Ces jours d’été sont plutôt mouvementés: défauts à Doel, redémarrage de Penly et de Centraco et Fukushima qui n’en finit pas. (suite)A propos de Fukushima des lecteurs de la Gazette m’ont fait part de leur surprise devant un texte qui assure que ce n’est pas le tremblement de terre ni le tsunami qui ont créé la catastrophe, mais un attentat à la bombe atomique qui a entraîné l’explosion des réacteurs*... Les arguments employés ne sont pas crédibles. En effet le niveau du séisme est bien de magnitude 9: il s’est passé au large du Japon. Il a généré des dégâts, en particulier sur les lignes électriques, a soulevé des routes, induit des crevasses et réduit en miette les bâtiments non antisismiques. Ce séisme est aussi à l’origine d’un tsunami qui a aggravé les premiers dégâts. Cela dit les sites ont plus ou moins résisté car les effets dépendent de la nature du sol, de la profondeur du séisme, de multiples paramètres et quoiqu’il en soit dit les réacteurs n’ont pas résisté au séisme: leurs canalisations ont été abimées d’où les problème de refroidissement. Ensuite, c’est le tsunami qui a porté le dernier coup en noyant les diesels de secours et en arrachant les réservoirs de fuel et d’eau. De plus la source froide (large canalisation venant de la mer) a été anéantie. Il faut cependant bien se rendre compte que le séisme avait cassé de nombreuses canalisations dans les réacteurs d’où même avec l’eau de mer l’impossibilité de refroidir les réacteurs. Pourquoi nier la réalité d’un séisme et sa vague qui a suivi? Bizarre, il est vrai qu’on peut manipuler les images, mais à Fukushima au moins les images ont permis de se rendre compte qu’il se passait un événement terrible au Japon: l’ampleur des dégats nucléaires est encore inconnue mais semble dépasser celle de Tchernobyl, par contre séisme et tsunami ont fait près de 20.000 morts ou disparus. Et 1 an ½ après, rien n’est encore stabilisé et on ne connaît pas vraiment l’état de l’environnement, ni malheureusement des habitants et des travailleurs. Quant à décontaminer et revenir dans les villages (pour les Français ce sont de grandes villes) évacués c’est loin d’être possible. * curieusement, il a existé au moment de Tchernobyl, une rumeur faisant état d'un séisme!... |
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Même si les Japonais espéraient aller vite pour démanteler, il s’avère que tout est plus difficile que prévu. En page 25 de ce numéro, vous avez la liste des réacteurs et de leurs tubulures répertoriés en 2008, ainsi que les défauts en zone plein cœur toujours en 2008. L’ASN avait également précisé: «Dès 1978, le phénomène de fissuration à froid a été observé lors de la fabrication de plaques tubulaires de générateurs de vapeur et de tubulures de cuve, ce qui a amené le constructeur à intégrer progressivement des mesures compensatoires dans son processus de fabrication. Cependant 28 cuves (26 tranches 900 MWe et 2 tranches 1.300 MWe) sont considérées comme «sensibles»: leurs conditions de fabrication ne permettent pas en elles-mêmes de garantir l'absence de DSR. p.1 |
Les
tubulures des cuves considérées comme «sensibles» ont été régulièrement
contrôlées depuis 1985, ce qui a permis de détecter puis de suivre 209
DSR répartis sur 23 tubulures de 12 cuves. Ces contrôles n'ont pas
montré, jusqu'ici, d'évolution significative de la taille des DSR. Les
calculs permettent de justifier la tenue des tubulures pour des défauts
environ deux fois plus grands que les défauts avérés ou potentiels.
Bien entendu, l'ASN s'est assurée que ces calculs intègrent les
coefficients de sécurité prévus par la réglementation.» (suite)Et «Les DSR dans la zone de coeur ont été détectés pour la première fois au milieu des années 90, en exploitation. La présence de ces défauts en zone de coeur n'avait pas été prise en compte dans les démonstrations de tenue mécanique des cuves et l'exploitant a dû revoir les justifications. De plus, des contrôles par ultrasons sur les viroles de coeur des cuves ont été progressivement mis en oeuvre, notamment au moment des visites décennales. Ces contrôles ont révélé 34 DSR en zone de coeur répartis sur 10 cuves. Ils n'ont pas montré jusqu'ici d'évolution significative de la taille des DSR, hormis celles dues aux évolutions du procédé de contrôle et aux incertitudes de mesures. La cuve de Tricastin1 fait figure de cas particulier car elle présente 17 défauts sous revêtements, vraisemblablement dus aux conditions de fabrication de la cuve.» Annie Thébaud-Mony a refusé la légion d’honneur car «La reconnaissance que j’appelle de mes vœux serait de voir la justice française condamner les crimes industriels à la mesure de leurs conséquences, pour qu’enfin la prévention devienne réalité». (voir ci-dessous) En d’autres temps (1998) le GSIEN a accepté la légion d’Honneur. En effet, les membres du GSIEN en majorité ont a contrario estimé que cette décoration reconnaissait le travail d’information de notre association. Il faut noter que Henri Pézerat et Roger Belbéoch étaient contre cette acceptation. Mais comme nul n’a la vérité, notre amie a eu raison de refuser pour tenter d’obliger à regarder et faire prendre en compte «les dégâts du progrès». En ces temps particulièrement difficiles pour tous, il faut tenter des actions d’éclat et celle-ci en est une. De toute façon accepter ou refuser sont des décisions collégiales et loin d’être simples. En plus tout dépend du contexte! |
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PETITES NOUVELLES World Nuclear News juillet 2012 Le Canada, la Chine et le thorium Energy Candu a signé un accord avec 3 filiales de China National Nuclear Corporation (CNNC) pour étendre leur coopération à la mise en œuvre, pour les nouveaux Candu, de combustibles obtenus à partir du thorium et d’uranium de retraitement. Déchets et recyclage Deux des réacteurs allemands arrêtés suite à Fukushima vont être démantelés aussi vite que possible. EnBW a déjà déposé sa demande et affirme avoir plus qu’assez de fonds pour réaliser ce démantèlement. Je vous ai aussi détaillé: 1- des nouvelles de Doel 3 2- des nouvelles de MABLY 3- la mine de ASSE 4- Fessenheim: on en est-on? - ASTRID et l’institut de Chimie Séparative - La démarche Aarhus Bien sûr Fukushima qui ne peut être ignoré. Puis la Gazette reprend la synthèse du rapport GSIEN sur la VD3 de Fessenheim 2 et sur les Evaluations Complémentaires de sûreté (prescriptions ASN), avec une comparaison Gravelines Fessenheim qui prouve que ces prescriptions sont 19 fois très semblables (mettre 19 fois les prescriptions n’apporterait qu’un ennui profond). Les différences sont infimes et liées à la localisation du site (fleuve, rivière ou mer) et éventuellement à la filière (REP bien sûr, mais 900 des paliers CP0, CPY -CP1,CP2, 1300-P4, P’4). Les prescriptions les plus longues concernent l’EPR ou Flamanville 3. Enfin, pour Fessenheim on attend encore l’analyse ASN de la VD3 et des prescriptions et ce avant mars 2013... Sinon il faudra prolonger ou stopper???? Bonne lecture à tous et merci de vos réabonnements. Et merci aussi de toutes vos nouvelles venant de vos luttes et que j’essaie de relayer. Bon courage à tous. |
LETTRE AU MINISTRE de l'Egalité, des territoires et du logement Annie Thébaud-Mony Directrice de recherche honoraire Inserm 31 juillet 2012 Madame la Ministre. Par votre courrier du 20 juillet 2012, vous m'informez personnellement de ma nomination au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur et m'indiquez que vous êtes à l'origine de celle-ci. J'y suis très sensible et je tiens à vous remercier d'avoir jugé mon activité professionnelle et mes engagements citoyens dignes d'une reconnaissance nationale. Cependant - tout en étant consciente du sens que revêt ce choix de votre part - je ne peux accepter de recevoir cette distinction et je vais, dans ce courrier, m’en expliquer auprès de vous. Concernant mon activité professionnelle, j'ai mené pendant trente ans des recherches en santé publique, sur la santé des travailleurs et sur les inégalités sociales en matière de santé, notamment dans le domaine du cancer. La reconnaissance institutionnelle que je pouvais attendre concernait non seulement mon évolution de carrière mais aussi le recrutement de jeunes chercheurs dans le domaine dans lequel j'ai travaillé, tant il est urgent de développer ces recherches. En ce qui me concerne, ma carrière a été bloquée pendant les dix dernières années de ma vie professionnelle. Je n'ai jamais été admise au grade de directeur de recherche de 1e classe. Plus grave encore, plusieurs jeunes et brillant(e)s chercheur(e)s, qui travaillaient avec moi, se sont vu(e)s fermer les portes des institutions, par manque de soutien de mes directeurs d'unité, et vivent encore à ce jour - malgré la qualité de leurs travaux - dans des situations de précarité scientifique. Quant au programme de recherche que nous avons construit depuis plus de dix ans en Seine-Saint-Denis sur les cancers professionnels, bien que reconnu au niveau national et international pour la qualité scientifique des travaux menés, il demeure lui-même fragile, même s'il a bénéficié de certains soutiens institutionnels (univ-paris13). J'en ai été, toutes ces années, la seule chercheure statutaire. Pour assurer la continuité du programme et tenter, autant que faire se peut, de stabiliser l'emploi des jeunes chercheurs collaborant à celui-ci, il m'a fallu en permanence rechercher des financements - ce que j'appelle la «mendicité scientifique» - tout en résistant à toute forme de conflits d'intérêts pour mener une recherche publique sur fonds publics. Enfin, la recherche en santé publique étant une recherche pour l'action, j'ai mené mon activité dans l'espoir de voir les résultats de nos programmes de recherche pris en compte pour une transformation des conditions de travail et l'adoption de stratégies de prévention. Au terme de trente ans d'activité, il me faut constater que les conditions de travail ne cessent de se dégrader, que la prise de conscience du désastre sanitaire de l'amiante n'a pas conduit à une stratégie de lutte contre l'épidémie des cancers professionnels et environnementaux, que la sous-traitance des risques fait supporter par les plus démunis des travailleurs, salariés ou non, dans l'industrie, l'agriculture, les services et la fonction publique, un cumul de risques physiques, organisationnels et psychologiques, dans une terrible indifférence. Il est de la responsabilité des chercheurs en santé publique d'alerter, ce que j'ai tenté de faire par mon travail scientifique mais aussi dans des réseaux d'action citoyenne pour la défense des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à la dignité. |
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Parce que mes engagements s’inscrivent dans une dynamique
collective, je ne peux accepter une reconnaissance qui me concerne
personnellement, même si j'ai conscience que votre choix, à travers ma
personne, témoigne de l'importance que vous accordez aux mobilisations
collectives dans lesquelles je m'inscris. J'ai participé depuis trente
ans à différents réseaux en lutte contre les atteintes à la santé dues
aux risques industriels. Ces réseaux sont constitués de militants,
qu'ils soient chercheurs, ouvriers, agriculteurs, journalistes,
avocats, médecins ou autres... p.3Chacun d'entre-nous mérite reconnaissance pour le travail accompli dans la défense de l'intérêt général. Ainsi du collectif des associations qui se bat depuis 15 ans à Aulnay-sous-bois pour une déconstruction - conforme aux règles de prévention - d'une usine de broyage d'amiante qui a contaminé le voisinage, tué d'anciens écoliers de l'école mitoyenne du site, des travailleurs et des riverains (ban-abestos-France). Ainsi des syndicalistes qui - à France Télécom, Peugeot ou Renault - se battent pour la reconnaissance des cancers professionnels ou des suicides liés au travail. Ainsi des ex-ouvrières d'Amisol - les premières à avoir dénoncé l'amiante dans les usines françaises dans les années 70 - qui continuent à lutter pour le droit au suivi post-professionnel des travailleurs victimes d'exposition aux cancérogènes. Ainsi des travailleurs victimes de la chimie, des sous-traitants intervenant dans les centrales nucléaires, des saisonniers agricoles ou des familles victimes du saturnisme... Tous et chacun, nous donnons de notre temps, de notre intelligence et de notre expérience pour faire émerger le continent invisible de ce qui tue désigné jadis comme les «dégâts du progrès», en France et au-delà des frontières du monde occidental. La reconnaissance que nous attendons, nous aimerions, Madame la Ministre, nous en entretenir avec vous. Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir cette dégradation des conditions de travail dont je parlais plus haut, le drame des accidents du travail et maladies professionnelles, mais aussi l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques... Cessons les vraies fausses controverses sur les faibles doses. Des politiques publiques doivent devenir le rempart à la mise en danger délibérée d'autrui, y compris en matière pénale. Vous avez récemment exprimé, à la tribune de l’Assemblée nationale, votre souhait d'écrire des lois «plus justes, plus efficaces, plus pérennes». En qualité de ministre chargée de l'Egalité des Territoires et du logement, vous avez un pouvoir effectif non seulement pour augmenter le nombre des logements mais légiférer pour des logements sains, en participant à la remise en cause de l'impunité qui jusqu'à ce jour protège les responsables de crimes industriels. En mémoire d'Henri Pézerat qui fut pionnier dans les actions citoyennes dans lesquelles je suis engagée aujourd'hui et au nom de l'association qui porte son nom (hasso-henri-pezerat), la reconnaissance que j'appelle de mes voeux serait de voir la justice française condamner les crimes industriels à la mesure de leurs conséquences, pour qu'enfin la prévention devienne réalité. Pour toutes ces raisons, Madame la Ministre, je tiens à vous renouveler mes remerciements, mais je vous demande d'accepter mon refus d'être décorée de la légion d'Honneur. Avec l'association que je préside, je me tiens à votre disposition pour vous informer de nos activités et des problèmes sur lesquels nous souhaiterions vous solliciter. Je vous prie d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de ma reconnaissance et de mes respectueuses salutations. |
Communiqué de presse de l’AFCN (Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire) Doel 3: indications de défauts sur la cuve de ce réacteur Comme annoncé dans notre message du 26 juillet dernier, une nouvelle méthode d'analyses de la cuve au moyen de capteurs ultrasoniques a été réalisée lors de la révision planifiée de la centrale nucléaire de Doel 3. Si les résultats de ces analyses ne sont pas encore complètement établis à ce stade, il apparaît déjà que les capteurs ultrasoniques ont détecté sur la cuve la présence de très nombreuses indications qui pourraient s'assimiler à de potentielles fissures. Comme annoncé précédemment, le réacteur est maintenu à l'arrêt tant que les résultats complets n'ont pas été fournis. L'AFCN donnera son opinion après analyse de l'ensemble des informations reçues, sans verser dans la spéculation. L'arrêt de Doel 3 sera maintenu (au moins) jusqu'au 31 août 2012. Dans un premier temps, Electrabel a notifié rapidement un certain nombre de constatations anormales dans le cadre des contrôles ultrasoniques sur le réacteur de Doel 3. Après ces constats, Electrabel a décidé de procéder à de nouveaux contrôles à l'aide d'un autre type de sondes ayant démontré par le passé leur fiabilité. L'analyse de la deuxième série de résultats a demandé du temps supplémentaire. Durant tout ce temps, le réacteur est maintenu à l'arrêt et le combustible nucléaire a été déchargé. Il n'y a donc aucun danger pour la population, les travailleurs et l'environnement. Tihange 2, bientôt à l'arrêt pour révision planifiée, subira en septembre 2012 la même inspection. En effet, Tihange 2 possède une cuve forgée par le même fournisseur dans les années 70 (Rotterdamsche Droogdok Maatschappij). Les résultats concernant l'implication éventuelle de cette cuve sont prévus pour fin septembre. En outre, vu la récente décision d'accorder à Tihange1 dix années supplémentaires d'exploitation, l'AFCN a déjà exigé une inspection de ce type pour ce réacteur en 2013, sachant bien qu'il s'agit d'un autre constructeur (Creusot). Les cuves de Doel 4 et de Tihange 3 (cuves des centrales plus récentes construites par un autre constructeur: Japan Steel Works ) devront à terme, selon l'AFCN, subir également ce même type d'inspections. L'opinion finale de l'AFCN se basera sur l'évaluation de sûreté du dossier complet, de même que sur les avis de son Conseil Scientifique, et sera soumise à un audit international. L'AFCN donnera seulement une autorisation de poursuivre l'exploitation si des arguments convaincants sont fournis. Sur base des informations disponibles, cet événement a été temporairement classé au niveau 1 de l'échelle INES. Si plus d'informations ou de nouvelles conclusions sur l'analyse de l'événement suivent, une ré-évaluation du niveau INES sera réalisée, où l'augmentation de l'échelle n'est pas à exclure. |
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Le projet est toujours en suspens, mais Bouygues essaie toujours de séduire. Cette firme devrait tout de même monter un dossier plus sérieux. En effet ce projet est une INB et doit impérativement obéir à cette réglementation. En effet, le dossier est toujours en examen: le problème est lié à la «base chaude» qu’il n’est pas sérieux de considérer comme un simple entreposage de matériels. Des objets contaminés ne peuvent pas être entreposés sans un conditionnement et dans un bâtiment remplissant des conditions de confinement adaptées aux matériels et à leur degré de contamination ou d’activation. Quelques
nouvelles du projet de base chaude BCSN (Bouygues Construction Services
Nucléaires) à Mably-Bonvert, agglomération de Roanne (Loire) Juillet-août 2012 1) Interview du président de Grand Roanne Agglomération Publiée dans l'hebdo local "Le Pays Roannais" le 19 juillet, elle contient des affirmations pour le moins surprenantes: - "BCSN n'est pas un projet nucléaire mais à vocation industrielle." - "Pour Mably, il s'agit d'une base de conception et de fabrication de robots, lesquels ont à intervenir ou sont issus d'une enceinte nucléaire." - "Il s'agira le plus souvent de matériel de médecine nucléaire." Ces affirmations lénifiantes ne correspondent pas du tout à la "Note de présentation du projet" envoyée par BCSN à Grand Roanne Agglomération le 20 janvier 2011. Extraits: «La base froide: développer des matériels innovants pour le nucléaire. Ce que nous appelons «base froide» est une cellule composée de techniciens et d’ingénieurs ayant des compétences en robotique pour développer des machines spéciales destinées à être utilisées lors d’opérations de maintenance ou de déconstructions en milieu nucléaire. La base chaude: maintenir les matériels d’exploitation Une base chaude est une zone servant à entreposer et maintenir des matériels dits «dédiés» (mini-pelle Brokk par exemple, robot ponceur nucléarisé, matériels de stockage, etc.). Il peut s’agir de matériels appartenant à Bouygues ou de matériels appartenant à nos clients notamment dans le contexte des centrales nucléaires EDF dont la durée de vie sera probablement prolongée. Cette base peut permettre de répondre à des besoins complémentaires (à identifier avec les clients EDF / CEA / AREVA / ANDRA).» |
2) Projet agricole bio à Bonvert (suite)Prenant appui sur l'opposition au projet BCSN, les agriculteurs bio du Roannais, dans leur recherche désespérée de terrains pour développer le bio très en retard dans la région, ont élaboré début 2012 un projet de zone agricole bio diversifiée sur les 80 hectares dont la commune de Mably est propriétaire à Bonvert, en réserve depuis des décennies pour une future zone industrielle. Les articles de la même page du Pays Roannais du 19 juillet semblent sonner le glas de leurs espoirs. Malgré son éloignement des grands axes routiers et ferroviaires du Roannais et la présence de zones humides réduisant de moitié la surface commercialisable, l'aménagement de la zone industrielle est désormais engagé par le Grand Roanne et le Conseil Général. À noter que le site visé par BCSN n’est pas directement concerné puisqu’il s’agit d’un bâtiment déjà présent, l'ex-usine Intexa fermée en 2007, en bordure de la future zone industrielle. 3) Risque inondation Le site visé par BCSN est recouvert par l'onde de submersion qui résulterait de la rupture du barrage de Villerest édifié juste à l’amont de l’agglomération. Le DICRIM de Mably (Document d’Information Communale sur les Risques Majeurs) comprend le risque de rupture du barrage de Villerest. Une réédition de ce document vient d'être distribuée aux habitants de Mably, encartée dans le magazine municipal Mably-Info n°107 de mai 2012. Il n’a pas été possible d’obtenir la carte de l’onde de submersion à la mairie de Mably. Aussi invraisemblable que cela puisse être, la mairie de Mably ne l’a pas, bien qu'elle répertorie ce risque majeur dans son DICRIM! Néanmoins, le Collectif est en possession de la cartographie établie en 2001 par l'EPALA, maître d'ouvrage de Villerest (EPALA, Etablissement public d'aménagement de la Loire et de ses affluents, devenu par la suite EPL, Etablissement public Loire). Sur cette carte, le site envisagé par BCSN est dans la zone hachurée représentant l’inondation par rupture du barrage de Villerest. Les travaux ont juste commencé: d'abord percer le mur de béton de 17 mètres d'épaisseur qui ferme l'entrée de la galerie où s'entassent, à -750 m, 4.300 fûts de déchets nucléaires, stockés là entre 1977 et 1978. On a prévu des capteurs pour palper à distance la chambre dans tous ses coins et recoins, des instruments de mesure pour capter les gaz, tandis que des faisceaux de lumière livreront les premières images de la fosse. Car on ne sait pas ce qu'on trouvera derrière le mur bouchon une fois ouvert. L'inconnu absolu dans cet espace cathédrale plongé dans l'obscurité totale depuis cette date. Le percement mené à bien, il faudra retirer les fûts un à un, les remonter à la surface par un nouveau puits vertical annexe à créer, opérations confiées par mesure de sécurité à une armée de robots et d'engins manipulés de loin. Ruptures et glissements des parois Ainsi, l'Allemagne a-t-elle décidé de s'atteler au problème posé par l'ancienne mine de sel d'Asse, qui menace ni plus ni moins de s'effondrer et remet gravement en question le stockage de déchets tel que pratiqué à une époque. Les spécialistes craignent fort, en effet, qu'avec les déplacements du terrain, les fûts aient roulé sens dessus dessous, renversés, brisés, laissant s'écouler au sol leur méchant contenu, même s'il ne s'agit que de déchets de faible et moyenne radioactivité. Au fil des ans, depuis 1967, 126.000 fûts ont été enfouis dans ce lieu sur l'arc de petites collines en Basse-Saxe, provenant essentiellement de centrales nucléaires et de centres de recherche. Mais on ne se doutait pas à l'époque, ou l'on ne voulait pas se préoccuper, des dégradations que le site pourrait poser, à terme. Sous la pression de la surface, les assises des parois intérieures ne cessent de manifester ruptures et glissements. Douze mille litres de saumure percolent chaque jour dans la mine. Le sel solidifié se met à fondre, cette saumure peut s'infiltrer jusque dans les galeries les plus profondes, provoquant leur effondrement et, en conséquence, la dispersion des mixtures dans la nappe phréatique. |
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On s'interroge surtout sur l'état des fûts et
leur contenu. Probablement des contenants métalliques, habituellement
utilisés pour le transport, leur corrosion dans un milieu salin est
évaluée à quelques décennies au maximum. p.5Une fois ces fûts extraits et remontés à la surface, il faudra les stocker un temps indéterminé dans une halle intermédiaire à construire à l'air libre ex abrupto, protégée par des murs de 15 m de haut, nécessaire à l'entreposage, puis à la requalification et au traitement de 400.000 m3 de matières toxiques. Enfin, toute dernière étape, il faudra les exporter le moment venu vers un site d'enfouissement pérenne, peut-être Gorleben. Mais on en est loin. L'ensemble de l'opération apparaît à certains comme un scénario de science-fiction. Au Bureau fédéral de la protection nucléaire (BFS), des doutes se faisaient jour sur la faisabilité du méga-projet. Déjà obtenir les autorisations pour creuser un nouveau puits de sortie des colis contaminés pourrait prendre des années, vu les probables recours d'initiatives citoyennes. Nombre d'experts plaidaient pour l'abandon de l'extraction, avec un premier coût évalué à 2,3 milliards € et la perspective de difficultés, qu'on n'a peut-être pas perçues pour le moment. La population riveraine, elle, s'inquiète déjà. Le seul nom d'Asse déclenche de telles inquiétudes que la bataille de la communication sera dure à gagner. Le temps presse cependant. Après bien des atermoiements quant aux solutions alternatives possibles, le nouveau ministre fédéral de l'Environnement, Peter Altmaier, en place depuis mai, s'est rendu sur place sans tarder. Et a tranché pour le début immédiat des travaux. Actualité : réseau sortir du nucléaire Juillet 2012 Le gouvernement appelé à clarifier sa position sur Fessenheim Les deux patrons de la sécurité nucléaire mettent en garde contre une politique ambiguë qui porterait atteinte à la sûreté du site de Fessenheim. De nouveaux travaux pourraient être demandés à EDF dans un an. Après le temps de la politique doit venir le temps des décisions. Ce jeudi matin à l’Assemblée nationale, les deux responsables de la sécurité nucléaire ont interpellé le gouvernement lors d’une audition devant les députés de la commission des affaires économiques. Ils lui ont demandé de clarifier sa position sur sa politique nucléaire et la centrale de Fessenheim. L’incertitude sur son avenir a été pointée du doigt par les deux "gendarmes" de l’atome. Durant sa campagne, François Hollande avait promis de fermer le site alsacien au cours du quinquennat avant de laisser entendre que la décision serait prise d’ici 2017. "Il y a un risque qu’EDF ne veuille plus investir à Fessenheim si la centrale ferme", glissait au JDD Jacques Repussard à la sortie de l’audition. Si la fermeture du site n’est décidée qu’en fin de mandat, il y a un risque de sous-investissement en matière de sécurité pendant quatre ans. Une crainte d’autant plus forte que l’ASN a demandé à EDF de renforcer le socle en béton (radier) du premier réacteur d’ici l’été 2013. "Si rien n’est fait d’ici là, nous fermerons le réacteur, a répété André-Claude Lacoste. Il est possible que nous demandions la même chose pour le deuxième réacteur dans un an". Les deux patrons de la sécurité nucléaire ont porté leurs interrogations à l’ensemble de la politique énergétique du gouvernement. "Atteindre 50% d’énergie nucléaire est-ce un objectif ou une étape? s’est interrogé Jacques Repussard, le directeur général de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Cette ambiguïté est dangereuse pour la sûreté". Il a insisté sur la nécessité de prévoir la politique nucléaire longtemps à l’avance, notamment pour la construction de centrale qui dure environ 10 ans. "Le temps politique n’est pas celui de la sécurité nucléaire", a-t-il ajouté. Il a rappelé que le Canada avait été contraint de prolonger la durée de vie de ses centrales jusqu’à 60 ans par manque de centrales. "Méfions-nous, si nous n’investissons pas dans des capacités de production, cela reviendra, de manière masquée, à rallonger l’exploitation des centrales, a ajouté André-Claude Lacoste, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Leur durée de vie ne doit pas être une variable d’ajustement". |
ASTRID - Nouvelles menaces sur Marcoule Pierre Peguin (juin 2012) L’avenir (i)radieux du nucléaire passe-t-il par le plutonium? Pour le lobby du nucléaire, l’avenir n'est limité ni par les risques pour les populations, ni par l’accumulation des déchets, comme on aurait pu l’espérer, mais tout simplement par la raréfaction de l’uranium et les difficultés de son exploitation. Deux voies sont ainsi explorées pour assurer la relève des réacteurs actuels: – Iter à Cadarache, c’est-à-dire la «fusion», considérée par nombre d’entre nous comme une «immense arnaque d’extrême dangerosité» d’une part; – La filière du plutonium d’autre part, à travers le projet Astrid dont la construction à Marcoule a déjà été décidée, et qui succède à Phénix et Superphénix. En ce qui concerne AsTrid, il s’agit de construire un prototype de réacteur appelé indifféremment «réacteur à neutrons rapides» (RNR), «réacteur générationIV» ou aussi «surgénérateur», dont la caractéristique principale est d’utiliser un combustible au plutonium – MOX ou mixed Oxyde (oxyde double d’uranium et de plutonuim), le Pu élément dangereux issu de l’industrie nucléaire, et le sodium comme fluide caloporteur, sodium qui s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau! Cette filière est, de ce fait, excessivement dangereuse dans tout son cycle. Malgré sa dangerosité, actuellement du plutonium est introduit dans des combustibles de nos réacteurs à eau: il s’agit du MOX élaboré également à Marcoule. Un petit rappel historique est nécessaire: L’industrie du nucléaire «civil» occidental s’est développée essentiellement sur le modèle des réacteurs à eau, dont le prototype avait été mis au point aux USA pour équiper les sous-marins nucléaires (le premier, le Nautilus, avait été lancé en 1954). Trois ans plus tard, la technologie était transposée vers la production électrique sous licence Westinghouse, d’où découlent tous les réacteurs à eau PWR actuels, et EPR dit de 3ème génération tels que celui en construction à Flamanville, ou celui en projet, Atméa. Mais en fait la première production expérimentale d’électricité nucléaire aux USA fut réalisée en 1951 par un réacteur à neutrons rapides, RNR, alimenté alors en uranium enrichi, moins performant que le plutonium dont on ne disposait pas suffisamment à l’époque, plutonium qui est produit en petite quantité dans les réacteurs (voir en annexe comment de l’uranium irradié peut muter en plutonium). Ainsi, pour disposer de plutonium, militaire ou civil, on a construit une usine à la Hague destinée à extraire le plutonium à partir des combustibles usés issus des centrales à eau. Cette usine est responsable de contaminations importantes dans la Manche et le Cotentin. Les difficultés et l’échec de Phénix et Superphénix ont fait fondre l’espoir de développer la filière plutonium rapidement, et voilà qu’on se trouve avec un stock de plutonium qui va croissant, stock excessivement dangereux et encombrant. Il a alors été imaginé d’en utiliser dans les réacteurs à eau, en en ajoutant en petite quantité à l’uranium: c’est le «MOX» élaboré à Marcoule dans l’usine Melox (annexe). Rappelons au passage que toute cette industrie fait de Marcoule l’une des sources de contamination radioactive les plus importantes avec, entre autres, du plutonium dans les boues du Rhône. Ses voisins Tricastin et Cadarache ne sont pas en reste, et l’ensemble constitue l’une des zones les plus nucléarisées et les plus dangereuses d’Europe. N’oublions pas non plus les multiples transports routiers de plutonium entre la Hague et Marcoule, puis de livraison du Mox vers différentes centrales de France et d’ailleurs. Il y en a eu jusqu’à Fukushima, et du plutonium se trouve ainsi dispersé au Japon! Quant à la filière Superphénix, on pouvait espérer en être débarrassé. Eh bien non: elle renaît de ses cendres sous la forme d’Astrid, et Marcoule, géré par le CEA, hérite évidemment du nouveau projet. Astrid un projet pour Marcoule qu’il faut remettre en cause avant qu’il ne soit trop tard: Malgré les difficultés et même l’échec de cette filière, les nucléocrates s’entêtent, et le CEA obtient de l’Etat 650 million € dans le cadre de l’Emprunt National de 2010, pour construire à Marcoule ce réacteur dit de 4ème génération, ASTRID, de puissance 600 MW, fonctionnant donc avec plutonium et sodium liquide, et prévu par la loi Loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs. |
suite:
Le
but inavoué de ce projet est de garder la mémoire technologique de
cette filière avant que tous ses acteurs ne partent à la retraite. p.6Officiellement, outre démontrer la fiabilité de cette technique, Astrid est destiné à montrer la capacité à «incinérer» le plutonium et ses voisins. On voit là la subtilité rassurante du langage, car on n’incinère pas des atomes comme les ordures. Les atomes ne brûlent pas. Par contre on peut les briser sous bombardement neutronique, sauf qu’on génère, par ce fait, de nouveaux éléments radioactifs et de nouvelles nuisances et que, de toutes les façons, l’efficacité de cette technologie ne permettrait de gérer qu’une faible proportion de déchets. Le calendrier prévoit avant fin 2012 un avant-projet phase 1, fin 2014 finalisation de l’avant projet, 2016 début de fabrication, pour mise en service en 2020. Des équipes bénéficiant d’un large financement travaillent donc à Saclay, Cadarache et bien sûr Marcoule. Elles nous préparent cet avenir i-radieux dont on ne veut pas, compte-tenu des dangers encore plus importants qu’avec les centrales actuelles. Le plutonium est la substance la plus dangereuse jamais fabriquée; c’est toute la filière plutonium qu’il faut combattre. Comment ferait-on pour refroidir les réacteurs de Fukushima s’ils avaient été des RNR, déjà que l’un d’entre eux avait reçu du Mox et qu’on retrouve maintenant du plutonium dispersé dans l'environnement? ANNEXES Quel sera le calendrier d’Astrid? La première échéance fixée par la loi du 28 juin 2006 se situe fin 2012, date à laquelle les pouvoirs publics devront pouvoir disposer de premiers éléments budgétaires et techniques, pour une prise de décision de poursuite ou non des études du prototype. Aussi, le CEA prévoit-il de réaliser pour Astrid un avant-projet sommaire (APS) en deux phases: une première phase pour l’échéance de 2012, comprenant une évaluation du coût d’investissement, la définition des options techniques innovantes et des options de sûreté, ainsi qu’un planning de déploiement. Et, si la décision de construire est accordée, une deuxième phase d’avant-projet sommaire qui sera conduite de 2013 à fin 2014 et permettra les itérations nécessaires pour clore l’APS. Ensuite, l’avant-projet détaillé (APD) est prévu entre 2015 et 2017 pour une réalisation proprement dite qui débutera fin 2017, et une mise en service au début de la décennie 2020. Notons enfin que la France s’intéresse également à une autre version de RNR, ceux à gaz caloporteur (hélium). Voyons de plus près l’origine des réacteurs à neutrons rapides Commençons par Rapsodie. Le CEA a pu dès 1957 concevoir un prototype, Rapsodie, à Cadarache, démarré en 1967, et arrêté en 1983. Ce petit réacteur nucléaire est le premier de la filière à neutrons rapides au plutonium et au fluide caloporteur sodium. Les ingénieurs du CEA ont cherché à développer avec Rapsodie une utilisation civile du plutonium. De plus, les réacteurs à neutrons rapides peuvent, sous certaines conditions, être surgénérateurs, c’est-à-dire produire du plutonium en même temps qu’ils en consomment. C’est donc un eldorado qui paraît s’ouvrir, l’énergie surabondante pour des siècles, un des plus anciens fantasmes de l'humanité, l'équivalent du moteur à eau! En effet, cette filière utilise comme fluide caloporteur le sodium liquide qui présente l’avantage de permettre un fonctionnement à haute température et donc un bon rendement de la transformation de la chaleur produite en électricité. Mais il y a un énorme inconvénient: le sodium explose au contact de l’eau, et brûle au contact de l’air. De plus, en cas de fuite, cela peut provoquer un emballement des réactions nucléaires du cœur, pouvant conduire au scénario catastrophe de fusion. Et le démantèlement est plus difficile, car il faut neutraliser le sodium. Pour Rapsodie, la neutralisation des derniers 100 litres a mal fini: Le 31 mars 1994, alors qu'une équipe effectue la conversion en soude de ces derniers 100 litres de sodium, par injection d’un jet de sodium dans de l’eau. Cette réaction dégage de l’hydrogène. Et l’injection trop rapide du sodium entraîna une explosion causant la mort de l'ingénieur René Allègre et blessant quatre techniciens (voir la Gazette N°238 - 2007). Il s'agit d'une réaction chimique violente dû à la dangerosité des conditions d'utilisation du sodium: il avait été demandé au personnel de se dépêcher de terminer la neutralisation... |
Quant au plutonium, matière première, c’est la
pire substance jamais élaborée par l’industrie, d'une très grande
toxicité chimique comme tous les métaux lourds (rappelons-nous les
assassinats au polonium). Émetteur alpha, il est d’une très grande
radiotoxicité en cas d’inhalation de microparticules aériennes, ou par
ingestion. En 10 périodes (250.000 ans) la quantité initiale diminue
d’un facteur 1024, ce qui peut encore faire beaucoup... et menace les
générations futures. (suite)L’étape suivante a été Phénix à Marcoule: Construit en 1968, et fonctionnant à partir de 1973, arrêté en 2009, il était alors le plus vieux des réacteurs français en fonctionnement. D’une puissance électrique de 250 MW, Phénix a été exploité pendant 36 ans conjointement par le CEA pour diverses recherches dont l’«incinération» ou transmutation de déchets radioactifs à vie longue, et par EDF pour la production d’électricité. Son démantèlement est prévu sur une durée de 15 ans, mais dans ce domaine et compte tenu des difficultés pour Brennilis et SPX, c’est évidemment l’incertitude. Le coût en est estimé à près d'un milliard €, assuré par le CEA, c’est-à-dire par l’Etat, il ne pèsera pas dans le prix du KWh nucléaire... Démantèlement particulièrement délicat du fait que contrairement aux autres réacteurs, le combustible ne baigne pas dans l'eau mais dans du sodium liquide. En fait ce réacteur a souvent été à l’arrêt, marqué par nombre de difficultés dont des fuites et des «petits» feux de sodium. Entre autre, en 2002, une explosion a lieu dans un réservoir raccordé à une cheminée qui débouche en toiture de bâtiment. Il s'agirait d'une réaction entre le sodium résiduel présent dans ce réservoir et de l'eau qui y aurait pénétré accidentellement suite à des pluies abondantes. Superphénix enfin, qui aura coûté au moins 10 milliards €, qui devait devenir le fleuron de l’industrie nucléaire française, et dont l’histoire fut émaillée d’incidents techniques et de manifestations écologistes, Superphénix donc sera finalement arrêté en 1997 par le Premier ministre Lionel Jospin après 20 ans de polémique. Construit sur la commune de Creys-Malville près de Morestel dans l’Isère, en une dizaine d’années, son histoire commence par la répression violente de la manifestation de juillet 1977, organisée par les comités Malville, réunissant des dizaines de milliers d’opposants. Cette manifestation fut le cadre de la mort de Vital Michalon, de trois mutilations et de nombreux blessés plus légers. Ce gigantesque projet, qui devait être une vitrine, a subi une contestation très forte des écologistes, également des milieux techniques et scientifiques du fait de son sur-dimensionnement 1200 MWé certes mais trop souvent... à l’arrêt, Ce réacteur a, sans doute, produit tout juste l’énergie dépensée pour sa construction. Le gigantisme pharaonique est illustré par quelques chiffres: 5.500 tonnes de sodium inutilisables parce que contaminées, et qu’il faut, avec des précautions infinies, transformer en soude puis injecter dans du béton; 5 tonnes de plutonium sachant qu’avec 5 kg, on a une bombe; mais aussi 20.000 tonnes d’acier, pour l’essentiel contaminé, ainsi que 200.000 m3 de béton. Les difficultés rencontrées par cette filière sont liées aux conditions extrêmes auxquelles sont soumises les matériaux: corrosion sous tension, fluage et modifications des structures cristallines sous l’effet du rayonnement et de la température. Enfin l’intérêt pour la filière plutonium ne concerne pas que la France, différents pays se retrouvent dans le forum international «Génération IV». Quelques données et des définitions: L’uranium naturel existe sous deux formes principales (on dit «isotopes»), le «U 235» 0,7%, forme fissionnant naturellement (dite «fissile»), et donc être le «combustible» de la filière nucléaire actuelle, et le «U 238» qui est fertile – absorption d’un neutron émis par le 235 - et devient plutonium («Pu 239»). Si le combustible séjourne 3 ans dans le réacteur le plutonium présente plusieurs isotopes (Pu239, Pu240, Pu241, Pu242...). C’est ainsi qu’en 1974, a été conçu logiquement au Tricastin, l’usine Georges Besse 1, destinée à «enrichir» l’uranium en isotope 235, de façon à disposer du combustible nécessaire pour les réacteurs à eau. L’uranium très enrichi pour la bombe A (U235) a été, quant à lui produit à Marcoule dans l’usine d’enrichissement militaire maintenant en démantèlement. L’uranium résiduel est dit «appauvri» (car il contient seulement 0,2% de 235, donc plus de 238). Cependant, il est tout aussi radiotoxique, et son utilisation en tête d’obus contamine à très long terme les zones de combat en Irak ou ailleurs. Le «retraitement», destiné à extraire le plutonium (et l’uranium) formé dans le combustible mis dans les réacteurs, a été mis en place très rapidement. Après avoir été expérimenté à Marcoule pour les militaires, c’est l’usine de la Hague (1966) qui assure cette tâche pour le civil. Le plutonium destiné aux bombes a été extrait des combustibles Graphite Gaz (piles plutonigènes G1,G2,G3 en cours de démantèlement). Pourquoi le nom de «réacteur à neutrons rapides»? Dans les réacteurs à eau, celle-ci joue le rôle de modérateur (ralentisseur) à neutrons, tout en refroidissant le cœur. Dans les RNR tels Phénix, Superphénix ou Astrid, il n’y a pas de ralentisseur de neutrons d’où la notion de neutrons rapides. Le sodium a été sélectionné pour ses capacités neutroniques (transparence aux neutrons), ses propriétés thermiques (capacité calorifique, plage de températures d’utilisation et son faible coût): il est obtenu par électrolyse du sel (NaCl). En outre, à 400°C, sa viscosité est voisine de celle de l’eau, ce qui facilite l’interprétation des essais hydrauliques réalisés sur maquettes en eau. Enfin, il fond à 98°C, et bout à 880°C, ce qui offre une grande plage de fonctionnement à l’état liquide de près de 800°C sans pressurisation. |
suite:
Pourquoi le Mox pose-t-il problème? p.7La France dispose du plutonium extrait à la Hague dont elle ne sait que faire. Elle se tourne alors vers la fabrication du Mox dès 1984, à Cadarache (ATPu) puis à Marcoule (Melox 1991). EDF, qui n'était pas enthousiaste, a finalement accepté de modifier et de changer tous les convercles des 900 MWé. Ceci permet de justifier le maintien de la filière aval du cycle de combustible et la poursuite du traitement des combustibles irradiés à La Hague. Actuellement, seule au monde, l’usine Melox de Marcoule en produit. Ce choix a été uniquement décidé par les nucléocrates, sans consultation du parlement. Un seul rapport d'information est présenté en 1990! Curieusement d'ailleurs, les décrets d'autorisation autorisant l'utilisation du Mox ont été pris bien avant l'échec de Superphénix, comme si d'importants décideurs n'avaient qu'une confiance très limitée dans l'avenir de la surgénération et envisageaient un terrain de repli pour la filière plutonium et l'usine de retraitement. Le Mox est constitué d'un mélange d'oxydes de plutonium et d'uranium appauvri contenant 5 à 8% de Plutonium (on ne peut dépasser 12% en Pu239). Il est utilisé actuellement dans 21 réacteurs des centrales 900MW, les plus anciennes, pour un tiers de leur combustible, et l'EPR pourrait fonctionner à 100% de Mox (la Finlande a choisi de continuer avec le combustible classique pour le sien). Il n'est donc pas indispensable. Avantages (!?): Dans l'immédiat faire diminuer le stock de plutonium, l'EPR moxé à 100% serait susceptible de consommer 3 tonnes de plutonium par an, et justifie ainsi l'usine de retraitement de la Hague. Cela permet d’utiliser aussi les stocks d'uranium appauvri issu de l'usine d'enrichissement de Tricastin. Inconvénients: Outre son extrême dangerosité, la qualité du plutonium se dégrade dans le temps (dans le réacteur apparaissent des isotopes de masse plus élevée absorbeurs de neutrons et hors réacteur apparaît de l’américium à cause des Pu à vie courte). Les pastilles de Mox sont plusieurs milliers de fois plus radioactives que celles d'uranium, rendant la fabrication, les manipulations et les transports plus dangereux. À la sortie du réacteur, il émet plus de radioactivité et de chaleur que le combustible classique, et il faudra attendre 60 à 100 ans avant de le conditionner comme déchet! Enfin, le Mox rentre en fusion beaucoup plus rapidement (ce qui est arrivé au réacteur N°3 de Fukushima! (Heureusement il n’y avait que quelques assemblages MOX). Pour finir, l’avenir du MOX n’a rien à voir avec le débat actuel sur la sortie du nucléaire. La France peut arrêter sa production sans réduire celle d’électricité. Le prix de celle-ci pourrait même en bénéficier! Car, encore une fois, le retraitement des combustibles irradiés est plus coûteux que son stockage. En effet, ce procédé est particulièrement coûteux et double sensiblement le prix du kilowattheure nucléaire, comparé au combustible à uranium légèrement enrichi (3 à 4% d'U 235 au lieu de 0,7% dans l'uranium naturel: on ne dépasse pas 5% pour raisons de sûreté). DEMARCHE ACN AARHUS* CONVENTION NUCLEAIRE
A l’issue de l’exercice mené par chacune des trois
instances de réflexion mises en place dans le cadre d’ACN France, il y
a lieu de souligner la qualité des débats, caractérisés par un
consensus des membres des groupes sur l’objectif général, et
l’importance du travail accompli.Conclusion ACN France est désormais en possession d’un rapport documenté retraçant les conclusions des trois groupes de travail et d’une série de recommandations dont il convient d’assurer la valorisation. Cinq axes de valorisation peuvent ainsi être proposés: Expérimenter certains points des recommandations: Sur de nombreuses questions évoquées, la réglementation n’interdit pas la prise d’initiative des acteurs. Chaque partie prenante aux groupes de travail peut, dans son domaine d’activité, initier la mise en place de certains éléments des recommandations sans avoir besoin d’une autorisation de l’administration. Soumettre à expérimentation certains points des recommandations peut constituer une piste intéressante pour poursuivre les travaux. Porter certaines propositions devant un certain nombre d’instances, notamment politiques: Le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire semble être l’instance la plus appropriée pour mener à bien cette action. La mise en œuvre de cette proposition pourrait se traduire par la constitution, au sein du Haut comité, d’un groupe de travail. Cette instance serait chargée, après analyse des recommandations issues de travaux des trois GT, de proposer au HTCISN de reprendre un certain nombre de propositions à son compte afin qu’il puisse les porter devant les instances politiques. Assurer une large diffusion du rapport de synthèse des trois groupes de travail: La diffusion du rapport et des recommandations doit être envisagée tant au plan national qu’au plan européen. Elle suppose, s’agissant de ce dernier point, qu’une traduction en anglais du rapport soit réalisée. Partager les réflexions menées dans le cadre d’ACN France avec celles issues d’autres démarches nationales: Ce partage d’expérience pourrait être conduit sous l’égide de la démarche ACN Europe qui parait être l’instance la plus à même d’assurer cette mise en commun. Echanger avec d’autres domaines que celui du nucléaire: Il est proposé de faire connaître en dehors du domaine nucléaire, les réflexions menées dans le cadre d’ACN France. Ces échanges et ce partage d’expérience pourraient notamment être menés avec le concours des représentants associatifs qui appartiennent à des structures dont le champ d’intervention ne se limite pas au seul domaine nucléaire. * Dossiers: France, Gazette |
CREATION de l’INSTITUT de CHIMIE SEPARATIVE 2009 Le positionnement et les thématiques de recherche de l’Institut de Chimie Séparative Etape-clé et facteur d’efficacité de très nombreux procédés industriels, la maîtrise de la séparation chimique est synonyme de progrès pour de nombreuses applications. Elle permet, par exemple, un «tri» extrêmement poussé, à l’échelle des atomes et des molécules, pour recycler des éléments jugés valorisables et isoler – pour les minimiser – des éléments sans valeurs (déchets). La maîtrise de la séparation rend également possible le développement de substances chimiques très innovantes, capables d’être utilisées dans des environnements hostiles. L’Institut de Chimie Séparative a pour objectif l’étude, à l’échelle nanométrique, des interfaces en conditions extrêmes pour comprendre les mécanismes qui gouvernent les phénomènes de séparation dans les fluides complexes et les matériaux du nucléaire. Cette recherche sera étroitement articulée avec les activités de recherche technologique du centre CEA de Marcoule. L’Institut a ainsi pour ambition de devenir une référence, d’abord à l’échelle européenne, puis à l’échelle mondiale. L’ambition d’un nucléaire durable La mission prioritaire de l’Institut est de faire émerger des procédés et matériaux innovants pour le cycle des combustibles des réacteurs nucléaires de demain. Appelés à entrer en service dans les années 2040, ces réacteurs dits «de quatrième génération» seront capables de consommer 50 à 70% de l’uranium naturel1, (là où les réacteurs actuels en consomment 1%). En effet, produire cinquante à cent fois plus d’électricité avec la même quantité d’uranium que dans les réacteurs actuels est l’objectif de ces nouveaux systèmes. Or, les réacteurs actuels ne produisent de l’énergie qu’à partir de la fission de noyaux d’uranium 235, seul isotope fissile2 de l’uranium naturel. Ces réacteurs devraient permettre de «brûler» par fission non seulement l’isotope 235 de l’uranium, mais également l’uranium 238 en le convertissant en plutonium 239 (Pu 239) qui, lui aussi, est fissile. L’uranium 238 pourrait ainsi être consommé dans le réacteur à des fins électrogènes. Cette technologie permettrait de multiplier par 100 la disponibilité mondiale en ressources fissiles primaires. Dans un premier temps, elle utiliserait également l’uranium 238 issu du retraitement des combustibles usés actuels et de l’uranium appauvri, sous-produit de l’enrichissement composé à 99,7% d’uranium 238. Le recours aux réacteurs dits «de 4ème génération» permettra également par transmutation des actinides mineurs de réduire à quelques siècles le temps au bout duquel la radio-toxicité des déchets redevient comparable à celle du minerai d’uranium initial. L’atteinte de tels objectifs suppose de «repenser» totalement les combustibles de ces réacteurs, que ce soit du point de vue de leur composition ou de leur recyclage (quand ils sont «usés» et sortent du réacteur). Ceci implique, notamment, de pouvoir trier, au sein des dizaines d’espèces chimiques présentes dans le combustible usé, celles qui pourront être recyclées dans un réacteur: soit parce qu’elles sont revalorisables, soit parce qu’elles présentent une toxicité importante. Ce tri est effectué à l’aide de molécules spécifiques: c’est ce qu’on appelle la chimie séparative. L’aspect très innovant de ces recherches, où les phénomènes chimiques sont étudiés à l’échelle du nanomètre (milliardième de mètre), fait que les avancées attendues de l’Institut peuvent aussi être mises à profit dans plusieurs domaines non nucléaires: nouvelles technologies pour l’énergie (photovoltaïque, hydrogène), technologies pour l’information et la communication, biotechnologies... Accroître le potentiel de Marcoule en recherche fondamentale L’Institut de Chimie Séparative accroît le potentiel de Marcoule en recherche fondamentale, dans l’étude des phénomènes élémentaires mis en jeu (par exemple dans la séparation sélective des éléments radioactifs), dans divers milieux d’intérêt (solutions aqueuses et organiques, sels et métaux fondus, fluides supercritiques3), et ce, à diverses échelles d’observation: de l’échelle moléculaire à celle de la complexité macroscopique. Théorie et expérimentation seront menées en parallèle entre les laboratoires de l’Institut et d’Atalante4, sur des concentrations d’éléments extrêmement variées (depuis des nano-concentrations jusqu’à des milieux très concentrés). Les domaines de recherche de l’Institut Scientifiquement, les objectifs à atteindre sont de trois ordres: permettre, effectuer et maintenir les phénomènes de séparation. Ces objectifs seront atteints en exploitant en particulier les possibilités conceptuelles et pratiques de la «nanochimie». Les thématiques de recherche de l’Institut sont volontairement positionnées en complément et en synergie de la chimie des actinides (5), thème déjà largement développé à Marcoule. Depuis plus de 15 ans en effet, dans le cadre de la loi «Bataille» du 30 décembre 1991, et celle du 28 juin 2006 sur la gestion durable des matières et déchets radioactifs, les équipes du CEA ont su se hisser au premier rang mondial des sciences de la séparation à des fins de traitement-recyclage des combustibles nucléaires usés et d’optimisation de la production de déchets ultimes (en particulier avec des démonstrations de faisabilité réalisées dans l’installation Atalante). Les domaines de recherche de l’Institut sont regroupés en 3 grands axes: * fluides complexes qui apparaissent dans l’élaboration des matériaux du nucléaire: émulsions, argiles, extractants, complexants, et fluides biologiques pour la toxicologie nucléaire, * matériaux multi-échelle dont la première échelle est nanométrique, d’où la désignation de «nanomatériaux», * interface solide-solution entre les fluides, souvent corrosifs, et les matériaux précédemment nommés, en conditions extrêmes. Pour chacun de ces trois axes transverses relevant des nanosciences, sept domaines de recherches ont été identifiés comme nouveaux et pertinents, en fonction des besoins exprimés par le CEA et ses partenaires, et sont retenus comme moteurs des activités de l’Institut: * Chimie et physico-chimie des actinides, * Ions aux interfaces corrosives, * Tri ionique par les systèmes moléculaires auto-assemblés, * Sono chimie dans des fluides complexes, * Nanomatériaux autoréparants, * Interfaces des matériaux en évolution, * Chimie isotopique analytique. |
suite:
Ces
thématiques, qui s’incarnent dans les sept laboratoires et équipes de
l’Institut, sont complétées par trois autres, à vocations transverses: p.8* Microscopie en chimie théorique, * Diffusion / Diffraction, * Modélisation en chimie théorique. Liste des partenaires La Région Languedoc-Roussillon Le CEA (Paris et Marcoule) Le CNRS L’Université Montpellier 2 L’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier (ENSCM) Le pole Chimie Balard du Languedoc-Roussillon (UMSF) Notes 1 L’uranium naturel est composé à hauteur de 99,3% d’uranium 238 et 0,7% d’uranium 235. 2 En physique, se dit d’un noyau d’atome pouvant être cassé par un neutron. 3 On parle de fluide supercritique lorsqu'un fluide est chauffé au-delà de sa température critique et lorsqu'il est comprimé au-dessus de sa pression critique. Cet état de la matière a été découvert en 1822 par Charles Cagniard de la Tour. Les propriétés physiques d'un fluide supercritique (densité, viscosité, diffusivité) sont intermédiaires entre celles des liquides et celles des gaz. 4 L’installation Atalante regroupe à Marcoule les laboratoires hautement spécialisés nécessaires aux travaux sur l’amélioration des procédés de traitement du combustible usé. Elle a été adaptée pour les études sur la gestion des déchets de haute activité et vie longue : conception et expérimentation de molécules extractantes et études des procédés de séparation poussée, conception et fabrication de cibles d’irradiation pour la transmutation, études du comportement à long terme des déchets entreposés ou stockés. Le CEA y développe également les procédés propres à traiter et recycler les combustibles des systèmes à neutrons rapides de production d’énergie des futurs dits «de 4ème génération». 5 Les actinides sont tous des éléments radioactifs et tirent leur nom de l'actinium (Z=89), un métal lourd, car ils possèdent des propriétés chimiques voisines. L'uranium et le thorium, qui sont relativement abondants à l'état naturel du fait de la très longue demi-vie de leurs isotopes les plus stables, sont des actinides. Les actinides comprennent des éléments artificiels, les transuraniens, plus lourds que l'uranium: ils sont générés par des captures de neutrons qui n'ont pas été suivies de fissions. COMMENTAIRE La présentation du nouvel institut est curieuse mais tout à fait CEA.1er extrait: «L’Institut a ainsi pour ambition de devenir une référence, d’abord à l’échelle européenne, puis à l’échelle mondiale. L’ambition d’un nucléaire durable La mission prioritaire de l’Institut est de faire émerger des procédés et matériaux innovants pour le cycle des combustibles des réacteurs nucléaires de demain». Créer un tel institut avec pour seule légitimité: «Appelés à entrer en service dans les années 2040, ces réacteurs dits «de quatrième génération» seront capables de consommer 50 à 70% de l’uranium naturel (voir 1), (là où les réacteurs actuels en consomment 1%).» est délirant: le programme énérgétique n’a pas été discuté et on fixe des objectifs. De plus le CEA a reçu 650 millions pour ASTRID, que reçoit cet institut? Il faudrait se préoccuper aussi de la recherche en biologie, en énergies nouvelles, en sociologie et arrêter de miser sur le nucléaire: cette industrie a besoin de constructeurs (Bouyghes se taille la part du lion, mais pas les locaux…) et une fois construit, il reste 500 personnes max par réacteur. À 6 voire 7 milliards le morceau, c’est cher payé pour peu d’emplois sur le long terme. 2ème extrait: Ce qui est extraordinaire c’est cette reprise du mythe: «En effet, produire cinquante à cent fois plus d’électricité avec la même quantité d’uranium que dans les réacteurs actuels est l’objectif de ces nouveaux systèmes. Or, les réacteurs actuels ne produisent de l’énergie qu’à partir de la fission de noyaux d’uranium 235, seul isotope fissile (voir 2) de l’uranium naturel. Ces réacteurs devraient permettre de «brûler» par fission non seulement l’isotope 235 de l’uranium, mais également l’uranium 238 en le convertissant en plutonium 239 (Pu 239) qui, lui aussi, est fissile. L’uranium 238 pourrait ainsi être consommé dans le réacteur à des fins électrogènes. Cette technologie permettrait de multiplier par 100 la disponibilité mondiale en ressources fissiles primaires.» Dans un REP l’uranium 238 participe à la production électrique par: 1- sa propre fission, 2- la fission de plutonium. Dans un REP de 1.000 MWé où le combustible subit une irradiation de 33.000 MWj/t on peut calculer la masse d’uranium fissionné. Pour libérer une énergie de 1 joule il faut 3,1.1010 fissions. On peut donc calculer les masses fissionnées en 1 an: U235: 456 kg, U238: 64 kg, Pu: 284 kg Donc l’U238 participe à 43% (fission directe +utilisation de 57% des 500kg de Pu produits – le 239 principalement). Il est certain que le réacteur à neutrons rapides a des avantages, mais son inconvénient premier est d’être beaucoup plus difficile à piloter parce que le plutonium est doté d’un spectre de neutrons beaucoup plus «durs» que celui des REP. Il a également beaucoup moins de neutrons retardés, ce qui complique aussi son pilotage. De surcroît aucun RNR n’a jamais fonctionné ainsi que l’imaginait les concepteurs: le rêve d’une énergie pas chère et avec des temps infinis à l’échelle d’une dizaine de générations ne s’est jamais réalisé. Dernier extrait: «Le recours aux réacteurs dits «de 4ème génération» permettra également par transmutation des actinides mineurs de réduire à quelques siècles le temps au bout duquel la radio-toxicité des déchets redevient comparable à celle du minerai d’uranium initial. L’atteinte de tels objectifs suppose de «repenser» totalement les combustibles de ces réacteurs, que ce soit du point de vue de leur composition ou de leur recyclage (quand ils sont «usés» et sortent du réacteur). Ceci implique, notamment, de pouvoir trier, au sein des dizaines d’espèces chimiques présentes dans le combustible usé, celles qui pourront être recyclées dans un réacteur : soit parce qu’elles sont revalorisables, soit parce qu’elles présentent une toxicité importante. Ce tri est effectué à l’aide de molécules spécifiques: c’est ce qu’on appelle la chimie séparative.» Quant au traitement des déchets, cela suppose, peut être, cette fameuse «chimie séparative», mais par ailleurs la mise en place de nombreuses usines très polluantes: un bilan sérieux serait nécessaire, car transmuter est un savoir déjà acquis, tout le problème est d’être capable de passer du gramme à la tonne. Soyons lucide, le saut technologique est de taille et n’a toujours pas été solutionné. Dernière nouvelle Le
CEA vient de paser un marché avec Bouygues pour la réalisation du
prototype ASTRID: on aurait pu annoncer une «promesse». Non on se
permet de ne même pas attendre l’annonce gouvernementale l’autorisation
n’est pas donnée, mais on fait comme...Bouygues et AsTrid |
Depuis
lundi 6 août, quatre-vingt personnes se sont engagées dans un jeûne
international en souvenir des victimes du nucléaire et pour l'abolition
totale des armes nucléaires. Les jeûneurs et les jeûneuses, venus des
quatre coins de la France ainsi que de Finlande, États-Unis, Allemagne,
Lituanie, ont organisé durant ces 4 jours, plusieurs actions
d'interpellation pour alerter l'opinion publique sur l'urgence de la
mise en œuvre d'une Convention internationale d'élimination des armes
nucléaires. Ce mercredi 8 août, dans la matinée, les forces de l'ordre les ont empêchés de pénétrer pacifiquement au Ministère de la Défense. Nullement découragés par ce déploiement policier, les jeûneurs et les jeûneuses maintiennent leur programme d'actions cette après-midi et demain. Le jeudi 9 août à 11 heures au Mur pour la Paix, face à la Tour Eiffel, ils vous invitent à la commémoration du bombardement atomique de Nagasaki. Retour sur une matinée mouvementée Une importante délégation de jeûneurs et de jeûneuses s'est rendue pacifiquement au Ministère de la Défense afin d'obtenir une réponse à leur demande de rendez-vous formulée par courrier plusieurs semaines auparavant. Quelques centaines de mètres avant le Ministère, ils ont été encerclés et immobilisés durant 2 heures par des forces de l'ordre en tenue de combat. Dans l'esprit de la désobéissance civile, quelques personnes avaient prévu de pénétrer dans le hall d'entrée du Ministère pour obtenir une audience. Cette tentative s'est également heurtée aux forces de l'ordre. Après quelques contrôles d'identité, le groupe a été contraint de s'éloigner en métro. Une fois de plus, le Ministère de la Défense et les responsables en charge de la politique de défense refusent tout débat avec les citoyens sur la question des armes nucléaires. Une telle attitude est complètement incompatible avec la concertation annoncée pour l'élaboration d'un nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. | Des demandes de rendez-vous avaient également été adressées à
d'autres ministères ainsi qu'au Parti socialiste. Toutes demandes de
rendez-vous avaient également été adressées à d'autres ministères ainsi
qu'au Parti socialiste. Toutes sont restées sans réponse. Dans la poursuite de l'action, un petit groupe a réussi à pénétrer au siège du PS et à obtenir une entrevue. Rendez-vous demain pour la commémoration du bombardement atomique de Nagasaki Nullement découragés par ce déploiement policier, les jeûneurs et les jeûneuses maintiennent leur programme d'actions cette après-midi et demain. Ils demandent que la France s'engage immédiatement dans des mesures concrètes de désarmement — arrêt de la modernisation, démantèlement de la force aéroportée, etc. — et prenne de fortes initiatives internationales en faveur du désarmement nucléaire. Les jeûneurs vous invitent à la commémoration du bombardement atomique de Nagasaki demain, jeudi 9 août à 11 heures, au Mur pour la Paix, face à la Tour Eiffel. Après la cérémonie, ils se retrouveront à la Mairie du 2e (8, rue de la Banque) pour partager une collation de rupture du jeûne. Nous vous invitons à les rencontrer à 14 heures. - Dominique Lalanne, Armes Nucléaires STOP / 06 32 71 69 90 - do.lalanne@wanadoo.fr - Sophie Morel, Réseau Sortir du Nucléaire / 07 77 85 16 09 - sophie.morel@sortirdunucleaire.fr - Relations presse : Jocelyn Peyret – 06 20 36 57 17 jocelyn.peyret@sortirdunucleaire.fr |