alors que de nombreuses installations utilisent de l'uranium moins enrichi pour éviter la prolifération nucléaire. |
Mais il est techniquement
difficile de convertir le réacteur, car le combustible faiblement
enrichi n'aurait pas les mêmes propriétés que le combustible
actuellement utilisé. Les exploitants du réacteur proposent
d'utiliser un mélange d'uranium et d'aluminium (Umo) pour adapter
le combustible aux conditions de réaction. Cela pose néanmoins
des problèmes de sécurité nucléaire d'après
les chercheurs de la TU de Munich. De plus, ceux-ci dénoncent un
taux d'enrichissement encore trop élevé pour le combustible
Umo (50%, ce qui est à la limite de la réglementation). Ils
proposent d'utiliser un combustible moins enrichi que l'Umo, et d'adapter
le réacteur en agrandissant le canal de refroidissement de quelques
centimètres et en modifiant la géométrie du combustible.
Source: Suddeutsche Zeitung - 25/03/2006 |
Sergio Rezende,
Ministre de la Science et de la Technologie a annoncé le 7 mars
le feu vert du Gouvernement pour le Plan National d'Energie Nucléaire
qui prévoit la construction de sept centrales nucléaires
dans les 15 prochaines années.
Le Plan, qui prévoit entre autres la construction de deux centrales dans la région Nord-est, sera officiellement approuvé par le Président de la République, par le CNPE (Conseil National de Politique Energétique) et par le Congrès d'ici à juillet 2006. Il débutera avec la reprise de la construction de la centrale Angra 3 - troisième au Bresil, située pràs d'Angra dos Reis dans l'Etat de Rio de Janeiro - qui est suspendue depuis 1986 et se poursuivra au rythme d'une nouvelle centrale tout les deux ou trois ans. L'objectif du gouvernement est que la part de la production d'électricité d'origine nucléaire, aujourd'hui entre 1% et 2%, atteigne 5% du total. |
Selon Rezende, le Plan inclut la construction
de deux centrales sur les rives du fleuve Sao Francisco dans le Ceara (Nord-Est
du pays), dont les eaux fournissent déjà en énergie
la région du Nord-est du Brésil et qui pourraient servir
au refroidissement du système des centrales de petite taille.
L'hydroélectricité restera toujours la première source d'énergie du Bresil avec plus de 84% de la production totale. L'inauguration officielle de l'extraction d'uranium à l'echelle industrielle à la centrale de Resende dans l'Etat de Rio de Janeiro est prévue en avril. En 2010 l'uranium enrichit extrait par les INB (Industries Nucleaires Bresiliennes) serait suffisant pour répondre a 60% des besoins d'Angra 1 et 2. Pour en savoir plus, contact: http://agenciact.mct.gov.br/ index.php?action=/content/view&cod_objeto=33594 Source: O Estadao - 08/03 |
Le pouvoir politique
peut-il se dessaisir d'un domaine aussi important que le nucléaire
au profit d'une Autorité indépendante? C'est la question
que le Sénat se pose lors de l'examen, du 7 au 9 mars, du projet
de loi relatif "à la transparence et à la sécurité
en matière nucléaire". La principale innovation de ce texte
est en effet d'ôter au gouvernement le contrôle du nucléaire.
Alors que celui-ci est aujourd'hui exercé par la direction générale
de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR)
sous tutelle des ministères de l'industrie, de la santé et
de l'écologie, le projet de loi prévoit de le confier à
une Haute Autorité de la sûreté nucléaire (HASN)
totalement indépendante.
Dirigée par un collège de cinq membres inamovibles nommés pour six ans par les présidents de la République, du Sénat et de l'Assemblée nationale, cette instance aurait l'entière responsabilité de la surveillance des installations nucléaires et de la radioprotection. Elle disposerait pour cela des inspecteurs relevant aujourd'hui du ministère de l'industrie. Elle participerait aussi à l'information du public, interviendrait dans le budget des commissions locales d'information et conseillerait le gouvernement en cas de crise. Mais ce dispositif, qui occulte d'autres aspects moins discutés de la loi (comme une meilleure information du public ou la possibilité de mettre en cause la responsabilité pénale des exploitants), suscite nombre de critiques. Certains, comme Bernard Laponche, expert indépendant et ancien conseiller de l'ancienne ministre de l'environnement Dominique Voynet, s'inquiètent de "la perte totale de responsabilité du politique sur un sujet qui le concerne directement: la sécurité du citoyen. Or, l'Etat s'en dessaisit alors que l'industrie, du fait qu'elle se privatise, est de moins en moins dépendante de l'Etat". |
PLUS DE 300 AMENDEMENTS
Pour Greenpeace, "personne ne pourrait demander des comptes à l'HASN, puisqu'elle ne serait pas dotée de la responsabilité morale" et que "ses membres seraient issus de l'industrie ou des services de l'administration". François Rollinger, représentant de la CFDT au sein de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), estime que "le projet enferme le nucléaire dans une bulle pour que les problèmes soient réglés en famille". Certainement pas, répond un des deux rapporteurs du texte, le sénateur UMP de la Haute-Marne Bruno Sido, pour qui "l'Etat conserve son pouvoir réglementaire et une bonne partie de l'expertise et disposera toujours de quelque chose comme la DGSNR." Quant au second rapporteur, le sénateur Henri Revol (app. UMP, Côte-d'Or), il souligne que le texte a beaucoup évolué et que "les amendements permettront de l'améliorer encore. Un instrument comme l'IRSN restera indépendant de l'Autorité". Les parlementaires ont eu peu de temps pour examiner ce texte annoncé par Jacques Chirac en janvier. Sa préparation, prévue pour discussion le 7 février, a demandé un mois supplémentaire. Plus de 300 amendements ont été déposés par les sénateurs. Hervé Kempf
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Vendredi 19 mars, la Commission nationale
d'évaluation des recherches sur les déchets nucléaires
a fourni son dernier avis aux parlementaires. Elle préconise le
stockage géologique à 500 mètres sous terre, comme
dans le site de Bure, dans la Meuse. Elle indique également que
la première installation prototype de séparation-transmutation
ne devrait voir le jour qu'en 2020.
La Commission nationale d'évaluation des recherches sur les déchets nucléaires a été créée en 1991, via la « loi bataille ». L'objectif de cette Commission était de suivre pendant quinze ans le devenir des déchets radioactifs issus des centrales françaises. Vendredi dernier, elle a communiqué son dernier avis aux parlementaires, alors que l'avant-projet de loi sur la gestion des déchets radioactifs doit être présenté en Conseil des ministres le 22 mars prochain. La Commission préconise le recours au stockage à grande profondeur (500 mètres sous terre), et considère qu'il s'agit de la solution de référence pour les déchets de types B et C (les plus critiques): «Après entreposage, les déchets radioactifs ultimes ne pouvant être stockés en surface ou en faible profondeur font l'objet d'un stockage en couche géologique profonde.» |
Elle estime que le stockage dans l'argilite, comme dans le laboratoire
souterrain de Bure, dans la Meuse, limiterait les risques pour l'Homme
et l'environnement « sur de très longues périodes ».
Enfin, selon la Commission, le concept d'entreposage renouvelable en surface
ou peu enterré doit encore faire l'objet d'études.
Qu'en est-il de la séparation des éléments radioactifs et de leur transmutation ? La Commission estime « qu'il n'y a actuellement pas suffisamment de résultats pour prendre une décision de nature industrielle ». Et d'ajouter que la première installation prototype ne devrait voir le jour qu'en 2020, et que ce procédé ne pourra sûrement être mis en place que lorsque les réacteurs de génération IV – à neutrons rapides – seront largement implantés sur le territoire. Donc à l'horizon 2040… Si la Commission conseille des études supplémentaires concernant l'entreposage de surface et la séparation-transmutation, elle retient néanmoins « le stockage géologique comme la voie de référence ». Selon le calendrier prévisionnel du gouvernement, l'avant-projet de loi sur la gestion des déchets radioactifs devrait être adopté d'ici le mois de juillet. |